pourquoi Marine Le Pen est jugée à partir de ce lundi

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pourquoi Marine Le Pen est jugée à partir de ce lundi

Par

Maxim T’sjoen

Publié le

29 septembre 2024 à 19h28
; mis à jour le 29 septembre 2024 à 20h09

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Si sur le plan politique, le nouveau gouvernement offre une bonne dose de crédibilité au Rassemblement national, le parti d’extrême droite a désormais une nouvelle pierre au pied : un procès de deux mois, dans l’affaire des assistants parlementaires des députés européens. du RN.

Marine Le Pen, 26 membres ou proches du RN et le parti lui-même en tant que personne morale seront jugés. Le procès débute ce lundi 30 septembre 2024 et doit durer jusqu’au 27 novembre 2024. Près de deux mois.

Une épine dans le pied de Marine Le Pen qui joue un très gros rôle dans cette histoire puisqu’elle risque, outre une amende et une peine de prison (rare dans les affaires de criminalité en col blanc), l’inéligibilité. Une perte des droits civiques qui contrecarrerait ses projets d’aller à l’Élysée.

Revenons à cette question.

C’est quoi cette histoire avec les assistants parlementaires RN ?

Retour en mars 2015. Martin Schulz, alors président du Parlement européen, saisit l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) pour des affaires litigieuses concernant 20 assistants parlementaires de 24 députés européens du parti dirigé par Marine Le Pen.

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Les raisons de cette saisine ? Les services du Parlement européen notent que, sur les 80 personnes répertoriées dans l’organigramme du FN, 20 occupent également le poste de collaborateur d’eurodéputés frontistes.

Les services craignent alors que les enveloppes des députés RN (24 au total en 2014), soit 23 000 euros par mois à l’époque par enveloppe, aient été détournées. Concrètement, les soupçons portent sur un « système de détournement » de ces enveloppes censées rémunérer les assistants parlementaires.

Ce dernier aurait plutôt travaillé pour le Front National (aujourd’hui Rassemblement National). De quoi permettre au parti lepéniste, en proie à des difficultés financières (vente du siège historique en 2011, prêt russe pour la présidentielle de 2014), de réaliser d’importantes économies.

En 2016, l’enquête est confiée à deux juges d’instruction, puis en juin 2017, Marine Le Pen est mise en examen pour « abus de confiance » et « complicité ». Ces poursuites ont ensuite été requalifiées en « détournement de fonds publics ».

Qui sera jugé ?

Parmi les 27 individus qui seront jugés, on retrouve Marine Le Pen, Louis Aliot, le vice-président du RN, Bruno Gollnisch, ou encore le porte-parole du RN, Julien Odoul.

Jean-Marie Le Pen est également convoqué, mais son état de santé ne lui permet pas d’être présent au tribunal.

Nous irons donc au tribunal pour dire que nous n’avons commis aucun délit (…) Je suis très sûr de notre innocence.

Marine Le Pen
Entretien avec la Tribune/Dimanche

La ligne de défense du RN pourrait, entre autres, être résumée par cette citation de Jordan Bardella, sur France Inter en 2021.

Le Parlement européen, dont nous sommes les ennemis politiques, considère que nos assistants parlementaires ne devraient faire que du travail de fonctionnaire européen, ce qui n’est pas notre appréciation.

Jordan Bardella
en 2021

Or, dans le code de bonne conduite du Parlement européen, il est précisé que « seuls les frais d’assistance nécessaires et directement liés à l’exercice du mandat parlementaire d’un député peuvent être pris en charge ».

Jordan Bardella avait déclaré en 2021 que le parti répondrait « sur cette question à la justice française, et non au Parlement européen, qui est une administration, mais qui n’est pas une entité judiciaire ».

Jean-Marie Le Pen aurait lancé la machine, Marine Le Pen l’aurait amplifiée

En 2021, un rapport des policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), consulté par le JDD et France Télévision, On pensait que le détournement des enveloppes avait été introduit lorsque Jean-Marie Le Pen était à la tête du parti. Ce système aurait cependant été amplifié sous la présidence de Marine Le Pen.

Si elle remonte à l’époque où le FN était encore dirigé par son père, l’organisation mise en lumière par l’enquête semble avoir pris toute son ampleur sous la présidence de Marine Le Pen, au lendemain des élections européennes de 2014.

Rapport OCLCIFF
cité par le JDD

Ces détournements qui pourraient être un système centralisé auraient duré de 2004 à 2016.

Et Jordan Bardella ?

Jordan Bardella n’avait pas été mis en cause dans l’enquête ouverte en mars 2015. Or, des révélations de Libération, publiées lundi 9 septembre 2024, indiquent que le président du parti aurait participé à l’élaboration de faux documents sur son travail d’européen. assistant parlementaire. Jordan Bardella a immédiatement dénoncé une « tentative de déstabilisation » à l’approche du procès. Jordan Bardella porte alors plainte contre le journaliste de Libération, Tristan Berteloot, auteur du livre « La machine à gagner. Révélations sur le RN en marche vers l’Elysée”.

Jordan Bardella (RN) n’est pas mis en cause dans l’enquête des assistants parlementaires, mais aurait tout de même pu jouer un rôle, selon une enquête de Libération. (©Maxime T’sjoen/-)

Quelles sont les personnes à risque ?

Si la culpabilité est avérée, car « il faudra démontrer qu’il y a eu des détournements de fonds publics auxquels se sont ajoutés des faits de complicité et de recel », rappelle Jean-Marie Brigant, maître de conférences en droit privé à l’université du Mans, près-, l’accusé risque beaucoup.

Sans entrer dans le détail de tous les scénarios possibles, les prévenus risquent jusqu’à dix ans de prison et une amende maximale d’un million d’euros.

Dans une affaire similaire, des membres du MoDem ont été condamnés à des peines de prison avec sursis et à des amendes.

Il est rare d’être condamné à des peines de prison dans des affaires de délits commerciaux.

Jean-Marie Brigant
Maître de conférences en droit privé à l’Université du Mans

Mais ce qui fait trembler les cadres du RN : les sanctions d’inéligibilité. Marine Le Pen, quasi-candidate à l’élection présidentielle de 2027, risque jusqu’à dix ans de privation de ses droits civiques.

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