« Emmanuel Macron à l’Élysée, la magie s’est opérée »

« Emmanuel Macron à l’Élysée, la magie s’est opérée »
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C’est un héros de Stendhal mais aussi un homme de notre temps comme si Julien Sorel posait pour Paris-Match. Un héros stendhalien qui a réalisé le rêve de toute une génération : prendre d’assaut l’Élysée. Cette semaine, il a célébré les deux ans de sa réélection. Un homme de notre temps qui vient de nulle part sinon d’un monde virtuel où naissent les princes du vent.

La photo était magnifique sur la plage de Biarritz. Le candidat était amoureux. Emmanuel et Brigitte croisent un naturiste sur le sable. La presse du cœur avait choisi le couple de l’été 2016 pour cette idylle devenue mariage qui ne ressemblait à aucune autre. Nous y étions.

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Et l’automne, l’hiver et le printemps suivants annonçaient des lendemains qui chantent sur un lit de roses. Les journaux avaient choisi leur favori. Ils lui gardaient une certaine indulgence. Emmanuel ici, Emmanuel là. Emmanuel Macron a rajeuni l’ensemble. François Fillon a coulé abruptement. La presse ne l’a pas contacté. Marine Le Pen n’avait aucune chance. Le monsieur en scooter a quitté le palais sans qu’aucun Français ne le regrette. Un jeune homme pressé qui n’avait pas encore 40 ans lui succéda. Les fées avaient mis dans son berceau de l’intelligence, du charme, du tempérament. Tout le monde y croyait ou voulait le croire. Moi, le premier. Nous y étions et nous y sommes toujours. L’image impose l’histoire.

Les jours d’élections pour la présidence de la République, les Français n’entrent pas dans un bureau de vote. Ils entrent dans une église la veille de Noël. Ils attendent le sauveur. Ils espèrent l’homme providentiel. François Mitterrand a joué ce rôle en 1981 comme Nicolas Sarkozy en 2007 et Emmanuel Macron en 2017. Notre ADN politique est messianique.​

Le reste après cette annonce

Benalla a tout changé

​2017 a été une année de miel. L’accueil de Trump durant l’été a confirmé l’intuition selon laquelle les Français avaient fait le bon choix. Macron rayonnait. Douze mois sans fausse note. Alors patatras ! L’affaire Benalla ! « S’ils veulent un responsable, il est devant vous, ils peuvent venir le chercher », a déclaré le président. Depuis ce jour de juillet 2018, plus rien n’est pareil entre le souverain et son peuple.

Le Mozart de la finance a écrit un requiem qui coûtera une fortune

Emmanuel Macron est devenu un mystère. Cette énigme a marqué le septennat qui s’achève. Le Stradivarius joue des accords de crin de cheval. Comment est-ce possible ? Je ne crois pas qu’il y ait une telle différence dans l’histoire de la République entre un si grand talent et des échecs aussi flagrants. Tout ça pour ça ? Un peu comme si Djokovic n’avait jamais gagné un tournoi du Grand Chelem.

Son portrait orne toutes les mairies de depuis sept ans. Je me pose toujours les mêmes questions à son sujet : qui est-il ? Que veut-il ? Qu’en pense-t-il ? Il dominait tous ses interlocuteurs. Marine Le Pen a tenu un tour, les Gilets jaunes trois, les agriculteurs un peu plus. Après dix minutes d’entretiens, les journalistes consultent leurs dossiers. Macron gagne ses combats par KO. Mais pourquoi ne pas s’attaquer au terrain sociétal avec une loi sur la fin de vie ou une constitutionnalisation de l’avortement qui paraissent dérisoires au vu de la crise de foi que traverse le pays ?

J’aimerais dire du bien de lui, reconnaître une action positive, souligner une réussite. Hélas! Quelle que soit la direction dans laquelle je me tourne, les résultats sont déchirants. Le Mozart de la finance a écrit un requiem qui coûtera une fortune. Un millier de milliards de dettes ont alourdi la dette française depuis 2017. Quoi qu’il en coûte, c’est ce qu’il ne faut pas faire.

La productivité diminue – du jamais vu sous la Ve République ! Les cotisations obligatoires restent les plus élevées d’Europe. L’effondrement de l’école est attesté par le classement PISA. Le nombre d’homicides augmente pour la première fois depuis la nuit des temps. L’insécurité n’est plus un sentiment. Cinq millions d’immigrés seront entrés légalement sur le sol français depuis 2017, date à laquelle il quitte l’Élysée. A l’étranger, le président propose des initiatives que personne ne suit et souhaiterait un fédéralisme européen dont personne ne veut.

Paroles et paroles

La communication a remplacé la décision. La communication a remplacé l’action. Le président parle. “Il y a des gens qui parlent, qui parlent – ​​jusqu’à ce qu’ils aient enfin quelque chose à dire”, a déclaré Sacha Guitry. Il parle, il annonce, il tweete, il commémore, il décore, il célèbre, il voyage, il embrasse, il charme, il embrasse, il tergiverse plus qu’il n’agit. Il met beaucoup de temps à nommer son gouvernement, comme s’il retardait le moment de décider, comme s’il détestait décider. Il nomme sans cohérence. Il démolit sans construire.

Le « En même temps » est devenu un « Tout et son contraire »

Au revoir l’ENA ! Adieu aux grands corps de l’État, diplomatiques comme préfectoraux. A leur place un gloubi-boulga qui plonge les petits hommes gris dans un abîme de perplexité. LE ” En même temps “ est devenu un «Tout et son contraire» comme ces ministres de l’Éducation nationale qui vont en zigzag, les autres en zag.

Emmanuel Macron préfère séduire. On revient à la part de clair-obscur qui anime chaque vie. Pourquoi tant d’énergie pour plaire et si peu de choses à faire ? La séduction n’est pas une fin en soi. Elle est le bras armé de la conviction. Encore faut-il avoir une colonne vertébrale. Aucun des chefs d’État de la Ve République n’a échappé à l’analyse sauvage des psychanalystes du bazar. Depuis 2017, deviner l’homme pour comprendre le président est devenu l’objectif des observateurs. Personne n’y est arrivé.

Je regarde son visage d’hier ; Je regarde celui d’aujourd’hui. Emmanuel Macron a changé. L’ombre a remplacé la brillance. L’Élysée accélère le temps. Les années passées là-bas comptent double ou triple. Emmanuel Macron n’a pas vieilli. C’est autre chose. Julien Sorel s’est perdu entre le rouge et le noir. Peut-être devine-t-il qu’il a raté son rendez-vous avec l’Histoire.

L’extrême centre a vécu

La magie est passée. Personne n’y croit plus. Bruno Le Maire prend ses distances. Gérald Darmanin se tait. Gabriel Attal affiche son ambition. Les mots bleus, les mots que l’on dit avec nos yeux ne suffiront plus. Le compte à rebours a commencé. Dans trois ans, ce sera fini. Jusqu’ici, si proche ! Dans une démocratie, il faut boire le mandat jusqu’à la lie. La reprise de la France attendra.

Et demain ? La droite revient à la droite. La gauche revient à gauche. L’extrême centre a vécu. Les prétendants s’affûtent pour inaugurer les chrysanthèmes. Et l’ex-président partira pour Bruxelles où il rédigera ses mémoires. Tant de beaux raisonnements, tant de belles phrases pour si peu de résultats ! Emmanuel Macron est une publicité contre le renseignement lorsqu’elle n’est pas accompagnée du bon sens le plus élémentaire. Oui, définitivement, tout ça pour ça…

 
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