Sla rareté dit tout sur sa valeur. Il rappelle les débuts de la signalisation routière et le développement de l’automobile. La borne kilométrique d’angle en béton Michelin, découverte à Royan dans un bunker lors de fouilles archéologiques prévues en 2022 côté Belmont, est un précieux vestige de l’histoire contemporaine. Daté de 1938 et initialement placé sur un carrefour routier, il finit enseveli sous des mètres cubes de terre à la fin de la Seconde Guerre mondiale. « Peut-être parce que les itinéraires n’existaient plus. Il y a eu des changements lors de la reconstruction. Après le conflit, ce type de borne a été remplacé par des panneaux plus faciles à fabriquer et à installer », explique Théo Aubry, le responsable des opérations du service d’archéologie de Charente-Maritime à l’origine de cette découverte.
Nous pouvons le comprendre. Ce beau bébé d’environ 400 kilos n’était pas facile à transporter. Pour transporter ce terminal jusqu’au musée de Royan, où il est aujourd’hui exposé, de nombreuses manipulations ont été nécessaires. De plus, son bon état de conservation s’explique par l’utilisation de roche volcanique dans la réalisation des inscriptions sur les différentes faces. « Quatre assiettes ont été découpées, lavées, séchées puis émaillées. Les différentes couches d’émail ont été appliquées manuellement ou à l’aide de pochoirs puis cuites successivement. » Un processus qui a pris du -.
Pour avoir une idée de la position de cette borne, il suffit de lire les distances qui y sont indiquées. Royan était à quatre kilomètres, la Grande Côte à sept kilomètres, Breuillet à cinq kilomètres. « Ces indications étaient généralement positionnées à mi-hauteur, sur une base conique, pour que les automobilistes puissent les voir », révèle Théo Aubry. Pour un collectionneur, c’est en tout cas une perle rare. « On en a trouvé moins d’une dizaine dans le département. »
Une restauration
Après être sorti des entrailles de la terre, le terminal s’est dirigé vers le centre d’études archéologiques de Saint-Césaire, près de Saintes. « Avant de l’exposer à Royan, nous l’avons envoyé à l’atelier Passé recomposé, à Bordeaux, pour que la restauratrice Isabelle Ducassou s’en occupe », révèle la directrice du musée Isabelle Debette. Sachant qu’il manquait le socle et le chapeau en béton en forme de pyramide.
A travers cette borne, c’est aussi l’histoire de l’entreprise Michelin qui refait surface. Au début du 20e siècle, elle est une véritable pionnière de la signalisation routière. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, André Michelin entreprend l’étude d’une signalisation qui rassemblerait sur un support unique toutes les informations nécessaires à l’automobiliste pour suivre correctement son itinéraire. Il réalise, à partir de 1918, des balises d’intersection qui portent, entre autres, des indications de direction et de kilométrage. Mais c’est en 1928 que la forme définitive, constituée d’un pied plus large au sol et d’un pied plus fin dans le support du cube de signalisation, fut adoptée. Son utilisation a été officiellement approuvée en 1931. Il y a près d’un siècle.
Royan Museum, 31 avenue de Paris. www.ville-royan.fr/culture-patrimoine/musee.html