« Il est normal que les étudiants s’attaquent à la question de »

« Il est normal que les étudiants s’attaquent à la question de »
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L’occupation de Sciences Po Paris, puis de la Sorbonne, par des étudiants pro-palestiniens vous a-t-elle surpris ?

Non, car on observe depuis longtemps l’intervention de la jeunesse dans les enjeux internationaux. Ce qui se passe sur les campus américains et dans notre université française n’est pas un épiphénomène : cela dénote un processus d’appropriation sociale dans lequel les étudiants jouent…

L’occupation de Sciences Po Paris, puis de la Sorbonne, par des étudiants pro-palestiniens vous a-t-elle surpris ?

Non, car on observe depuis longtemps l’intervention de la jeunesse dans les enjeux internationaux. Ce qui se passe sur les campus américains et dans notre université française n’est pas un épiphénomène : cela dénote un processus d’appropriation sociale dans lequel les étudiants jouent un rôle clé. Et quoi d’étonnant à voir des jeunes exprimer leur émotion face aux 35 000 morts à et dénoncer une forme de dissimulation et d’indifférence face au carnage ?

Ont-ils raison, raccourci discutable, de dénoncer « un génocide » en cours à Gaza ?

Le débat ne porte pas uniquement sur la notion de génocide. On parle d’attentats à la bombe, de l’enlisement du processus de paix, de l’espoir que cette tragédie entraînera une nouvelle approche d’un conflit vieux de 75 ans. Quant au génocide, la Cour internationale de Justice [saisie par l’Afrique du , NDLR] lui-même a mis le sujet au cœur du débat en reconnaissant un « risque » de génocide. Il n’est donc pas anormal d’en parler.

« Non, Sciences Po n’est pas un « bunker islamo-gauchiste », c’est une maison incroyablement pluraliste »

Voyez-vous un parallèle avec la révolte de mai 1968 contre la guerre du Vietnam ?

Oui. Les étudiants américains protestaient alors contre la politique américaine au Vietnam comme ils le font aujourd’hui contre celle de Joe Biden à Gaza, le peuple palestinien ayant remplacé le peuple vietnamien dans le rôle de victimes. Et on constate la même irradiation de cette lutte sur les campus en , à la différence près que les étudiants français ne ciblaient pas alors la politique étrangère de De Gaulle comme ils visaient celle d’Emmanuel Macron en 2024. Je constate aussi que la notion de « Sud global » avait émergé. dans la contre-culture américaine à cette époque.

L’IEP Paris, où vous enseignez depuis 1990 et où vous étiez élève dès la rentrée 1968, a essuyé un torrent de critiques…

Oui et ça m’attriste. Jamais, en cinquante-six ans dans l’établissement, je n’avais entendu autant de bêtises. Non, Sciences Po n’est pas un « bunker islamo-gauchiste », c’est une maison incroyablement pluraliste où le centre de gravité du corps enseignant se situe au milieu. Evidemment, le vide du pouvoir après le départ de Mathias Vicherat favorise la montée des tensions, les dérapages verbaux, les tâtonnements de la direction provisoire. Mais je suis abasourdi par l’avalanche d’anathèmes et de mensonges.

Le gouvernement craint-il un nouveau Mai 68 ?

La peur chronique des mouvements étudiants reste présente et je crois que nos dirigeants n’ont pas compris ce qui se passe.

 
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