dans les Landes, un chien robot aux mille casquettes

dans les Landes, un chien robot aux mille casquettes
dans les Landes, un chien robot aux mille casquettes

Après avoir joué au déminage aux Jeux Olympiques de Paris, E-doggy est de retour en action. Et cette fois, il vient à la ferme. Depuis la fin de l’été, la coopérative agricole landaise Maïsadour expérimente l’utilisation de ce drôle de robot à quatre pattes et sans tête auprès des éleveurs de volailles, dont la démarche rappelle celle d’un chien. Sa mission : ramener chaque soir des dizaines de milliers de poules dans leurs refuges.

« C’est un travail qui demande aux éleveurs entre une heure et une heure et demie par jour, résume Laetitia Domange, directrice du développement agricole à Maïsadour. Au niveau de la vie sociale et familiale, cela représente beaucoup de tension. Avec E-doggy, le temps est réduit. »

Concrètement, le chien robot guide les poules vers les bâtiments, détecte celles qui restent à l’extérieur et envoie un signal au système qui ordonne la fermeture des trappes. S’il n’est pas encore parfaitement autonome, ses concepteurs développent l’intelligence artificielle pour lui permettre de se frayer un chemin au-delà d’un circuit programmé par l’éleveur.

Conçu pour la sécurité

Développé à l’origine pour la sécurité civile, E-doggy n’était pas prédestiné à entrer dans le domaine agricole. Lors des Jeux Olympiques de Paris, le robot a assisté les équipes de déminage en Île-de-, mais aussi à Bordeaux et Lyon. En 2023, on l’a même vu s’essayer à la vente ambulante sur les plages de la côte atlantique…

L’idée d’appliquer une telle innovation à l’aviculture a germé dans l’esprit de Laetitia Domange en discutant avec Anthony Gavend, fondateur d’Evotech, l’entreprise – également landaise – qui fabrique et commercialise le robot. « A l’origine, c’était sur un ton humoristiquedit-elle. Le premier agriculteur auprès duquel nous l’avons testé était assez dubitatif… Avant de se rendre compte que cela fonctionnait. »

« Briques technologiques »

Pour adapter l’outil à ses différents usages, Evotech modifie les capteurs, intègre des outils comme des caméras thermiques et conçoit différents algorithmes d’intelligence artificielle. « Ce sont des briques technologiques que nous ajoutons à notre chien au cas par cas. » explique Anthony Gavend. Jusqu’à présent, l’entreprise a commercialisé quelques dizaines de robots.

Elle s’intéresse particulièrement à la sécurisation des sites événementiels ou logistiques. “Dans ces cas-là, notre chien sert de détecteur et de dissuasion, illustre son concepteur. S’il détecte quelqu’un dans une zone interdite en pleine nuit, il déclenche l’alerte et peut l’effrayer grâce à des sirènes et des flashs (projecteurs). »

Faciliter la transmission

En matière agricole, Evotech teste également les capacités de son robot pour aider à identifier les maladies dans les cultures. De son côté, Maïsadour imagine de futures applications pour l’élevage : E-doggy pourrait, grâce à ses capacités d’effarouchement, protéger les animaux des prédateurs ou, avec de nouveaux capteurs, détecter des infections dans les troupeaux.

“Le robot doit permettre de libérer du temps pour soi et sa famille, et donc rendre moins difficile le transfert d’exploitations ou l’installation de jeunes éleveurs”, soutient Laetitia Domange. Au passage, cela pourrait contribuer à la pérennisation de l’indication géographique protégée (IGP) « Poulet fermier des Landes », qui impose un élevage en plein air, et donc la routine de mettre les poules à l’abri tous les soirs.

Mise en service été 2025

Pour s’offrir un de ces chiens 2.0, les agriculteurs, les sociétés de sécurité privées ou tout autre entrepreneur qui y voit une utilité doivent débourser environ 10 000 €. Un coût important pour les éleveurs, qu’ils peuvent cependant amortir dans un délai relativement court, selon Maïsadour. “S’ils comptent la rémunération du temps passé à amener les poules, ils rentabilisent l’outil en un an”, affirme ainsi Laetitia Domange.

Dans les prochains mois, la coopérative espère convaincre au moins un tiers des 250 agriculteurs avec lesquels elle travaille de s’équiper d’un tel outil. Reste à savoir si l’optimisme entourant cette innovation perdurera au-delà de l’effet d’annonce. Cette version d’E-doggy est encore en phase de test. Si son développement se poursuit correctement, il pourrait être commercialisé dès l’été 2025.

 
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