Gexaltés lors du redressement judiciaire, les dettes des Girondins constituent l’enjeu majeur des mois à venir. Leur réduction dépendra de l’arrivée prévue d’investisseurs aux côtés ou à la place de l’actuel propriétaire, Gérard Lopez. Et donc l’avenir du club.
1 L’objectif : descendre à moins de 30 millions d’euros
Le 23 juillet 2024, la DNCG estime la dette du club à 118 millions d’euros. Suite à l’ouverture du recouvrement judiciaire, chaque créance doit être déclarée puis validée ou contestée auprès de l’agent ou du tribunal de commerce. Le montant « réel » du passif peut donc diminuer. Sachant qu’il faudra soustraire 15 millions après la victoire aux prud’hommes contre Vladimir Petkovic, voire les 40 millions dus à Gérard Lopez, qui a accepté d’y renoncer… jusqu’au retour au niveau professionnel.
Il est difficile d’évaluer dans quelle mesure cette responsabilité sera réduite. Il y a de toute façon un seuil puisque tout ce qui touche aux salaires (remboursement de l’AGS, entre 5 et 8 millions), au trésor public et au fisc (Urssaf, impôts, TVA, pour 12,5 millions) et au financement de la procédure (honoraires des administrateurs judiciaires et du mandataire) ne peut être réduit. Sans compter les traites restantes sur d’anciens transferts (7 millions) auxquelles d’autres clubs ne céderont sans doute pas.
Il est peu probable que les autres créanciers, en particulier les entreprises locales qui n’ont pas été payées pour leurs services, aient droit à beaucoup d’argent. « Cela pourrait être une boucherie », prédit un habitué des tribunaux de commerce. Tout cela mis ensemble, il semble difficile d’envisager de descendre en dessous de 20 voire 25 millions d’euros. Le plan proposé par la direction du club doit encore être approuvé.
2 La méthode : la classe des pièces concernées
Sous réserve de l’accord du tribunal de commerce, le club répartit ses quelque 300 créanciers en « classes de parties concernées », généralement sept ou huit, selon les types de dettes. L’entreprise propose alors un montant et une durée de remboursement (jusqu’à dix ans) pour chaque classe. La décision d’accepter ou de rejeter le plan est prise à la majorité des deux tiers du montant des créances, lors d’un vote organisé classe par classe.
Les créanciers privilégiés, évoqués plus haut, sont encore aisés. Les autres se voient forcément proposer une remise très importante. Mais ils peuvent avoir intérêt à accepter : il vaut parfois mieux percevoir 10 % de la somme due plutôt que de refuser et de prendre le risque que l’entreprise soit ensuite liquidée. Même si certaines classes ne votent pas en faveur du projet, le tribunal de commerce peut l’imposer.
Pour ce faire, le plan proposé doit respecter le principe du « meilleur intérêt des créanciers » : ils ne peuvent se retrouver avec ce plan dans une situation moins favorable qu’en cas de liquidation, ou si une proposition alternative d’un repreneur intéressé est une solution. meilleur enchérisseur. “Nous n’avons pas d’objectif chiffré mais nous produirons une copie crédible”, avait déclaré le mois dernier Laurent Cotret, l’avocat du club.
3 Le calendrier : un plan à remettre le 15 avril
“Nous démarrerons ces travaux début décembre”, a poursuivi Laurent Cotret. Nous y sommes. Après répartition des créanciers, réflexion sur la stratégie financière à adopter, proposition d’un plan aux différentes classes et vote, l’objectif est de soumettre le plan de redressement au tribunal de commerce vers le 15 avril. S’ensuit un délai procédural de 45 jours qui permettra aboutir à une éventuelle approbation fin mai ou début juin.
Si les Girondins obtiennent le feu vert, ils auront quelques semaines devant eux pour régler les nombreuses formalités administratives (ne serait-ce que les documents d’établissement des nouvelles dettes, les délais et conditions de paiement) et… préparer leur audition devant la DNCG. Car le plan et les premiers remboursements impacteront forcément le budget de la saison prochaine. Une grande partie de l’AGS doit également être remboursée dès l’approbation du régime.
Ce calendrier laisse également une marge de manœuvre en cas de refus du plan de la direction. Les semaines de juin pourraient être mises à profit pour engager une vente ou une liquidation, afin que le club soit prêt à - pour relancer, probablement à un niveau (beaucoup) inférieur, l’exercice 2025-2026.