Sommes-nous dans une bulle et est-ce dangereux ? (3/4)

Sommes-nous dans une bulle et est-ce dangereux ? (3/4)
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Pouvons-nous lutter contre les bulles financières sans réduire l’efficacité des marchés financiers ?

Dans notre précédent article, nous avons vu que les bulles se formaient pour deux raisons : la liquidité excessive des banques centrales et l’avidité des institutions.

Le troisième facteur de formation de bulles financières est dû à des normes prudentielles et comptables trop procycliques et pas assez préventives. Alors certes, il est normal que ces normes soient « universelles » et uniformément applicables, mais il est bien connu qu’elles amplifient les mouvements des marchés.

Nous observons depuis de nombreuses années que les prix de marché de certains actifs pouvaient donner de mauvais signaux en étant fortement surévalués. Il faut donc réduire l’effet déstabilisateur des variations de prix de ces actifs (souvent prétendument liquides et risquant de devenir illiquides en période de stress sur les marchés financiers). C’est la raison pour laquelle ces actifs détenus par les banques et souvent destinés à être conservés dans des portefeuilles à long terme (en tout cas en justifiant très objectivement cette intention de gestion) ne devraient pas être comptabilisés dans certaines catégories IFRS (classement en juste valeur qui a un impact positif ou impact négatif sur le compte de résultat des banques).

La procyclicité n’est pas le seul fait des normes comptables ; elle s’explique aussi par les effets pervers des évolutions réglementaires. Intervenant après des années de laxisme et de sous-estimation des effets de levier des bilans bancaires, le durcissement de la réglementation bancaire au cours des années 2010 a permis de prévenir les risques de crise systémique, mais a créé de nouveaux risques de crise financière.

Ainsi, le ratio de liquidité à court terme, le LCR (ratio de couverture des liquidités), qui mesure la capacité d’un établissement à survivre à une période de stress intense, renforce la surpondération des titres publics dans les portefeuilles bancaires. Ces derniers bénéficient d’un traitement privilégié dans la constitution d’une réserve de liquidités dites. De même, l’exigence de ratios de solvabilité plus élevés a conduit les banques à disposer de fonds propres (numérateur du ratio de solvabilité) de plus en plus importants et à prendre des risques peut-être considérés à tort comme très faibles (car pondérés à zéro au dénominateur du ratio de solvabilité). ratio), en continuant à acheter de la dette publique surévaluée.

Mais si les normes comptables IFRS et les réglementations prudentielles ne peuvent atténuer cette procyclicité, et donc l’amplification des variations des prix des actifs dans un sens ou dans l’autre, alors il faudra faire appel à la banque centrale. Cette fois, non pas pour exiger des baisses de taux et des injections de liquidités, mais pour une cause bien plus structurante.

Par exemple, des zones de prix « dangereuses » devraient être définies pour certaines classes d’actifs et certains instruments. Il n’est pas facile de demander à une banque centrale de lutter contre la surévaluation ou la sous-évaluation des actifs financiers, car elle n’est pas omnisciente. Mais une banque centrale possède un énorme avantage sur les investisseurs, les traders et les autres acteurs du marché : sa capacité à intégrer des objectifs de niveau de prix des actifs dans la définition de sa politique monétaire. En achetant des actifs qu’elle juge sous-évalués, ou en vendant des actifs qu’elle juge surévalués, elle améliorerait considérablement son contrôle de la liquidité bancaire et lutterait efficacement contre l’inflation au sens large, et contre les bulles spéculatives. financier.

Pouvons-nous lutter contre les bulles financières sans réduire l’efficacité des marchés financiers ?

La question est importante, car il serait totalement contre-productif de supprimer les marchés financiers avec leurs spéculateurs et arbitragistes, sous prétexte que de dangereuses bulles existent. Quel serait l’intérêt de casser le thermomètre pour soigner une personne malade ?

Certes, certains acteurs du marché prennent des positions spéculatives qui ne sont pas liées aux fondamentaux et qui déstabilisent les prix du marché – ce qui est lié à la fois aux conditions macroéconomiques (excès de liquidité) et aux conditions réglementaires (insuffisance des exigences de fonds propres sur les positions purement spéculatives).

Mais ne perdons pas de vue qu’en prenant position, les spéculateurs apportent de la liquidité au marché. Ils sont les vendeurs des investisseurs qui veulent acheter, les acheteurs de ceux qui veulent vendre ; ce sont les contreparties des acteurs qui mettent en place les opérations de couverture. Même si leur objectif reste à court terme, ils créent une liquidité indispensable au fonctionnement des marchés. Interdire la spéculation reviendrait à supprimer l’existence du marché, et donc à supprimer toute couverture possible pour les agents économiques privés.

De même, les inefficacités dans la valorisation de certains actifs peuvent être corrigées par des spécialistes de l’arbitrage. Ils seraient alors présents pour acheter ce qui est sous-évalué et vendre ce qui est surévalué. Pas toujours, il est vrai, puisque certaines inefficacités du prix de certains actifs ne sont pas corrigées aussi rapidement, voire pas du tout, et les arbitragistes qui s’obstinent à vouloir corriger ces anomalies de prix J’ai payé assez d’argent pour le savoir. Il existe en effet des facteurs réglementaires, comptables, d’aversion au risque – voire des flux de capitaux – qui empêchent que les fondamentaux soient bons, et donc que la valeur de certains actifs soit à leur juste prix.

 
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