12/11/2024 à 14h24 par AFP
La petite boule jaune les rend fous. Ou du moins sceptique : « Les balles sont un gros problème », a regretté le n°2 mondial. Alexandre Zverevfrustré comme la majorité de ses confrères, de devoir jouer avec des ballons différents d’un tournoi à l’autre et d’avoir beaucoup perdu, selon eux, en qualité.
C’est le sujet qui enflamme les post-matchs de l’ATP Masters : non pas l’avenir du « tournoi des maîtres » qui, après 2025, pourrait quitter l’Italie, mais la qualité des ballons utilisés tout au long de l’année sur le circuit.
Pas une conférence de presse à Turin sans que le sujet, récurrent sur le circuit ainsi que la vitesse des surfaces sur lesquelles ils jouent, soient évoqués par les joueurs.
L’ATP a un contrat de partenariat depuis 2019, prolongé l’an dernier jusqu’en 2028, avec Dunlop, mais les balles du fabricant japonais ne sont utilisées que “par près de la moitié des tournois du circuit, dont quatre Masters 1000 et les ATP Masters”, a rappelé le organisme qui supervise le circuit masculin.
– « Zéro plaisir » –
Les organisateurs de tournois peuvent avoir à leurs côtés leur propre fournisseur de ballons, comme c’est le cas pour les quatre tournois du Grand Chelem qui consomment plus de 50 000 ballons chaque année et offrent aux fabricants une visibilité très recherchée auprès des joueurs amateurs.
L’Open d’Australie est alimenté par Dunlop, Roland-Garros et l’US Open par l’Américain Wilson et Wimbledon par le Britannique Slazenger.
“Quand on a une séquence de quatre tournois sur un même continent, on peut avoir quatre fournisseurs de ballons différents, ça peut rendre les choses difficiles, c’est tout un défi”, résume Casper Ruud après sa victoire éclatante contre Carlos Alcaraz (6-1, 7-5).
Le plus virulent sur le sujet est le N.4 mondial Daniel Medvedev qui, récemment à Shanghai, a fait semblant de cracher sur un ballon et de s’essuyer les fesses avec un autre.
“C’est comme si les balles mouraient en plein vol”, a tenté d’expliquer le Russe après sa victoire contre l’Australien. Alex De Minaur 6-2, 6-4.
« Sur un retour de service, alors que je suis à cinq mètres de la ligne, le ballon s’arrête et le gars devant moi a tout le temps de m’attaquer. Tout le monde peut rester dans le jeu quand il y a de longs échanges alors que c’était mon point fort avant”, a-t-il noté.
“Le problème est général et ne se limite pas à un seul fournisseur : la qualité des balles s’est détériorée, elles sont devenues plus lentes, elles durent moins, elles changent d’un lot à l’autre, elles peluchent davantage”, a ajouté Zverev après sa victoire contre Andreï Roublev (6-4, 6-4).
– Réduction des coûts –
L’Allemand, membre du Conseil des joueurs de l’ATP, affirme avoir fait des recherches, discuté avec les constructeurs et livré ses conclusions.
“En raison de la pandémie de Covid, les fabricants ont essayé de réduire leurs coûts de production et utilisent un caoutchouc différent qui rend les balles 30 à 60 % plus lentes”, a-t-il estimé.
“Grâce à ce nouveau matériau de base utilisé, l’air et la pression ne restent pas dans le ballon, cet air et cette pression chutent de façon spectaculaire au fur et à mesure des échanges”, a poursuivi le récent vainqueur du Masters 1000 de Paris.
Comment se comportent ces ballons changés tous les sept matchs ? “Un peu comme les volants de badminton, ils sont très rapides sur les deux ou trois premiers mètres, puis ils ralentissent simplement”, a-t-il illustré.
Et Zverev tire la sonnette d’alarme en s’inquiétant de l’impact sur la santé des joueurs : « C’est à cause des ballons que beaucoup de joueurs ont des problèmes d’épaule et de poignet, ce n’était pas le cas il y a dix ou quinze ans.
Ruud veut voir dans ces rebonds parfois imprévisibles des petites balles jaunes « d’une certaine manière toute la beauté de notre sport ».
« S’il n’y avait qu’un seul fournisseur, ce serait injuste envers ceux qui préfèrent les ballons Tecnifibre ou Wilson », note le Norvégien.