la peur d’un Tour de France éteinte dès le départ par l’ogre Pogacar – .

la peur d’un Tour de France éteinte dès le départ par l’ogre Pogacar – .
la peur d’un Tour de France éteinte dès le départ par l’ogre Pogacar – .

Lancé à l’assaut d’un doublé Giro-Tour de France, le plus réussi depuis Marco Pantani en 1998, Tadej Pogacar est désigné par tout le monde comme le favori numéro un au départ de Florence ce samedi. La forme incertaine de ses principaux rivaux, Jonas Vingegaard en tête, laisse craindre une bataille peut-être moins intense que prévu, même si la préparation du Slovène a été perturbée par le coronavirus.

S’agit-il d’une hallucination due au soleil brûlant des premiers jours d’été dans la cité toscane ? Peut-être. Venu assister jeudi à Florence à la présentation des vingt-deux équipes de ce Tour de France millésime 2024, enveloppé de son drapeau aux couleurs de l’Italie, et d’un vieux maillot rose fluo siglé Lampre, Pietro est catégorique.

« Oubliez tous vos Avengers », sourit le trader de 38 ans.

Celui qui a réussi à se faufiler dans la foule rassemblée devant le Palazzo Vecchio pour se retrouver aux premiers rangs du spectacle a une idée très précise de l’issue de cette Tournée 2024. “Cette année, je n’en doute pas, je vois une victoire finale pour Giulio Ciccone, le maillot jaune lui ira très bien.” Diffusé avec une drôle d’assurance, le pronostic a le mérite de faire rire ses amis, pas vraiment convaincus à l’idée de voir le grimpeur du Lidl-Trek, chouchou des tifosi et parmi les vainqueurs à l’applaudissement, rivaliser avec « le monstres du peloton ». Ou plutôt les « Quatre Fantastiques » pour reprendre le surnom donné au casting cinq étoiles de cette 111e édition.

Un blockbuster, vraiment ?

Ce samedi, Tadej Pogacar (25 ans), Jonas Vingegaard (27 ans), Primoz Roglic (34 ans) et Remco Evenepoel (24 ans) seront ensemble pour la première fois au départ d’un grand Tour. Tous accompagnés de clients comme Carlos Rodriguez, Adam Yates, Matteo Jorgenson, Juan Ayuso, João Almeida et Geraint Thomas.

« Et le parcours est très alléchant, avec plus de 25 kilomètres au-dessus de 2000 mètres et quatre arrivées au sommet », observe Jérôme Coppel, 13e du Tour 2011 et consultant pour RMC. « Sur le papier, tout était réuni pour assister à un Tour de France exceptionnel, l’un des meilleurs depuis très, très longtemps, avec un duel complètement fou entre Pogacar et Vingegaard. Malheureusement, ce n’est peut-être pas le cas… » Car le blockbuster de juillet n’est plus aussi sûr d’atteindre les sommets de suspense initialement promis. La faute à la partie de boules géante survenue sur le Tour du Pays Basque début avril.

Pris dans une boule collective lors de la quatrième étape, Vingegaard, Roglic et Evenepoel ont tous les trois dû se rendre à l’infirmerie. Si le Slovène s’en est plutôt bien sorti, sans blessure majeure, le Belge a souffert de fractures à une omoplate et à une clavicule, tandis que le double vainqueur sortant du Tour s’est retrouvé avec une clavicule descellée, une contusion pulmonaire, un pneumothorax et plusieurs flancs cassés.

Un an après avoir écœuré la concurrence la semaine dernière, au point d’alimenter le scepticisme d’une partie des suiveurs au terme de son passage monumental à Combloux, le voilà dans les limbes les plus totales. Du moins en apparence. « Je viens avec l’ambition de réaliser le meilleur résultat possible au global. Être ici est une victoire en soi, tout le reste sera du bonus », a-t-il déclaré jeudi.

Vingegaard ne pourra pas se cacher

« Il doit retrouver son rythme et sa confiance, mais le parcours ne lui convient pas du tout. Ce sera dur dès le départ, avec 3 600 m de dénivelé positif le premier jour. Ce sera aussi nerveux dimanche avec l’emblématique montée de San Luca. Et puis mardi on attaquera directement la haute montagne avec l’entrée dans les Alpes. Dans ces conditions, Pogacar et UAE sont tout à fait capables de tuer le Tour en faisant exploser Vingegaard dans le Galibier. Ce pourrait être fini après quatre étapes », estime Coppel, pour qui le Danois doit éviter de « céder plus de trois minutes à Valloire sinon ce sera presque fini ». Sur ce terrain de jeu propice à un feu d’artifice slovène, voir le leader de Visma-Lease a Bike exploser dans les grandes largeurs n’est toutefois pas le scénario privilégié par tous les observateurs.

« Je suis fermement convaincu que Vingegaard ne vient que parce qu’il est sûr de son tir. S’il est là, c’est que son équipe a été plus que rassurée par ses données, du moins à l’entraînement, et qu’elle pense qu’il est rétabli. Et puis il ne faut pas oublier que Pogacar sort du Giro. Tout le monde dit qu’il l’a gagné en se promenant tous les jours, mais il ne s’est pas sauvé non plus. et a multiplié les raids de solidarité. A-t-il suffisamment récupéré pour attaquer immédiatement ? Je le place un cran au-dessus de la concurrence sur ce Tour, mais je me dis qu’on peut faire une course folle d’ici là. “à l’arrivée à Nice si Vingegaard parvient à limiter la casse dans les premiers jours”, insiste l’ancien coureur et team manager, Jérôme Pineau, consultant pour RMC.

Le Covid, un point d’interrogation pour Pogacar

Appuyé par une machine de guerre, avec Ayuso, Almeida et Yates étant comparés par beaucoup aux Real Madrid Galacticos des années 2000, Pogacar s’est lancé dans un défi titanesque. Celui de réaliser deux odyssées de trois semaines, pour 42 étapes et 6 892 kilomètres au total, afin de devenir le premier coureur depuis Marco Pantani en 1998 à remporter le Giro d’Italia et le Tour de France la même année.

Un pari qui n’a été réussi que par sept hommes dans toute l’histoire du cyclisme, tous géants du siècle dernier (Fausto Coppi, Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault, Stephen Roche, Miguel Indurain, et donc Pantani). Dans un passé récent, les rares qui l’ont essayé, comme Alberto Contador ou Chris Froome, ont échoué. Pas de quoi effrayer l’ogre de Komenda, même si le coronavirus a quelque peu perturbé un plan qui se déroulait jusque-là sans problème. « Je suis tombé malade il y a dix jours. J’ai eu le Covid, c’était un peu un point d’interrogation mais j’ai bien récupéré”, a-t-il promis, un an après avoir abordé le Tour avec une préparation perturbée par une fracture du poignet.

Cette fois, il l’assure, il est « totalement rétabli » et prêt à en découdre. « Il faudra voir comment il se sent mais il n’a pas semblé très inquiet. S’il en a parlé, c’est qu’il est sûr de ses billes », veut croire Coppel. Et ce n’est pas Evenepoel qui dira le contraire. « Je m’attends à ce que Tadej soit quasiment inatteignable. Ce qu’il a montré au Giro était impressionnant sans même avoir à puiser dans ses réserves. Il sera l’homme à battre au Tour », a déclaré le Belge avant de quitter Florence. Même discours de Pavel Sivakov, soldat de « Pogi » chez UAE Emirates.

« Il est super détendu. J’étais avec lui quand il a eu le Covid, ça n’a pas beaucoup changé sa préparation, on est toujours confiant”, raconte le Français.

« Le gros risque pour Pogacar, c’est surtout d’avoir une journée sans dans la troisième semaine après avoir beaucoup donné sur le Giro où il ne s’est pas contenté de se concentrer sur une ou deux étapes. C’est son style et il ne changera probablement jamais, mais peut-être regrettera-t-il de ne pas avoir mieux géré ses efforts sur le Tour d’Italie”, explique Pineau, tandis que Coppel le juge “beaucoup plus fort que les deux dernières années”.

Evenepoel et Roglic pas dans le même championnat ?

« Il a perdu du poids et changé d’entraîneur. On sent qu’il n’est plus le même coureur. Il est étonnant dans tout ce qu’il fait. En plus de ça, son équipe a progressé en termes de matériel et se présente au départ avec des stars qui seraient leaders dans presque n’importe quelle autre équipe. C’est un peu l’inverse pour Visma, qui a enchaîné les pépins et les abandons cette saison. L’absence de Sepp Kuss (insuffisamment remis du Covid) peut leur faire très mal », explique l’ancien champion de France du contre-la-montre. « Il y a Pogacar et les autres. On ne sait pas où en est Jonas, mais peut-être qu’il sera au top de sa forme », estime David Gaudu, qui visera les victoires au général et d’étape avec Groupama-FDJ.

Mais s’il s’agit principalement de Pogacar et Vingegaard, qu’en est-il du reste du casting ? Après avoir franchi un nouveau palier en remportant son premier Grand Tour sur la Vuelta en 2022, Evenepoel a connu deux déceptions sur le Giro d’Italia (abandons en 2021 et 2023). Remonté de sa chute au Pays Basque, il a souffert dès la route grimpée sur le récent Critérium du Dauphiné, qu’il n’a terminé qu’à la septième place d’un classement général remporté par Roglic.

Ce dernier a failli tout perdre lors de la dernière étape du Plateau des Glières, sauvant son maillot jaune pendant seulement huit secondes face à Matteo Jorgenson. Passé cet hiver de Visma à Bora-Hansgrohe, qui compte désormais sur les moyens de Red Bull pour franchir un cap financier et sportif, le Slovène pourra s’appuyer sur de solides lieutenants sur ce Tour comme le Russe Alexander Vlasov ou le L’Australien Jai Hindley, vainqueur d’étape et porteur du maillot jaune en 2023.

« C’est magnifique de voir enfin Remco sur le Tour, c’est l’un des plus grands talents du cyclisme actuel », se réjouit Pineau.

« Le parcours montagneux et les deux contre-la-montre individuels pourraient lui convenir, même si je crains qu’il soit limité dans une course de trois semaines avec une telle intensité. Roglic, de son côté, a fait le bon choix en tentant sa chance dans une autre équipe. Il arrive en fin de carrière mais je suis convaincu qu’il a encore un grand Tour dans les jambes. Attention également aux Ineos qui arrivent en force avec plusieurs cartes. Neuvième du Tour l’an dernier, Gaudu se méfie aussi des « grosses armadas comme Bora » et d’« un Remco qui ne lâche rien et qui n’aura pas peur ». “Je pense que ça va être un très, très beau Tour”, dit-il. Et pour les plus audacieux, placer une petite pièce sur Giulio Ciccone reste possible.

Rodolphe Ryo, à Florence (Italie)

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