« Un Français libre dès le départ »

« Un Français libre dès le départ »
« Un Français libre dès le départ »

La Ville de Lèves inaugurera, ce mercredi 1er mai 2024, une place au nom de Jacques Voyer. Retour sur le parcours d’un des fusillés à Chavannes, décédé à l’âge de 21 ans en 1944.

Lorsqu’en 2017, Daisy Vincent, petite-nièce du résistant Jacques Voyer, se plongeait dans son histoire familiale, elle était loin d’en ignorer le caractère traumatisant. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses familles de résistants ne voulaient pas attiser une histoire bien trop douloureuse. « C’est un deuil qui consume la famille sur la durée, et qui n’est jamais vraiment surmonté », regrette Daisy Vincent.

En mémoire des Fusillés de Chavannes

À la mort de sa grand-mère, sœur de Jacques Voyer, en 2017, la petite-nièce de celui qui faisait partie des fusillés à Chavannes, a entamé un long et minutieux travail de reconstruction historique. Pour point de départ : un ensemble de documents ayant appartenu au jeune résistant, et conservés dans une malle, longtemps rangée, dans la maison familiale, à Toulon (Var)

« Un adolescent normal »

Lorsqu’il fallut inventorier son contenu, l’envoyer au musée de l’Ordre de la Libération, à Paris, Daisy Vincent, titulaire d’une maîtrise d’histoire, s’empressa de s’en occuper. « Dans les affaires de Jacques, il y a toute la correspondance avec sa famille, les insignes militaires, les souvenirs scouts, son portefeuille tel quel », explique-t-elle. On comprend, à la lecture de son journal, qu’« il aimait les grands espaces ».

« Il jouait au foot le samedi, et son bulletin scolaire indique qu’il était bon en sciences, mais qu’en lettres, il faisait le minimum. D’une certaine manière, c’était un adolescent normal, c’est ce qui rend son histoire si intéressante.

Marguerite Vincent (Petite-nièce de Jacques Voyer)

Né le 27 décembre 1922 à Marseille (Bouches-du-Rhône), Jacques Voyer a grandi à Toulon. Il a 17 ans lorsqu’il comprend la catastrophe, celle de la déroute de la France, vaincue sous l’attaque des divisions allemandes, en juin 1940.

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Lui qui envisageait de devenir prêtre, s’est retrouvé clandestinement embarqué à bord du navire marchand Capo Olmo, à Marseille, en partance pour l’Algérie, quelque temps après l’appel du 18 juin.

Le choix de la France libre

Très vite, l’équipage décide de dérouter le cargo vers Gibraltar, dans le sud de l’Espagne, contre l’avis des officiers à bord. Là, la décision fut prise de partir pour Liverpool, en Angleterre.

Dans un premier temps, Jacques Voyer ne dit rien de cette aventure à ses proches : « Il écrivait des cartes à ses parents, pour les informer de son arrivée en Afrique du Nord, ce qui n’est jamais arrivé. Il ne faut pas oublier que lorsqu’il est parti, il était adolescent”, se souvient Daisy Vincent.

En juillet 1940, Jacques Voyer s’engage dans les Forces françaises libres (FFL), et se distingue dès lors par de grands faits d’armes.

«Jacques Voyer a apporté une contribution continue à l’œuvre de la France libre.»

Marguerite Vincent (vide)

Le jeune résistant s’illustre notamment lors de la mission Sussex, lancée en 1943 par l’état-major d’un certain Eisenhower, en prévision des prochains débarquements. « Les informations fournies par Jacques et son réseau à Chartres, où il dirigeait l’équipe des vitraux depuis avril 1944, permettaient aux Alliés de savoir que la division Panzer allemande était non seulement en France, ce qu’ils ignoraient, mais qu’« elle se trouvait à 200 km de l’atterrissage. Elle sera bombardée, ce qui retardera son arrivée en Normandie”, explique la petite-nièce du résistant.

« Un français libre dès le début »

En juin 1944, alors qu’il suivait un convoi allemand près de Chartres, Jacques Voyer est arrêté. Torturé pendant deux semaines, il n’a rien dit, complétant sa légende de « Français libre dès le début », comme aime à l’appeler Daisy Vincent.

Il est fusillé le 27 juin 1944, aux côtés de huit autres compagnons, au stand de tir de Chavannes. Jacques Voyer avait 21 ans.

Place Jacques Voyer, à Lèves, sera inauguré ce 1er mai 2024, en présence du maire (LR) de Lèves, Rémi Martial, du préfet d’Eure-et-Loir, d’Hervé Jonathan, du sénateur (LR) d’Eure-et-Loir. Loir, Chantal Deseyne, le président de l’Association des familles des Compagnons de la Libération, Jean-Paul Neuville, et des membres de la famille de Jacques Voyer. La cérémonie débutera à 17h45, au sommet de la route de Chavannes, à Lèves.

Yamine Nfifakh

 
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