«Je me sens folle de fierté quand j’allume mon ordinateur et que je vois La Rochelle au sommet»

Petit test : savez-vous combien de victoires et de défaites compte La Rochelle en championnat ?

Ah ! En tout cas je sais qu’ils n’ont pas perdu un match à domicile… Ils ont perdu 3 matches non ?

Exactement (1), ils sont à 22-3… La Pro B est à mille lieues de vos sphères professionnelles, ce n’est pas grave, vous arrivez à vous y intéresser, il n’y a pas de « mépris de classe » ?

(Sourire). Ce qui est cool, c’est que je suis un amoureux de n’importe quel basket. Je suis né dans le basket FIBA, je regardais déjà l’Euroligue à la télé… Je suis tout, avec beaucoup de passion.

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Cette saison rochelaise un peu irréelle, elle vous étonne ?

Je me sens folle de fierté lorsque j’allume mon ordinateur et que je vois La Rochelle en tête du classement. Je ne mets aucune pression sur le club, zéro, la montée n’est pas quelque chose d’attendu, c’est dû. S’il n’y a pas de montée, ce ne sera absolument pas un drame ou quoi que ce soit. Mais que tout le monde dise du bien de La Rochelle dans les médias, je trouve ça putain d’incroyable !

Depuis votre passage au club (de 1999 à 2005), le nom et les couleurs ont changé… C’est une question à choix multiples mais pensez-vous que l’ensemble a été déformé d’une manière ou d’une autre, ou êtes-vous content d’avoir vu le Stade Rochelais arriver, ou êtes-vous pragmatique en vous disant que sans être le Stade Rochelais les ambitions ne peuvent pas exister à La Rochelle ?

Je comprends les trois positions mais je trouve fantastique de voir la salle en jaune et noir. J’ai grandi en bleu et blanc mais je suis un gars résolument optimiste, tourné vers l’avenir. Réussir à construire quelque chose d’intelligent à partir d’un club de taille moyenne, voir Deflandre rempli année après année… Parfois j’ai des amis qui m’écrivent pendant que je suis à Paris pour me demander si je n’ai pas de places pour le rugby (rires). Si cela peut déteindre sur le basket – et j’ai l’impression que c’est ce qui se passe – c’est une chance. La Rochelle n’est pas une ville assez grande pour être autonome ; tirons tous dans la même direction. C’est une opportunité phénoménale.

Selon vous, La Rochelle s’impose-t-elle progressivement sur la carte du basket français ?

J’en ai envie. Le basket est un sport traditionnel, « de sous-préfecture », où nous sommes rattachés à des clubs, Pau, Limoges, etc., depuis des décennies… Et bien j’ai le sentiment que cette saison propose, d’ouvrir une petite porte à La Rochelle pour entrez dans ce paysage. L’identité du Stade Rochelais y contribuera. On parlait de pragmatisme tout à l’heure : je suis très terre-à-terre et ce qui pourrait faire vibrer La Rochelle, c’est une chambre ! Je sais que c’est un terrible serpent de mer… Gaston-Neveur Je l’aime de tout mon cœur, j’y ai passé mes plus belles années en tant que basketteur, mais si ce club veut grandir, il va lui falloir un moment un nouvel écrin.

Betclic à Gaston-Neveur ? Je trouve cela anachronique, presque romantique. Le problème c’est que le romantisme a ses limites”

Vous n’êtes pas à la chaîne Skweek mais, à court terme et sachant qu’une hausse est bien sûr à conditionner, imaginez-vous Betclic Élite tourné à Gaston-Neveur ?

(Des rires). Je trouve déjà ça drôle. Je repense aux années où j’allais jouer en France à 13 heures devant parents et amis, 35 personnes. Avec la lumière du jour qui entre encore dans la salle l’après-midi… Moi étant confronté à ESPN, les Lakers and Co., ça me met un petit sourire. Je trouve cela anachronique, presque romantique. Le problème c’est que le romantisme a ses limites, c’est sympa un moment, mais en général ce n’est pas fait pour durer dans le monde du sport. Si La Rochelle monte cette année, magnifique, je serai le plus heureux du monde. Mais il faut qu’il y ait une suite.

Le Stade Rochelais est assuré de disputer les playoffs ; vous qui commentez March Madness (le tableau final de la NCAA) et qui couvrirez prochainement d’autres playoffs, en NBA, qu’est-ce qui change concrètement dans ce nouveau championnat ?

Je précise tout d’abord que c’est quand même un coup du sort assez dur de faire de cette saison la seule fois où le premier de la saison régulière de Pro B ne monte pas !

Nous le savions d’avance…

On le savait mais c’est quand même fou de penser qu’on aurait fait ça l’année dernière ou l’année prochaine, ça montait (rires) ! De toute façon, ce n’est pas grave, c’est comme ça. Il va falloir capitaliser sur cette saison, sur ce que font Julien Cortey et Aymeric Jeanneau, c’est extrêmement louable, ils posent des pierres. Mais j’aimerais que les gens comprennent, tout en restant cool, que ce n’est pas du tout parce qu’il y a ce parcours que ça va monter dans Betclic. Tu l’as dit, c’est un nouveau championnat qui démarre, couperet, “gagne ou rentre à la maison” [gagne ou rentre chez toi, NDLR]. Certaines équipes atteindront leur apogée à ce moment-là. Vous prenez Orléans, ils ne sont peut-être « que » 5èmes mais c’est un club avec une culture forte, avec un entraîneur (Germain Castano) préparant au mieux ses troupes. Voyez Vichy qui tient le bon rythme avec Guillaume Vizade… Ce n’est pas mon Guy Roux de dire que La Rochelle ne serait pas favorite dans un match sec contre Orléans.

Après, ils sont bien partis pour avoir l’avantage du terrain peut-être jusqu’au bout…

C’est vrai et c’est un avantage non négligeable. Mais il faut garder les pieds sur terre, je rappelle que La Rochelle n’est pas censée monter, ce qui se passe est une anomalie. Il y a un alignement des planètes. Cette construction doit être utilisée à moyen terme, qu’il y ait augmentation ou non. Je ne voudrais pas qu’il y ait une déception.

Cela viendrait sans doute du fait qu’ils écrasent la saison régulière, non ?

Évidemment, je serais moi-même extrêmement déçu ! J’ai du mal à rentrer à La Rochelle car j’ai mes shows et tout ça le week-end, donc je peux vous dire que si je monte je serai le premier à aller voir La Rochelle jouer à l’Adidas Arena contre le Paris Basketball, ou à Nanterre. Mais on ne peut pas baser son avenir sur un résultat sportif en séries éliminatoires.

(1) L’entretien a été réalisé le 26 mars au matin, avant la défaite à Antibes (72-69) le soir même.

 
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