Washington (awp/afp) – Le rebond de l’inflation aux Etats-Unis devrait inciter la Fed à rester prudente, lors de sa réunion de mardi et mercredi, et à attendre avant d’entamer une baisse de ses taux, mais ce sont surtout ses prévisions économiques qui être scruté.
“L’accent sera vraiment mis sur les nouvelles projections”, a déclaré à l’AFP Lydia Boussour, économiste pour EY Parthénon.
Et notamment la courbe d’inflation, ainsi que le nombre de baisses de taux anticipées pour 2024 par les responsables de la banque centrale américaine (Fed).
«Je ne m’attends pas à un grand changement», a commenté Kathy Bostjancic, économiste en chef de la compagnie d’assurance Nationwide.
Selon elle, les responsables de la Fed devraient prévoir trois baisses de taux cette année, comme dans leurs précédentes projections publiées en décembre.
Lydia Boussour met en garde contre « un risque de voir seulement deux baisses de taux ».
La Fed, après avoir relevé ses taux depuis mars 2022 à 5,25%-5,50% afin de lutter contre une inflation élevée, envisage désormais de les baisser.
Mais, avant de lancer le mouvement, ses dirigeants veulent s’assurer que les prix ne recommencent pas à s’envoler.
«Moins et plus tard»
Cependant, “le rythme de la désinflation et le ralentissement de la croissance de l’emploi ne se produisent pas aussi vite que nous le pensions il y a quelques mois”, a déclaré à l’AFP Michael Pugliese, économiste chez Wells Fargo.
L’indice d’inflation CPI rebondit en février, à 3,2% sur un an contre 3,1% en janvier.
Quant à l’indice PCE, privilégié par la Fed et qu’elle veut ramener à 2%, il n’est pas encore publié pour février, mais en janvier il avait ralenti sur un an, à 2,4% contre 2,6%, et accélère sur un mois, à 0,3% contre 0,1%.
Les responsables de la Fed « affineront donc leurs prévisions économiques en conséquence », a déclaré Michael Pugliese, précisant que lorsqu’il s’agit de baisser les taux, « cela se traduit par moins et plus tard ».
La première baisse des taux est désormais attendue par la plupart des acteurs du marché pour la réunion de juin, selon l’évaluation du groupe CME.
“Et si ce n’est pas juin, ce sera juillet”, a déclaré Kathy Bostjancic.
Lors de la dernière réunion fin janvier, le président de la Fed, Jerome Powell, a surpris les marchés en écartant l’hypothèse d’une première baisse en mars.
Indépendance
Début mars, devant les élus du Congrès, il avait prévenu : « les perspectives économiques sont incertaines et la poursuite des progrès vers notre objectif d’inflation de 2 % n’est pas assurée ».
Mais il a néanmoins ajouté que “si l’économie évolue comme prévu, il sera probablement approprié de commencer à assouplir la politique monétaire à un moment donné cette année”.
Quant à l’inflation, même si elle « reste au-dessus de l’objectif de 2% de la Fed », « elle a considérablement baissé », et « sans augmentation significative du chômage ».
Le marché du travail, à qui on promet depuis des mois un net ralentissement, reste en effet étonnamment solide. Le taux de chômage a certes augmenté en février à 3,9%, mais 275 000 emplois ont été créés, soit encore une hausse par rapport à janvier.
Une baisse des taux de la Fed entraînera une baisse des taux d’intérêt, une bonne nouvelle pour les ménages et les entreprises.
Bien que l’institution soit indépendante du pouvoir politique, ses décisions peuvent jouer en faveur de l’un ou l’autre des candidats, alors qu’un nouveau duel se profile entre Joe Biden et Donald Trump.
Lorsqu’il était à la Maison Blanche, le républicain a rompu avec cette indépendance, s’en prenant régulièrement à la Fed et à ses responsables, allant même jusqu’à les qualifier de « crétins ».
Selon Kathy Bostjancic, les responsables de la Fed « préféreraient probablement « commencer à réduire les taux » avant d’être trop près des élections. Mais « s’ils estiment que les données suggèrent d’attendre jusqu’en septembre », ils attendront.
AFP/RP
