Par Nicolas Claich
Publié le 15 24 janvier à 19h30
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L’affaire a déclenché une forte émotionau coeur de l’été 2020. La foule dans la salle d’audience de la cour d’assises, ce lundi 15 janvier 2024 à Caen (Calvados)démontre que le traumatisme est toujours vivant pour les proches de Céline Firma-Foulon.
Retrouvé inconscient à la maison
Responsable des bassins du centre aquatique de Bayeux, cette femme, alors âgée de 38 ans, était retrouvé inconscient a sa maison à Ifs, en proche banlieue de Caen, le 16 juillet 2020.
Elle est décédée à l’hôpital universitaire quelques heures plus tard. Son mari, François (49 ans), est jugé pour ce meurtre, lundi 15 janvier et mardi 16 janvier 2024. Il fait face à la emprisonnement à vie.
“Je voulais la faire taire”
Céline et François n’étaient pas censés se croiser ce matin-là. Dans instance de séparationils ne cohabitaient plus régulièrement dans leur maison d’Ifs depuis plusieurs mois, alors même qu’ils avaient passé le confinement sous le même toit.
Mais François est rentrer chez soi plus tôt que prévu d’un bivouac en Savoie où il avait déposé les enfants chez les parents de Céline, à Modane. Pompier à la caserne de l’Ifs, il est reparti avec un ami, malgré un bras plâtré. Dans la salle, une dispute éclate.
Elle n’arrêtait pas de crier, j’en avais assez, je voulais la faire taire.
Retrouvé en larmes sur le perron de l’entrée, toujours en tongs et bermuda, François a immédiatement reconnu avoir « tué (sa) femme ». Il a expliqué aux enquêteurs comment le drame s’est produit.
Une histoire glaçante, entrecoupée de sanglots
Devant la cour d’assises du Calvados, ce lundi 15 janvier, en larmes sur le banc des accusés, il est encore retracé les événements qui a conduit à la mort de Céline.
« Quand je suis rentré chez moi, vers 6 heures du matin, Céline était réveillée. Elle se préparait visiblement à aller courir car elle portait une tenue de sport, un soutien-gorge et des collants de sport. Elle m’a reproché de ne lui avoir donné aucune nouvelle pendant trois jours avant d’arriver sans prévenir. Le ton est élevé. »
Pendant 10 à 15 minutes, nous nous sommes dit des choses négatives. Je lui ai reproché de s’être éloignée de nous puisqu’elle travaillait à Bayeux, elle m’a répondu que ce n’était pas parce que j’étais un « simple pompier sans ambition » qu’elle ne devait pas évoluer dans son travail. Ses paroles m’ont blessé, je ne voulais plus l’entendre. Comme je le faisais souvent pour éviter les conflits, j’ai fini par dire que j’allais sortir le chien.
Mais François n’est pas allé promener le chien. Il s’est arrêté au garage pour récupérer un sac en plastique Et un cordonavant de se retourner.
“On s’est battu dix minutes trop longues”
Il reprend le fil de son récit, toujours entrecoupé de sanglots :
Quand je suis revenu dans la chambre, Céline était penchée sur son sac de voyage, aux trois quarts dos à moi. J’ai mis le sac sur sa tête et je l’ai retourné sur le lit. Elle s’est défendue, on s’est battu dix minutes trop longues.
« À un moment donné, elle a arrêté de bouger. Je lui ai pris la vie »
Très sportive, Céline a eu du mal à une hauteur de 1,75 m et 64 kg, comme en témoigne le beaucoup de bleus soulevé sur son corps, mais François, malgré son bras plâtré, avait le dessus.
Céline aurait réussi à arracher le sac plastique au niveau de sa bouche, afin de pouvoir respirer, mais François, à cheval sur sa femme, lui a ensuite enroulé le cordon autour du cou. «J’ai fait deux tours et un nœud simple», explique-t-il en réponse à une question de la présidente Jeanne Chéenne.
Y a-t-il eu des violences sexuelles ?
La question a animé les débats, même si l’accusé n’a pas été poursuivi pour cette accusation. L’examen du corps de la victime a en effet révélé « des lésions gentieuses, des « contusions traumatiques, notamment internes, au niveau de la vulve », comme le décrit le Dr Frédérique Papin-Lefèvre, la médecin-pathologiste qui a pratiqué l’autopsie de Céline Firma- Foulon le 22 juillet 2020. Elle a assuré que de tels bleus étaient difficiles à expliquer par les faits relatés par l’accusé. Il a confirmé la version qu’il avait déjà donnée aux enquêteurs : “Je n’ai pas déshabillé Céline”. Son ADN a été retrouvé sur l’élastique de la culotte de la victime ainsi que sur son legging. « Mais en petite quantité », a souligné son avocat, Me Louis Balling. Selon lui, il aurait touché ces vêtements lorsqu’il l’a attaquée.
« Elle a réussi à se retourner, nous nous sommes alors retrouvés face à face », poursuit François. Je lui ai bloqué les bras avec mes jambes, mais nous sommes tombés du lit, par terre, entre la chambre et le garage. J’ai ensuite serré son cou avec mon bras plâtré. À un moment donné, elle a arrêté de bouger. Je lui ai pris la vie. Je l’ai retournée sur le dos et j’ai mis une couverture sur son corps. »
L’autopsie a confirmé que le décès du sauveteur était dû à un étranglement et à une « suffocation orofaciale ».
À aucun moment je n’ai eu la lucidité de m’arrêter. Je ne peux pas me l’expliquer, je ne peux donner de réponse à personne, ni à mes enfants. J’aimais Céline, je voulais son bonheur.
Le procès de François Foulon, inconnu de la justice jusqu’ici, se poursuit mardi 16 janvier, avec les plaidoiries des avocats et les réquisitions du procureur général. Le verdict est attendu en fin de journée.
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