Les origines de la mode sportive remontent à l’Antiquité. Dans la Grèce antique, les athlètes concouraient souvent nus, une coutume qui exaltait le corps et maximisait la liberté de mouvement. Les activités physiques faisaient partie intégrante de la culture grecque, notamment avec les Jeux Olympiques où la force, la vitesse et l’agilité étaient célébrées. L’idée d’une performance optimisée par le vêtement n’est apparue que bien plus tard.
Dès la fin du XVIIIe siècle, l’aristocratie appréciait la pratique d’activités physiques de plein air, comme l’équitation ou le tir à l’arc. Mais ces pratiques s’accompagnent de codes vestimentaires stricts, très éloignés du confort et de la flexibilité.
Il faudra attendre le XIXème siècle pour que le mot « sport » prenne le sens que l’on lui connaît aujourd’hui. Les classes aisées se lancent dans de nouveaux sports, comme le tennis ou le golf, mais continuent de porter des vêtements élégants et volumineux. Comme dans leur vie quotidienne, les femmes portent des corsets et des jupes longues. En revanche, les nouveaux sports collectifs, rapidement devenus populaires malgré leur origine élitiste (football, rugby), offrent l’occasion de porter des tenues enfin adaptées au mouvement. Le maillot jersey et les chaussures à crampons font partie de ces premières adaptations.
Le XXe siècle : le fonctionnel en première ligne
Dans la première moitié du XXe siècle, le monde du sport a gagné en popularité, non seulement en tant qu’activité mais aussi en tant que spectacle. Avec la création de compétitions internationales telles que les Jeux Olympiques modernes, l’attention portée à la tenue vestimentaire des athlètes s’est intensifiée. Nous cherchons à améliorer les performances grâce à des vêtements conçus spécifiquement pour chaque discipline sportive.
Les années 1920 et 1930 voient l’émergence des premiers vêtements spécifiquement conçus pour le sport. Le survêtement, qui comme son nom l’indique, se porte par-dessus les vêtements, est apprécié pour s’échauffer et récupérer après l’effort. Le sport devient progressivement une activité de loisir accessible à un plus large public. Les t-shirts et les shorts constituent l’uniforme.
Parallèlement, certains athlètes commencent à faire l’objet d’une grande attention médiatique. Suzanne Lenglen, la championne française de tennis habillée par le grand couturier Jean Patou, incarne une nouvelle esthétique sportive, faite d’élégance et de confort. Grâce à l’engouement pour le sport et ses célébrités, la haute couture propose désormais un style « sport », plus décontracté mais toujours aussi raffiné.
Matériaux et performances : la révolution synthétique
Après la Seconde Guerre mondiale, l’industrialisation du textile et de la pétrochimie ouvrent la voie à de nouveaux matériaux qui révolutionnent l’habillement sportif. Les années 1960 et 1970 voient l’arrivée des textiles synthétiques comme le polyester, le nylon et surtout l’élasthanne. Ces matières sont légères, élastiques, et permettent une meilleure gestion de la transpiration. L’élasthanne offre un vêtement ajusté qui suit les mouvements du corps sans le contraindre. La natation puis la gymnastique profitent rapidement de ces nouvelles possibilités.
Cette avancée technique coïncide avec l’émergence de la culture du fitness. À partir de la fin des années 1970, le corps sculpté en salle de sport et dans les cours d’aérobic devient un idéal à atteindre. Des leggings et bodys aux couleurs fluo accompagnent ce mouvement, tout comme des baskets griffées adaptées à chaque discipline. Le sportswear quitte les salles de cinéma pour envahir les garde-robes, marquant le début de la fusion entre sport et mode. Le survêtement, quant à lui, revêt des significations ambivalentes, à la fois proposées par les grandes maisons de luxe et adoptées par la culture hip-hop rebelle.
Années 1990 et 2000 : le sport devient tendance
Les années 1990 marquent une nouvelle étape pour le sportswear. La popularité croissante du streetwear, influencé par les cultures urbaines, fait du style sportif un symbole de jeunesse et de contestation. Des marques comme Nike, Adidas et Fila deviennent des icônes de la mode, notamment dans les villes, où leurs logos et leurs baskets sont visibles partout. Les vêtements de sport deviennent un signe d’appartenance culturelle.
Dans les années 2000, cette influence se renforce avec les collaborations entre marques de luxe et équipementiers. Des partenariats comme celui entre Adidas et le designer Yohji Yamamoto, qui ont fondé ensemble la marque Y-3, montrent que le sportswear a désormais sa place dans la mode officielle. La culture de la performance et du bien-être s’inscrit durablement dans les mœurs, et les vêtements de sport deviennent des symboles de réussite, de dynamisme et d’autodiscipline.
« Athleisure » : une mode du quotidien inspirée du sport
Ces dernières années, la tendance athlétisme croît à toute vitesse. Ce style qui mélange sportswear et mode du quotidien met en avant la recherche de confort et de polyvalence. Leggings, sweats à capuche et baskets se portent aujourd’hui autant pour le sport que pour la vie de tous les jours. Les codes vestimentaires ont évolué et les vêtements de sport sont désormais acceptés dans des contextes autrefois réservés aux tenues formelles.
Cette tendance est également propulsée par des athlètes de renom, devenus de véritables icônes de mode, à l’instar des sœurs Williams. Ils collaborent avec des marques ou fondent leurs propres labels pour créer des collections alliant mode et performance. Le sportswear ne se contente plus d’être pratique, il est devenu symbole de valeurs positives associées à la compétition : la persévérance, le dépassement de soi ou encore l’esprit d’équipe.
Du stade au podium de la mode, du podium au terrain
En interrogeant les liens entre ces deux univers apparemment opposés, l’exposition Mode et sport, d’un podium à l’autre montre comment les vêtements de sport, initialement conçus pour répondre à des besoins fonctionnels, sont devenus des pièces de mode incontournables, influençant durablement les styles à travers les générations.
On découvre aussi que la mode n’a jamais cessé d’influencer les vêtements portés pour l’activité sportive, du tennis chic du XIXème siècle à Andre Agassi en denim et couleurs fluo sur la terre battue. Le sport et la mode fusionnent désormais pour répondre aux exigences de performance et de style de notre époque. Chaque domaine bénéficie des valeurs positives portées par l’autre. Plus qu’un choix d’apparence, les vêtements de sport incarnent aujourd’hui des valeurs universelles, telles que la liberté de mouvement, l’innovation et la modernité.
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