Les actionnaires du groupe automobile ont approuvé lors d’un vote mardi 16 avril la rémunération controversée (jusqu’à 36,5 millions d’euros) du patron du géant industriel. Leur avis est purement consultatif.
Pas moins de 36,5 millions d’euros. C’est le montant total que pourrait percevoir Carlos Tavares, le patron de Stellantis, quatrième groupe automobile mondial, pour l’année 2023. Ce mardi 16 avril, les actionnaires du géant industriel ont approuvé – en principe car leur vote est consultatif – la rémunération de ces derniers. Et la somme colossale évoquée fait déjà polémique.
En déplacement ce lundi à l’usine de Trémery (Moselle), Carlos Tavares a assumé ces émoluments sans sourciller. Pour lui, il s’agit« une dimension contractuelle entre l’entreprise et [lui]comme pour un footballeur et un pilote de Formule 1 », il s’est justifié au micro de France Bleu Lorraine Nord. « 90 % de mon salaire est constitué par les résultats de l’entreprise, […] cela prouve donc que les résultats de l’entreprise ne sont apparemment pas trop mauvais. Si vous pensez que ce n’est pas acceptable, faites une loi et changez la loi et je la respecterai.
Le directeur général s’est attiré les foudres d’Emmanuel Macron en 2022, qui l’a jugé « choquant et excessif » la quantité “astronomique” de sa rémunération. Mais Stellantis avance que cette rémunération devrait plutôt être comparée à celle de multinationales comme Boeing aux Etats-Unis (Dave Calhoun, 33 millions de dollars pour 2023). Le groupe réalise la majorité de ses ventes en Europe, mais tire l’essentiel de ses bénéfices du marché américain.
Un salaire de 100 000 euros par jour
Le vote des actionnaires est purement consultatif, contrairement à ce qui se serait passé si le siège social de la société Stellantis était situé en France (il est situé aux Pays-Bas). Pour l’exercice 2021, les actionnaires ont rejeté la rémunération de Carlos Tavares avant de la valider pour 2022, à près de 80 %.
Cette année, plusieurs cabinets de conseil aux investisseurs ont recommandé de voter contre, notamment l’agence américaine Glass Lewis qui a émis « de sérieuses réserves ». Même poste à l’agence Proxinvest. Au sein des dirigeants du CAC40, “la médiane est de cinq millions” d’euros de rémunération, et aux Etats-Unis cela atteint 15 millions, a relevé lundi son directeur général Charles Pinel sur BFM Business, en interrogeant Tavares. « Attention, vous êtes responsable de la cohésion au sein de votre société » et plus largement encore “du système capitaliste“, il a insisté.
La CGT Stellantis a, de son côté, décrié un salaire “totalement choquant et scandaleux” équivalent à 100 000 euros par jour, “Une augmentation de près de 50%, alors que la plupart d’entre nous n’en avaient que 3,7% et ont du mal à terminer le mois.”
“Style américain”
La rémunération de Carlos Tavares, 65 ans, comprend des pensions de retraite qui seront versées sur le long terme, mais aussi des primes attribuées seulement s’il atteint les objectifs fixés pour 2025, dernière année de son mandat actuel. le chef du constructeur. L’augmentation potentielle pour cette année 2024 est notamment liée au versement d’une prime de 10 millions d’euros pour le “transformation” du groupe créé en 2021 avec la fusion de PSA et Fiat-Chrysler.
Pour l’exercice 2023, le patron recevra dans un premier temps 23,5 millions d’euros. Versée en grande partie en actions, cette rémunération augmente également avec la valeur des actions du groupe, qui a presque doublé ces trois dernières années. Avec ses 14 marques dont Peugeot, Citroën, Fiat, Dodge et Opel, Stellantis a publié le 15 février un nouveau bénéfice record de 18,6 milliards d’euros pour 2023, en hausse de 11% sur un an. Son chiffre d’affaires avoisine les 190 milliards d’euros.
Le directeur général de la banque publique d’investissement, Nicolas Dufourcq, a indiqué fin mars qu’il “s’abstiendrait sur ces questions de rémunération”, alors que« Nous avons atteint des niveaux qui sont effectivement américains, pour un groupe essentiellement américain, mais qui ne sont peut-être pas tout à fait compris en Europe ».
Le géant automobile a indiqué le 15 février qu’il allait redistribuer près de 1,9 milliard d’euros à ses salariés dans le monde. En France, cela représente un minimum de 4 100 euros pour les salaires les plus bas. Les actionnaires du groupe recevront environ 7,7 milliards d’euros au titre de l’exercice 2023, entre dividendes et programme de rachat d’actions.
Mis à jour à 15h49 : avec le vote positif des actionnaires.
