ce qu’il faut savoir sur les risques – Libération

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Séquence noire. Il y avait l’entrepôt de Bolloré Logistics à Grand-Couronne, au sud de Rouen, en janvier 2023 : 8 000 batteries au lithium partaient en fumée. En février 2024, c’est au tour du hangar du Viviez, dans l’Aveyron : 1 276 tonnes de batteries au lithium disparaissent dans un enfer. Enfin, à Sainte-Consorce dimanche 14 avril, à l’ouest de Lyon, un nouvel entrepôt de batteries de 1 000 m² a pris feu et, avec lui, 2 millions de batteries dédiées aux étiquettes électroniques dans les rayons des magasins.

Et si l’origine des flammes reste encore inconnue, pour le dirigeant de l’entreprise, cité par LE Progrès, il n’y a aucun doute : c’est la faute des batteries. Depuis quelques années, les piles et batteries au lithium sont devenues omniprésentes en France. Légers, rechargeables, peu coûteux, efficaces pour le stockage d’énergie, ils sont indispensables à la production d’objets connectés. Il en existe deux types, le graphite (lithium-ion, ou li-ion, pour les smartphones, ordinateurs portables, voitures électriques, etc.) ou le métal (li-métal, pour les bus). La consommation de ces batteries aurait augmenté en France de 5 400 tonnes en 2010 à 69 000 tonnes en 2021 selon Statista, soit une augmentation de plus de 1 000 %.

Une « bombe incendiaire qui se répand partout »

Cette augmentation de la consommation et de la production nécessite de nouveaux espaces de stockage et de recyclage. Or, c’est souvent dans les centres de tri, où peuvent être stockées les batteries en mauvais état, que surviennent les accidents, comme pour le hangar Viviez. En 2022, le président de la Fédération des entreprises du recyclage, François Excoffier, expliquait à 20 minutes que« entre 2014 et 2019, des incendies sur [leurs] les sites de recyclage ont augmenté de 150 %, avec environ 150 incendies chaque année. Sans préciser si tous ces accidents étaient liés aux batteries au lithium, il les a néanmoins visés, parlant d’un « bombe incendiaire qui se répand partout ».

La question de la responsabilité des batteries lithium-ion dans les accidents industriels a fait l’objet d’un rapport en janvier 2022 de l’Office d’analyse des risques industriels et des pollutions. Cette instance du ministère de la Transition écologique a dénombré 464 « événements » impliquant des batteries en France depuis le début des années 2000. Cependant, la responsabilité des batteries au lithium n’a été pleinement « prouvée » que dans 63 cas. Car les preuves potentielles sont souvent trop endommagées pour conclure que les batteries en sont responsables.

Un « emballement thermique »

Les batteries au lithium sont très inflammables car elles peuvent littéralement exploser. Ce phénomène est détaillé dans un rapport de 2020 de la Direction générale de l’aviation civile. Les batteries sont constituées de cellules, séparées par des films plastiques, qui peuvent se déchirer à cause de défauts de conception, de poussière, de température, d’humidité ou de choc. Une réaction en chaîne se produit alors : un « emballement thermique ». Jusqu’à soixante-douze heures après un premier choc, cet emballement peut provoquer l’explosion de la batterie puis provoquer l’incendie de l’objet.

La combustion vient de l’intérieur de l’objet lui-même, ce qui la rend imprévisible : un véritable défi pour les pompiers, car le feu peut reprendre des heures après avoir été éteint une première fois. “Normalement, le feu est combattu avec de l’eau ou en utilisant de la mousse pour isoler le combustible de l’oxygène”, explique le pompier et délégué syndical CGT Sébastien Delavoux. Mais avec le lithium, le feu peut reprendre tant qu’il y a du combustible, ce qui explique l’ampleur des incendies dans les entrepôts. “Quand vous regardez les Tesla carbonisées, il manque même des morceaux.” observe le syndicaliste.

« Un potentiel de toxicité »

Et les risques sanitaires ? “Aujourd’hui, on ne sait pas ce que contiennent les fumées des batteries au lithium” inquiète Sébastien Delavoux. En Aveyron, la population avait été confinée à 500 mètres autour du site. La préfecture avait évoqué de la fumée “très épais, très odorant”, qui a démontré « un potentiel de toxicité ». Et les relevés des pompiers et d’Atmo, l’observatoire régional de la qualité de l’air d’Auvergne-Rhône-Alpes, à Lyon, ne rassurent pas les associations de riverains, comme le souligne le président de Rouen Respire – créé après l’accident de Lubrizol – Pierre. -Emmanuel Brunet : « Nous ne pouvons trouver que ce que nous cherchons, et nous ne cherchons que ce que nous savons trouver. Les substances dégagées par les fumées des batteries ne sont pas nécessairement détectables de manière exhaustive.

Selon le professeur du département de chimie de l’Université de Montréal, Mickaël Dollé, interrogé par Libérer : « Une batterie contient beaucoup d’éléments chimiques : lithium, nickel, monoxyde de carbone, manganèse, polymèressolvants, etc. Selon lui, les fumées dégagées risquent de contenir ces différents éléments chimiques. Sans compter les conditions dans lesquelles l’incendie s’est déclaré – température ou matériaux sur la batterie – qui peuvent aussi influencer la composition des fumées.

Selon Mickaël Dollé, la toxicité des gaz formés les plus courants dépend, quant à elle, des autres carburants présents : « Y a-t-il juste des piles, ou d’autres choses ? L’incendie de Rouen a eu lieu dans un entrepôt où étaient également stockés des pneus usagés. Chaque cas sera spécifique.

Quelles mesures de sécurité ?

Selon Sébastien Delavoux, “Aujourd’hui, il n’existe aucune réglementation concernant le stockage de grands volumes de batteries au lithium.” Selon les informations recueillies par Libérer, Les assureurs élaborent certes des recommandations pour traiter les batteries comme produits dangereux, mais le règlement européen de référence sur les normes industrielles REACH ne les classe pas comme tels.

Face aux risques d’incendie, le CNRS cherche à développer des batteries plus robustes, au sein du projet « Elias ». Pour le professeur Mickaël Dollé : « La meilleure façon de mieux sécuriser le stockage de ces batteries est d’éviter la présence de toute autre substance inflammable dans le lieu de stockage des batteries. » Côté institutionnel, le ministère de la Transition écologique a donné de nouvelles directives aux préfets pour mieux prévenir les incendies dans les centres de tri. Ce qui ne concernera donc ni la question de la production par les fabricants de ces batteries ni celle de leur composition.

La France s’est également positionnée dans la course à la production de lithium, le gouvernement cherchant récemment à jouer sur la loi minière pour accélérer les progrès. L’ouverture d’une exploitation dans le nord du Massif Central en 2027 devrait permettre de devenir le deuxième producteur mondial de ce métal.

 
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