En Suède, sur le chantier de construction d’une formidable « forge » à neutrons

En Suède, sur le chantier de construction d’une formidable « forge » à neutrons
En Suède, sur le chantier de construction d’une formidable « forge » à neutrons
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Les ouvriers travaillent sur l’accélérateur de particules linéaire de six cents mètres, qui produira la Source de neutrons la plus puissante au monde. A l’ESS (European Spallation Source), à ​​Lund (Suède), le 26 avril 2024. EMMANUEL DUNAND/AFP

A Lund, petite ville de Skåne, au sud de la Suède, l’unique ligne de tramway s’arrête au pied d’un vieux moulin à vent, au milieu de champs rongés par d’immenses constructions modernes. ESS Terminus, pour « Source de Spallation Européenne ». Ce nom énigmatique désigne la future Source de neutrons la plus puissante au monde. Produits à l’aide d’un accélérateur de particules linéaire de 600 mètres, dont l’empreinte s’étend sous la campagne suédoise, ces neutrons permettront de sonder la matière avec une précision sans précédent.

La construction de ce projet imaginé dans les années 1990, officiellement né en 2003, a débuté il y a dix ans. Le génie civil s’est achevé en 2022, mais l’installation de l’accélérateur de particules, la cible sur laquelle la collision des protons générera les précieux neutrons et la quinzaine d’instruments qui révéleront l’intérieur des échantillons testés, se poursuit activement. . Avec pour objectif une ouverture aux utilisateurs, scientifiques et industriels en 2028.

La visite, organisée par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), important contributeur en nature à l’installation, à travers la fourniture d’équipements, est impressionnante. Des tunnels sans fin sont hérissés de tuyaux tordus et bruissants, pour assurer le refroidissement à l’hélium liquide et le vide dans l’accélérateur linéaire. Des rangées de serveurs se préparent à digérer les données de contrôle et de commande de l’installation. Des salles gigantesques sont jonchées d’énormes blocs Tetris imbriqués, destinés à isoler la quinzaine de faisceaux de neutrons provenant de la cible émettrice en rotation. Il est désormais enfermé dans un épais cocon de béton, pour confiner les radiations qui résulteront de son bombardement. En fin de course, les quinze instruments, où les propriétés des échantillons seront révélées par les neutrons, assemblent leurs détecteurs : c’est en effet en mesurant leur diffusion dans la matière que l’on peut déduire la composition et le comportement de ce matériau. . ce.

Mission scientifique et politique

Le premier faisceau de protons devrait atteindre sa cible en tungstène « Le 4 juillet 2025, si on a de la chance », selon Kevin Jones, directeur technique de l’ESS. Ce choix de date – anniversaire de l’indépendance des Etats-Unis – fait que cet Américain, vétéran des laboratoires nationaux de Los Alamos et d’Oak Ridge, sort de sa retraite de consultant pour reprendre du service en Europe.

Si l’ESS est un ERIC, un « consortium pour une infrastructure européenne de recherche », hébergé par deux pays hôtes – la Suède et le Danemark –, construit par treize nations du Vieux Continent, grâce aux contributions d’une centaine de laboratoires, il mobilise les savoir-faire de « 550 salariés d’une soixantaine de nationalités »rappelle l’Allemand Helmut Schober, le directeur général de l’ESS. « Notre mission est en principe relativement simple : construire et exploiter la Source de neutrons la plus puissante au monde, pour contribuer à faire des percées dans la recherche sur les matériaux », il explique. Une mission qu’il qualifie aussi de politique. « Si l’Europe veut rester un leader mondial, protéger son modèle social et la planète, et pas seulement son pouvoir d’achat, il est impératif de maîtriser ces outils très complexes et d’en tirer le maximum d’impact pendant quarante ans »assure le physicien.

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