« Cela montre la persistance des produits » selon une association

« Cela montre la persistance des produits » selon une association
« Cela montre la persistance des produits » selon une association

C’est une première en France. Une grande étude est lancée par ATMO Occitanie, l’observatoire régional de la qualité de l’air. Il s’agit de la détection de perturbateurs endocriniens dans l’air que nous respirons. Une étude qui sera menée sur 3 ans sur 5 sites de la région Occitanie. Une première étape, une étude exploratoire lancée en mars 2024, a déjà révélé quelques données : les phtalates, les alkyphénols, les HAP, sont très présents dans l’air d’Occitanie.

La présence de perturbateurs endocriniens n’a jamais été étudiée dans l’air. La présence de ces substances d’origine chimique ou naturelle capables de perturber le fonctionnement hormonal normal des êtres vivants a été étudiée dans l’eau mais jamais dans le « compartiment aérien ».

ATMO Occitanie mène la première étude à grande échelle sur le sujet. Pendant trois ans l’air des deux métropoles Toulouse et Montpellier sera analysé, comme celui des territoires agricoles de l’Aude et de la Haute Garonne.

A lire : Polluants éternels : trois captages d’eau potable dépassent les normes PFAS autorisées sur les 326 testés en Occitanie

Le périmètre de l’étude s’intéressera également à l’air d’Alès, ville du Gard au passé industriel. Les Pfas, ces polluants persistants présents dans de nombreux objets du quotidien comme les poêles, feront l’objet de recherches en parallèle.

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ATMO Occitanie, l’observatoire de la qualité de l’air dispose de capteurs sur différents sites de la région.

© Capture d’écran du site ATMO Occitanie

Une année de travail a été nécessaire la Sorbonne pour établir un protocole. « Il a fallu d’abord définir la méthode de captage de l’air. Nous avons choisi une cartouche de résine neutre capable de capter les particules et les gaz. Cela serait suivi en laboratoire par une identification et une analyse des molécules.précise Dominique Tilak, directeur général d’ATMO Occitanie.

En préambule de cette opération, une étude exploratoire vient d’être réalisée depuis le mois de mars. Et les premiers résultats viennent d’être rendus publics. Il est difficile pour l’instant de préciser les effets avérés sur la santé, mais sur 56 molécules recherchées, 46 ont été retrouvées dans l’air.

« Nous avons placé les capteurs à 4 à 5 mètres de hauteur, pour être au plus près de l’air respiré par la population. Il y a certaines molécules qu’on ne s’attendait pas à trouver dans l’air extérieur”explique Dominique Tilak.

Les phtalates par exemple. Ces substances présentes dans les cosmétiques, les produits ménagers et les sols en vinyle sont en effet présentes dans l’air. « Six types de phtalates sur 7 sont présents dans 80 % des échantillons avec une concentration cumulée de 278 nanogrammes par m3. Ce chiffre est une moyenne »révèle le directeur général d’ATMO.

Les HAP ont également été capturés par les capteurs dans 80 % des échantillons. Ce sont des substances résultant de la combustion du bois et du pétrole. « On en trouve de plus grandes quantités en hiver. Mais ces substances sont présentes tout au long de l’année. »explique le directeur d’ATMO.

Plus surprenant, des insecticides ont été trouvés et pas n’importe lesquels. Le lindane est présent dans tous les échantillons. C’est un insecticide utilisé depuis les années 1930 en agriculture et dans le traitement des poux et de la gale chez l’homme. Ce produit, dont l’usage est interdit depuis 1998, est toujours présent dans notre air.

Premier enseignement pour Dominique Tilak : « Cela montre la persistance des produits. On voit bien que malgré une interdiction depuis plus de 20 ans, le lindane est toujours présent. C’est la même chose avec les PCB, même s’ils sont interdits depuis 1987. ». Quel impact sur la santé ? Il est impossible de le déterminer pour l’instant selon ATMO Occitanie qui a participé en mars dernier aux rencontres internationales air et santé.

Moins surprenante est la présence de Musc, utilisé dans les parfums ou les savons. « Presque tout le monde porte du parfum, pas étonnant qu’on en retrouve dans l’air ! »

Après cette phase d’étude exploratoire, les capteurs installés sur les 5 sites d’Occitanie scruteront donc l’air d’Occitanie pendant 3 ans. Atmo précise que les études sur le « compartiment aérien » ont été plus rares que celles sur l’eau concernant les perturbateurs endocriniens. « Cela n’a jamais été fait et nous avons peu de recul sur les perturbateurs endocriniens présents dans l’air et peu d’analyses de leurs effets sur la santé. L’enjeu pour nous est donc effectivement de stocker, de produire des données pour que les agences de santé puissent les exploiter pour savoir comment répondre à la question : y a-t-il un problème ou pas d’un point de vue sanitaire sur l’air que nous respirons ?conclut Dominique Tilak.

 
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