Par Éditorial La Voix Le Bocage
Publié le
16 avril 24 à 19h55
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Aussi triste que cela puisse paraître, les arbitres et les éducateurs semblent être devenus les cible facile de parents bouleversés par le sort de leur enfant qu’ils prétendent sans vergogne être le futur Kilian Mbappé et que par conséquent, toutes les faveurs doivent lui être accordées.
Le phénomène « Projet Mbappé » prend une ampleur regrettable et dangereuse.
Le club de football de l’AF Virois n’est pas épargné.
Ce samedi 13 avril 2024, Woodberley Prothais, l’éducateur de la catégorie U13, a été violemment agressé par le père d’un de ses joueurs.
Le jeune éducateur témoigne :
C’était juste une conversation amicale. Nous avons décidé avec Verson de s’auto-arbitrer et de laisser jouer le plus possible. Le match s’est parfaitement déroulé. Nous approchions de la fin du match lorsqu’il y a eu un contact brutal, mais pas scandaleux, entre deux joueurs. Je décide de laisser l’action se dérouler.
C’est à la fin de l’action que Woodberley et son assistant sont allés voir le joueur qui semblait s’être blessé à la cheville. Le joueur en question est remplacé, le match reprend. « À ce moment-là, le père commence à élever la voix. Je ne l’écoutais pas parce que j’étais concentré sur mon match, puis il a franchi la barrière et s’est approché de moi et m’a traité de connard. Je lui demande de le répéter et me dit « salaud » plusieurs fois. »
Les choses vont alors empirer :
Il vient vers moi en me criant dessus et me pousse violemment à plusieurs reprises. Je lui ai dit à ce moment-là que son geste aurait de graves conséquences.
Et comme si la bêtise ne suffisait pas, il fallait aussi la juxtaposer à lâcheté. En effet, c’est le jeune joueur qui est venu s’excuser pour le comportement de son père…
“C’est vraiment choquant”
Woodberley Prothais se remet progressivement de agression dont il a été victime. « C’est vrai qu’à ce moment-là, j’étais concentré sur mon match. Je n’étais pas prêt à être attaqué verbalement et physiquement, même si nous sommes désormais habitués aux attaques verbales. Un éducateur n’est pas obligé de vivre cela. Sur le moment, je n’ai pas beaucoup réagi, mais c’était vraiment choquant. »
En théorie, aucun éducateur n’a à subir le mécontentement parental convaincus que leurs enfants sont les meilleurs et qu’ils doivent donc obtenir toute la complaisance du monde, seulement en théorie. Puisque dans la pratique, le Éducateurs AF Virois sont confrontés quotidiennement à de tels comportements.
Beaucoup ne comprennent pas qu’à cet âge, le football est un jeu et que la notion de plaisir doit rester centrale. Nous recevons constamment des appels et des SMS car certains ne comprennent pas que leur fils n’est pas dans l’équipe première. Cela va parfois très loin verbalement.
Le club n’a pas tardé à réagir, lundi, Axel Flucher, responsable technique, a annoncé que l’affaire était entre les mains de la justice. “Axel nous soutient toujours dès qu’on a un problème, il appelle et prend rendez-vous avec les parents et les enfants en difficulté”, apprécie l’éducateur attaqué.
Formation annulée
Du côté du club, c’est l’étonnement. «C’est la première fois que cela nous arrive dans de telles proportions», affirme son président, Christophe Lécuyer.
Il était au club-house le jour de l’attaque. Il est arrivé quelques minutes après les faits. « J’ai trouvé un jeune garçon choqué, traumatisé et humilié », décrit-il.
Une plainte a été déposée par l’éducateur et les témoins de la scène ont pu être entendus par la gendarmerie.
La famille du joueur, de son côté, a été temporairement exclue du club, le temps que le comité directeur prenne une décision définitive. « C’est difficile de punir un enfant. Parce qu’il devient responsable des actes de son père. C’est dramatique. Mais il faut envoyer un message fort aux parents pour que cela ne se reproduise plus. »
En ce sens, et pour sensibiliser l’ensemble du club, les éducateurs de l’AF Virois ont demandé que mercredi soit une journée blanche. Ce qui sera le cas. Tous les entraînements « jeunes » du mercredi 17 avril sont annulés.
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