Dominé par les puissants, le football professionnel est attaqué parce qu’il menace le modèle européen

Dominé par les puissants, le football professionnel est attaqué parce qu’il menace le modèle européen
Dominé par les puissants, le football professionnel est attaqué parce qu’il menace le modèle européen

Alors qu’il consacre de plus en plus le pouvoir de l’argent et des Etats hyper-riches, le roi du sport est attaqué sur ses bases : propriétés étrangères, monopole de la billetterie, marché des joueurs… Sur la base du droit européen. Mais avec quelles chances de succès ?

Les fans de football s’apprêtent à suivre avec passion l’Euro allemand. Non sans se poser des questions sur l’évolution du sport numéro un. Toutes les compétitions tendent à sanctionner les clubs les plus riches, tandis que le modèle des compétitions futures (Ligue des champions, Coupe du monde) tend à sanctionner le pouvoir des riches et de l’argent sans frontières.

Certains résistent, ou tentent de résister. Trois actions en justice ou devant les instances européennes visent à ébranler le modèle sur ses fondements: propriétés étrangères, monopole de la billetterie, marché quotidien… En toile de fond, une ligne claire : l’évolution de ce sport contrevient aux règles fixées par le marché unique européen. C’est déjà ce qui a permis à l’arrêt Bosman de révolutionner le marché des transferts en 1995. Sans forcément œuvrer pour le mieux.

Petit Poucet de Virton

La première affaire est menée par un Petit Poucet de nos championnats, le club Gaumais de Virton. Son modèle économique est menacé après une rétrogradation en division amateur cette année, après avoir terminé dernier de la division 1B. Mais ses dirigeants contre-attaquent, révèle une enquête de la RTBF, car ils se sentent lésés par le système. Virton s’en prend à Lommel, club devenu le satellite de Manchester City et des Emirats Arabes Unis.

Lommel aurait reçu des injections répétées d’argent frais de la part de ses puissants propriétaires, 43 millions d’euros en huit mois. Concurrence déloyale, selon Virton. Le principe de propriété multiple est de plus en plus courant dans le football. Dans le cas des Émirats arabes unis, ils disposent désormais d’une galaxie impressionnante : Manchester City, Lommel, Troyes (France), Gérone (Espagne), Palerme (Italie), Melbourne (Australie), Bahia (Brésil), Montevideo (Uruguay). , Mumbai (Inde), New York (USA), Sichuan Jiuniu (Chine) et même un club à Singapour.

Pour Virton, cette intervention du capital public dans le football contrevient à une réglementation visant à protéger l’économie européenne ingérence étrangère et garantir une saine concurrence aux entreprises sur le marché européen : le Règlement sur les subventions étrangères (FSR). Il n’est évidemment pas question pour un État extérieur à l’Union de modifier ainsi ses règles internes.

Outre Manchester City et ses satellites, d’autres clubs comme le Paris-Saint-Germain pourraient être concernés.

Le monopole de la billetterie en question

Habitués des affaires visant à remettre en cause le modèle capitaliste du football, les avocats liégeois Dupont et Hissel sont à l’origine d’un autre procès contre l’Etat belge et l’UEFA. Il s’agit dans ce cas de dénoncer le monopole de la billetterie des grandes compétitions. Dans le cas de l’Euro, l’achat de billets et leur revente ne pouvaient s’effectuer que via la plateforme de l’UEFA.

C’est la société allemande Ticombo, plateforme de vente de billets, qui est à l’origine de cette action en justice. Là encore, la législation européenne sert de support : l’entreprise considère que ce monopole constitue un abus de position dominante et une violation du droit de la concurrence.

Bref, le football est devenu otage des monopoles d’État, des oligopoles ou des structures organisationnelles, juste cela.

Les joueurs deviennent des objets

Finalement, en mai, le même cabinet Dupont-Hissel a engagé une autre procédure judiciaire. Avec des chances de succès. Après l’arrêt Bosman de 1995, libéralisant le marché des transferts, les avocats veulent corriger les effets pervers. Jean-Louis Dupont et Martin Hissel poursuivent leur croisade, en partant d’un autre cas concret, concernant le joueur français Lassana Diarra. Il s’agit désormais de permettre une meilleure régulation de ces échanges devenus sauvages. Le jugement devrait être rendu prochainement, mais l’avis de l’avocat général, révélé cette semaine, laisse penser que les arguments des avocats pourraient être entendus.

L’affaire Diarra concerne le joueur français Lassana Diarra, international français sur le point de rejoindre le Sporting de Charleroi en 2014. Sous contrat au Lokomotiv Moscou, il a mis fin à sa relation avec le club russe, après avoir fait l’objet d’une réduction de salaire décidée unilatéralement pour « baisse de performance ». Le Lokomotiv Moscou exigeant une indemnisation et la Fédération de Russie refusant d’accorder le certificat, le transfert a été avorté, après être passé par la chambre du contentieux de la FIFA. Enfin, Lassana Diarra a finalement prolongé sa carrière à l’Olympique de Marseille, plus tard.

Entre-temps, l’affaire s’est retrouvée devant le tribunal de commerce du Hainaut. Ce dernier a posé une question préjudicielle à la Cour de Justice européenne, considérant que la libre circulation des joueurs a été entravée, par l’attitude du club et par le refus de la Fédération d’accorder une attestation de transfert. Chœur connu, dans la lignée de l’affaire Bosman. Lassana Diarra aurait été empêchée d’exercer sa profession pendant plusieurs mois.

Le football tremble sur ses fondations.

 
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