Décryptage – Tout le monde rêve de le gagner, mais à qui appartient la Lune ? – .

Décryptage – Tout le monde rêve de le gagner, mais à qui appartient la Lune ? – .
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La Lune : un plan de secours ?

Le nouvel objectif à atteindre pour les agences spatiales et les entreprises privées est de s’implanter directement sur la Lune. Car ce satellite est vu comme une première étape avant de voyager vers des régions encore plus lointaines de l’espace. C’est notamment le cas de la mission Artemis, dirigée par l’agence spatiale américaine (NASA), dont le but est d’installer, d’ici quelques années, des êtres humains sur la zone lunaire.

Mais la NASA a une idée bien précise en tête : elle aimerait pouvoir exploiter les ressources naturelles de la Lune, mais aussi y faire des avancées scientifiques. Car s’installer sur la Lune n’est en réalité qu’une partie du projet. Le but ultime est le voyage vers Mars. Mais avec les navires actuels, l’expédition prendrait environ 260 jours depuis la Terre. Or, depuis la Lune, cela ne durerait que 3 jours.

Vivre sur la Lune permettrait aux Terriens envoyés là-bas d’apprendre à survivre en terrain hostile, de récolter les ressources nécessaires à ce voyage vers Mars et de tester de nouvelles technologies. Un travail de longue haleine pour lancer de futures missions de colonisation spatiale.

Un projet utopique

La Lune étant riche en matières premières, elle recèle en effet un potentiel important. Trois ressources naturelles pourraient ainsi y être extraites : des cratères gelés remplis d’eau lunaire, de l’hélium 3 et de l’or trouvé dans les astéroïdes.

LE d’abord serviraient à fabriquer le carburant nécessaire aux véhicules spatiaux, ils pourraient fournir de l’eau et de l’oxygène essentiels à la vie et de l’hydrogène pour alimenter les navires. LE deuxième permettrait aux chercheurs de travailler sur le fonctionnement des réacteurs à fusion nucléaire. Et enfin, or est, quant à elle, d’une grande rareté.

Mais exploiter ainsi la Lune risque de provoquer sa déformation, comme nous l’explique Yaël Nazé, astrophysicienne. « Si vous exploitez, vous défigurez la Lune. Toutes les ressources de la Lune sont comme celles de la Terre, c’est-à-dire non renouvelables. » Elle estime que ce projet spatial est utopique et qu’il a peu de chance de voir le jour dans les années à venir.

Y mettre les pieds quelques jours, mais c’est tout

Yaël Nazé pointe également une première difficulté : celle de vivre sur la Lune. Pour ce faire, il faudrait créer des bases lunaires autosuffisantes. Pour elle, ce projet est actuellement impossible, tant financièrement que techniquement. Et même irréalisable pour les 20 prochaines années. “Ils peuvent se promener, mettre les pieds quelques jours, mais c’est tout”elle dit.

Mais la détermination des entreprises privées et des pays, qui continuent d’envoyer des vaisseaux spatiaux, met en danger l’espace et sa gestion. Le jour où les activités cosmiques seront possibles, quelle sera la procédure à suivre pour les pays et sociétés souhaitant atterrir sur la Lune ?

Règlements

Face aux ambitions commerciales et à l’exploitation de la Lune, une régulation devient de plus en plus indispensable. Mais les avis divergent au sujet des lois spatiales. Un Traité sur l’Espace est signé en 1967, puis 12 ans plus tard, un Traité sur la Lune. Mais, si ces deux lois sont censées se compléter, en pratique, ce n’est pas si simple.

LE Traité spatial prône deux principes : celui de la liberté d’exploration et celui de l’interdiction à un État de s’approprier l’Espace. A cela s’ajoute l’interdiction d’un établissement militaire sur le corps céleste. Mais ce texte manque de précision et ne concerne que les activités de l’État. Il ne mentionne ni les particuliers ni les entreprises privées.

Le nouveau traité, celui de la Lune, corrige ce détail en précisant cette fois que rien ni personne ne peut s’approprier la Lune. Mais contrairement au Traité spatial, celui-ci a été signé par très peu de personnes. Les États-Unis et la Chine, par exemple, ne l’ont pas ratifié.

Une nouvelle législation voit le jour

Un conflit persiste donc entre ces deux traités, et l’incompréhension sur les règles à suivre s’accentue avec l’arrivée de nombreuses législations alimentées par l’idée d’exploiter la Lune. Par exemple, en 2015, l’accord américain SpaceAct stipule qu’aucun territoire dans l’espace ne sera revendiqué par les États-Unis, mais le pays consacre la possibilité pour les entreprises privées de posséder, d’utiliser et de vendre toutes les ressources qu’elles pourraient trouver. Cet accord contredit l’esprit du traité de 1967.

5 ans plus tard, Washington continue, aux côtés des pays intéressés, d’élaborer des accords de coopération bilatérale avec les accords Artemis. Ceux-ci réaffirment le Traité spatial de 1967. Ils soulignent le côté pacifique et le respect de l’héritage céleste à adopter. Mais ces notions restent controversées pour la Russie et la Chine, qui ont refusé de signer ces accords.

On se rend compte que ça va être une catastrophe dans l’Espace.

Pour l’astrophysicienne Yaël Nazé, les réglementations américaine et chinoise risquent de susciter des inquiétudes, notamment concernant la délimitation de la zone lunaire. Pour elle, le point stratégique sur la Lune est le pôle Sud, qui contient des cratères gelés remplis d’eau lunaire, une ressource importante.

Mais dans toute cette confusion, quelle règle prévaudra si chaque pays a sa propre loi ? Pour Yaël Nazé, on va vers la catastrophe. « Nous sommes dans le Far West, ils sont dans une perspective d’exploitation et c’est tout. Nous voyons tous les problèmes venir. On se rend compte que ça va être une catastrophe dans l’Espace. Que se passera-t-il ? Et si les États-Unis et la Chine se retrouvent sur le même territoire lunaire ?dit notre astrophysicien.

Qui gouverne la Lune ?

Entre la vision des scientifiques – avec une conception apaisée et égalitaire de l’Espace – et celle des agences spatiales et des entreprises privées – aux visées colonialistes -, une question se pose : qui gouverne la Lune ?

Pour Yaël Nazé, il est clair que l’Espace risque de connaître le même schéma de colonisation que la Terre. L’astrophysicien compare aussi l’appropriation de la Lune à celle du pillage des sociétés humaines : « Les gens se sont appropriés des terres entières sans tenir compte des habitants ni des voisins. Pourquoi ne le feraient-ils pas avec la Lune ?fait-elle remarquer.

Pour savoir à qui appartient la Lune, il faut donc se demander comment s’y approprier les terres. Faut-il d’abord le délimiter ? Pouvons-nous répandre des drapeaux sur la zone lunaire pour marquer notre territoire ? Si la Terre appartient à tous, elle est néanmoins gouvernée par d’importants acteurs économiques.

Tout comme notre planète, la loi du plus fort risque d’être appliquée pour acquérir la Lune… Mais pour l’instant, elle reste accessible à toute l’Humanité.

 
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