« Quelques secondes plus tard, une forte explosion nous a projetés au sol »

« Quelques secondes plus tard, une forte explosion nous a projetés au sol »
« Quelques secondes plus tard, une forte explosion nous a projetés au sol »

Quatre ans après une bataille sanglante entre rivaux libyens pour le contrôle de la capitale Tripoli, les habitants de la périphérie, rentrant progressivement chez eux, vivent sous la menace de centaines de mines et de munitions non explosées, qui coûtent des vies innocentes même en temps de crise. paix.

Le jeune Libyen Laith Saqer est soigné dans un hôpital de Tripoli le 26 mai 2024, pour des blessures causées par l’explosion d’une munition non explosée dans son quartier, dans la banlieue de la capitale. – Des centaines de mines terrestres mortelles et de munitions non explosées jonchent encore certaines parties de la Libye après des années de combats, représentant un danger permanent pour les civils, en particulier les enfants, longtemps après le conflit. (Photo de Mahmud TURKIA / AFP)

AFP

Sortant jouer un matin de mi-mai avec deux amis derrière la maison familiale à Al-Machrou, dans la banlieue de Tripoli, Mohamad Saleh Farhat, dix ans, s’est retrouvé en soins intensifs avec de graves blessures qui ont failli lui coûter la vie. .

Habitués à s’amuser avec tout ce qu’ils trouvaient, les garçons ramassaient un objet métallique, intrigués par sa forme, et le manipulaient, inconscients du danger, jusqu’à ce qu’il explose.

Mohamad s’est effondré au sol dans une flaque de sang, tandis que ses deux camarades, terrifiés, ont couru dans tous les sens, avant qu’un voisin ne vienne à leur secours et ne les emmène à l’hôpital.

“Nous avons trouvé un cône métallique près du mur du jardin, nous l’avons ramassé en pensant que c’était un morceau de métal”, puis “nous avons eu peur et nous l’avons jeté”, raconte son camarade Hamam Saqer, 12 ans, grièvement blessé aux pieds par fragments d’obus de mortier.

“Quelques secondes plus tard, une forte explosion nous a projetés au sol”, a raconté à l’AFP le garçon, sur son lit d’hôpital, le corps couvert de bandages. “Nous n’avions pas réalisé qu’il s’agissait de munitions, nous ne retournerons plus jamais dans ce jardin !”

Sur le lit voisin, son frère Laith Saqer, onze ans, s’en sort avec quelques lésions superficielles. “Nous ne savions pas. Nous sommes allés jouer, c’est tout”, a-t-il déclaré.

Déchirée par les divisions depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux administrations rivales : l’une à Tripoli (ouest) dirigée par Abdelhamid Dbeibah et reconnue par l’ONU, l’autre en Libye, incarnée par le Parlement et affiliée à l’ONU. le puissant maréchal Khalifa Haftar.

Ces derniers, avec le soutien militaire d’alliés étrangers (Russie, Égypte et Émirats arabes unis), ont lancé d’avril 2019 à juin 2020 une offensive brutale pour s’emparer de Tripoli. Elle a été stoppée en périphérie par les forces du gouvernement d’unité nationale, soutenues par la Turquie.

Selon un rapport du Département d’État américain, lors des combats autour de Tripoli en 2019-2020, « les forces du groupe Wagner, soutenues par le Kremlin, ont placé des mines terrestres et des pièges avant de se retirer ». Certains appareils ont été cachés par les forces pro-Haftar dans des jouets, des casseroles ou des chasses d’eau.

« Zone sinistrée »

Même si la Libye a réussi à « nettoyer » quelque 36 % des zones dangereuses identifiées dans le pays, environ 436 millions de mètres carrés restent « contaminés », selon Fatma Zourrig, chef de la section déminage de Manul, la mission de l’ONU en Libye. .

« Au cours des cinq dernières années, plus de 400 personnes ont été blessées ou tuées dans des accidents liés aux munitions. Trente-cinq l’année dernière, dont 26 enfants », a-t-elle déclaré lors d’une récente conférence à Tripoli.

“Il faudra cinq à dix ans pour éliminer” ces résidus explosifs, mais à condition que la Libye “retrouve la stabilité politique et des autorités exécutives et législatives unifiées”, a déclaré à l’AFP un responsable du ministère de la Défense.

Début mai, le Centre libyen de lutte contre les mines (LibMAC) du ministère de la Défense a établi une collaboration pour développer une « stratégie nationale anti-mines » avec le Centre international de déminage humanitaire de Genève (CIDHG) et Manul.

La banlieue sud de la capitale, où les trois amis ont été blessés, a été « le théâtre de toutes les guerres depuis 2011 jusqu’à aujourd’hui, et on entend fréquemment dire que des voisins ont été amputés après l’explosion » d’une machine, explique Saleh Farhat, père de famille. Mohamed.

« C’est une zone sinistrée », a-t-il déclaré, espérant que les autorités intensifieront le déminage dans ces zones résidentielles. “J’ai le cœur brisé (…) et les autorités n’en font pas assez pour éliminer les mines”, déplore Saleh, qui a également perdu une entreprise florissante à cause de la guerre.

Seddik al-Abassi, responsable de la mairie d’Abouslim, “l’une des zones les plus touchées de Tripoli”, souligne que “les gens ont peur car leur vie est en danger”, exhortant les autorités à fournir des équipements modernes permettant une nouvelle inspection. de ces zones résidentielles à réaliser.

En attendant, l’état du jeune Mohamad, touché à la tête par des éclats d’obus, “est stable mais il aura besoin d’une longue convalescence”, estiment ses médecins.

ATS

 
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