Si Servette avait mieux tenu sa place lorsqu’il avait pris la tête de la Super League, au soir de sa victoire 1-3 contre Zurich au Letzigrund le 27 octobre, ses supporters ne maudiraient pas une fin d’année 2024 catastrophique.
Mais le club grenat n’a pas réussi à afficher les ambitions d’un potentiel candidat au titre. Il n’a ainsi réussi à célébrer qu’un seul succès depuis sa « fausse » prise de pouvoir, contre trois nuls et autant de défaites. Un record indigne d’un prétendant.
Une densité incroyable
Rejeté à la 5e place après avoir été éjecté du podium à la pause, le club genevois en est même réduit à regarder derrière lui plutôt que de se projeter vers les sommets. Avant de penser au titre, il lui faudra d’abord assurer sa place pour le tour final, qui est loin d’être garanti – en fait, ce n’est pas pour presque tout le monde – même s’il reste encore… 45 points à jouer. jusqu’à la fin du troisième tour de qualification, le 21 avril.
La vraie chance du Servette, c’est l’incroyable densité du championnat, où aucun des sept leaders qui se sont succédé ne s’est imposé dans la durée. Avec six équipes regroupées en quatre points seulement, cela ouvre considérablement le champ des possibles. Vous pouvez atteindre le sommet aussi rapidement que vous descendez.
Tout dépend d’un homme
La question – valant plusieurs millions de francs – à laquelle les dirigeants de la Praille devront répondre entre – ou avant – la dinde de Noël et les fêtes de fin d’année est en apparence simple : Servette veut-il jouer pour le titre et, en l’occurrence – là, faire en sorte qu’on s’en donne réellement les moyens (ce qui reviendrait à renforcer un contingent dont on a pu percevoir les limites) ? Ou compte-t-il avant tout récupérer son investissement tout en réalisant une plus-value substantielle destinée à renflouer ses caisses ? Ce n’est bien sûr pas tout à fait la même chose ni la même stratégie mais dans les deux cas, l’enjeu reste avant tout lié à un seul homme : Derek Kutesa, meilleur déclencheur du championnat (11 buts).
S’il devait se concrétiser lors du mercato hivernal, le départ de son joyau enterrerait sérieusement les chances du Servette de s’engager dans une course au titre plus ouverte que jamais. A l’heure où le public genevois attend depuis plus d’un quart de siècle un titre de champion (le 2 juin 1999 à Pontaise), cela représenterait aussi un désaveu difficile pour le kop de la Praille, persuadé que c’est sans doute cette fois le titre. ou jamais.
Il y a douze mois, Servette avait laissé filer son attaquant Chris Bedia, dont le transfert à Berlin lui avait rapporté quelque 2 millions d’euros. Mais on sait aussi ce que cela a coûté à Genève pendant longtemps dans la course au titre avant de s’essouffler au printemps, faute de disposer d’un vrai buteur et d’un banc suffisamment garni.
Les fans attendent un signal fort
La question subsidiaire réside dans les ambitions réelles des responsables du SFC : à moyen terme, que comptent-ils faire de la section football ? Dans la galaxie grenat, il y a aussi des filles de hockey, de rugby et de football. Cela fait beaucoup d’entités différentes à satisfaire, peut-être trop, à l’heure où les circuits financiers semblent teintés de mystère (où va l’argent ?).
Sans préjuger de ce que l’on pourrait trouver sous le sapin du stade de Genève, les supporters du Servette ont besoin d’un signal fort, de nature à les rassurer. Cela pourrait prendre la forme d’un recrutement – enfin – à la hauteur des attentes populaires.
Oui, un mercato pour un futur champion, c’est exactement ce dont Servette aurait besoin du Père Noël pour faire autre chose que rêver. A René Weiler d’enfiler désormais le bon costume avant un mercato hivernal qui, de Lugano (1er) aux Young Boys (9e), s’annonce décisif dans cette passionnante course au titre semée d’embûches.