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Regardons d’abord le verre à moitié plein. 70,2% des Belges avalent au moins un produit pharmaceutique par an. Cela signifie qu’ils ont accès aux soins de santé et que la Sécurité Sociale fonctionne. Ce chiffre n’a d’ailleurs pas augmenté depuis une bonne dizaine d’années. Durant la pandémie, il a même baissé avant de retrouver son niveau « normal ». C’est rassurant, car cela signifie que la part des Belges en bonne santé ne diminue pas. Mais on peut aussi prendre le verre à moitié vide, et se dire qu’il n’augmente pas non plus.
En revanche, le type de drogues consommées évolue de manière relativement significative. Ainsi, les Belges prennent certes un peu moins d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires que par le passé, mais ils ont augmenté la consommation d’antiacides, de préparations antiflatulentes ou d’anti-ulcères. Tout comme celle des analgésiques, dont le paracétamol, et des antihistaminiques, et donc des antidépresseurs. Si l’on ne prend pas en compte uniquement les « usages systémiques », on considère qu’un Belge sur quatre prend au moins un psychotrope par an. C’est énorme.
Plus on vieillit, plus on prend de pilules
Évidemment, ce chiffre global cache des réalités différentes. L’âge influence considérablement la consommation de médicaments. Les moins de 17 ans sont logiquement ceux qui en prennent le moins. En 2022 (derniers chiffres disponibles), un peu plus de 4 jeunes sur 10 (35,9%) avaient bénéficié d’un produit remboursé. Ce chiffre s’élève à 70 % pour les 18-64 ans, et atteint 9 personnes sur 10 âgées de 65 ans et plus. Depuis 2020, année marquée par la pandémie de coronavirus, la baisse la plus notable de la consommation de substances pharmaceutiques a été observée chez les jeunes, tandis que chez les 65 ans et plus, ce pourcentage est resté très stable.
Les femmes sont-elles plus malades que les hommes ?
La consommation de médicaments remboursés est plus importante chez les femmes que chez les hommes, avec un écart particulièrement marqué dans la tranche d’âge de 18 à 64 ans. Ce phénomène n’est pas spécifique à notre pays : on le retrouve dans les données d’Eurostat. Comment expliquer cette différence ? Cette différence peut s’expliquer en partie par l’utilisation de contraceptifs oraux et d’hormones ménopausiques, même si elle est également présente, à des degrés divers, dans d’autres catégories de produits pharmaceutiques.
Prenons-nous trop de médicaments ?
Ces chiffres ne sont pas anodins, et c’est tout un paradoxe. Alors que les médicaments sont censés nous guérir, lorsque nous les prenons mal ou en consommons trop, ils peuvent nous nuire. Ou même nous rendre gravement malade. Les effets secondaires sont bien entendu répertoriés dans la notice. Et puis, les médecins et les pharmaciens alertent souvent les patients des dangers. Mais cela s’avère parfois insuffisant pour convaincre les patients d’y aller doucement. Cela explique pourquoi le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a communiqué à plusieurs reprises sur le sujet. Il a même lancé des campagnes de sensibilisation à destination des professionnels de santé afin qu’ils puissent mieux éduquer les patients.