Camille Lacourt et Alice Detollenaere : un amour sans faille

« Le cancer se vit en couple. Et c’est puissant de vivre ça ! » précise Camille Lacourt. Avec Alice Detollenaere, leurs chemins se sont croisés, s’entrelacent puis presque se sont séparés avant de fusionner. Une histoire d’amour… et d’humour entre deux champions de l’autodérision. Chez nous, à Marseille, on rencontre d’abord l’ex-Miss Bourgogne montée sur ressorts. Elle monte dans une Fiat 500 pour emmener leur fils, Marius, 3 ans ans, à la garderie, et Jazz, 11 ansans, la fille de Camille et de son ex-femme, Valérie Bègue, à l’école. Elle reviendra avec une profusion de pâtisseries et un sourire confus : « J’ai eu un problème avec la boîte de vitesses. Heureusement les Marseillais pardonnent ! »

C’est blottie sur le canapé avec Sumo, leur chien, qu’elle commence son récit : « Quand j’ai reçu le coup de téléphone m’annonçant que j’avais un cancer, je suis descendue d’un coup de douze étages ! Je ne m’attendais pas du tout à ça. J’avais 32 ans, l’histoire avec Camille commençait, nous avions emménagé la veille. J’avais découvert une grosseur, mais à la mammographie et à la biopsie, on m’a assuré que j’étais trop jeune pour avoir un cancer du sein. » Elle souligne que cette idée, aussi erronée que propice aux retards diagnostiques, persiste chez certains médecins. «J’étais mannequin de lingerie. Mon corps était mon gagne-pain et, par extension, alimentait ma confiance en moi, y compris dans ma relation puisque j’étais avec un homme super beau. Je risquais de tout perdre. » Le diagnostic trouve également un écho sinistre dans son histoire familiale : « Il y a dix ans, J’avais perdu une tante à cause d’un cancer du sein même si nous croyions en son rétablissement. Depuis, nous étions étranglés par le chagrin, au point que nous ne parvenions plus à prononcer son nom. »

Après l’ablation de son deuxième sein, en mars 2022, elle a posté cette image pour encourager les femmes dans son cas. « Tellement fière de toi », commente Camille.

©DR

Estimant que sa maladie sera peut-être trop lourde à supporter pour Camille, elle propose de la quitter. Mais il est « fou amoureux », comme il nous le dira. Alors il reste. Partager trois mois d’attente éreintante jusqu’à la mastectomie et le verdict : pas besoin de chimio ni de radiothérapie ! L’ex-nageur a déjà traversé des abysses infernaux : deux épisodes dépressifs, lorsqu’il rate de peu le podium olympique puis lorsque sa carrière s’arrête en 2017. Depuis, il se fait tatouer un immense phénix. pour rappel : oui, nous pouvons renaître de nos cendres !

Camille Lacourt s’engage auprès des enfants malades auprès de l’association marseillaise Sourire à la vie

Quant au cancer, la cause lui tient déjà à cœur. Il s’engage auprès des enfants malades auprès de l’association marseillaise Sourire à la vie. Lors des traitements, une activité physique adaptée est une arme de choix contre la fonte musculaire et, paradoxalement, contre la fatigue provoquée par la chimiothérapie. Le dieu des piscines a proposé un défi aux enfants : s’entraîner pour réussir un exercice pénible la veille d’un de ses championnats : “J’ai reçu une vidéo où ils me montraient leur exploit et criaient que, puisqu’ils ont réussi, je pouvais me gagner”. aussi! J’ai des frissons en t’en parlant. Aujourd’hui encore, quand je participe à Fort Boyard, c’est pour eux. »

Le reste après cette annonce

Dans les mois qui ont suivi son diagnostic, Alice est restée dévastée par l’angoisse de l’attente : « J’avais l’habitude de courir trois à quatre fois par semaine pour atteindre des objectifs : un marathon ou un shooting professionnel. Là, j’étais gelé. » La guérison va s’avérer être un long processus, avec une épreuve qui accable presque le couple. « On ne s’y attend pas, mais la fin du traitement ouvre une période dangereuse », confie Camille. Après la lutte contre le cancer, nous pensons que nous retournerons à nos vies antérieures. En fait, ceux qui sortent de la maladie sont comme des soldats qui reviennent du champ de bataille en état de choc. C’est encore pire pour ceux dont le corps a été endommagé par la chimiothérapie. Dans tous les cas, la peur de la rechute peut être obsessionnelle : à la moindre douleur, il est impossible de ne pas penser au cancer. On a failli rompre, ça arrive souvent à ce moment-là. Un fossé s’est creusé entre nous car je me suis replongé dans le travail alors qu’Alice restait traumatisée et ne parvenait plus à se projeter. »

Le passé qui ne passe pas engloutit toute notion d’avenir. Contre l’étonnement, la mobilisation physique s’avérera être le meilleur antipoison. Un pas devant l’autre. Six mois après son diagnostic, l’ex-mannequin s’est remis au sport : « La première fois, je pensais pouvoir faire le grand tour de 14 km auquel on était habitué. Mes muscles avaient fondu, j’étais gêné par une sensation d’oppression dans la poitrine… J’ai tenu 2kilomètres, mais j’ai pleuré de joie: je suis revenu à la vie! »

Alice a repris le sport : « Je n’ai tenu que 2 kilomètres. Mais je pleurais de joie, je revenais à la vie ! »

Convalescence en binôme : en octobre 2021, ils participent ensemble à un raid de deux jours sur l’île d’Oléron.

©DR

Quant au couple, ils trouveront leurs marques en partageant des défis sportifs aussi passionnants qu’adaptés à la condition d’Alice. « En tant que compagnon, commente Camille, j’ai remarqué que ça fait du bien de rêver, de se donner un autre objectif que celui de survivre. » Dernière épopée en date : la Verticale des fous, un triathlon de 3 000 mètres de dénivelé à La Réunion, en décembre. L’ex-athlète a nagé dans le lagon, gravi les premiers 1 500 mètres à vélo, puis Alice l’a rejoint pour la montée finale, à pied. « On aime tout donner, confie-t-il. Mais pendant la préparation, nous ne nous sommes jamais mis de pression négative. La semaine dernière, je n’ai pas pu courir, dommage. »

Adieu les tortures du surentraînement, quand il passait « 300 jours par an avec des courbatures » ! Camille a changé de braquet et se concentre sur le bien-être. « Les dépenses physiques contribuent à l’équilibre, aident à soulager la charge mentale dont nous souffrons tous avec nos vies connectées. Nous ne nous couchons jamais après avoir répondu à tous les emails et messages. Aujourd’hui, avec ma famille, je m’inquiète moins à l’idée de refaire un burn-out, mais je reste vigilant. Si je n’arrive pas à m’endormir après une journée bien remplie, je cours pendant une demi-heure pour bien m’entraîner. »

Il apprécie avant tout rouler en famille sur la Corniche de Marseille ou dans le massif des Calanques : faire du jogging pour Alice et lui tandis que Jazz fait du vélo et Marius dans « la poussette qui court », comme surnomment en riant ses parents cet équipement. rehaussé : « Il se ferme un peu pour protéger du soleil », explique son père. Le petit est dans sa cabane avec ses livres et ses jouets. Il relève la tête de temps en temps, rit avec nous puis reprend ses activités. »

La bulle familiale n’est pas la seule à scintiller. Le couple partage des événements sportifs avec des malades et d’anciens patients, mais s’engage également dans la lutte contre le cancer. Ils soutiennent par exemple le Congrès national d’oncologie (Ifods), qui se tient jusqu’au 14 juin à Paris. La manifestation scientifique se double d’un symbole olympique : son président, le professeur Jean-Philippe Spano, portera la flamme le 14 juillet et Camille Lacourt le 19.

Pour Alice, parler de sa maladie était au départ une prouesse : « Je ne me voyais pas comme le porte-drapeau d’une telle cause. J’avais peur d’être stigmatisée. Puis j’ai réalisé que j’avais moi-même travaillé sur des stéréotypes négatifs. J’avais été la fille en bikini sur la plage, obsédée par son image, cherchant les défauts des autres pour se convaincre d’être la plus jolie, la plus mince… Je connais de l’intérieur le monde trompeur des Miss et des mannequins. Au réveil, nous avons tous l’air mal ! Je me suis dit que j’avais été nul. J’ai eu un cancer, une grossesse difficile au cours de laquelle j’ai pris 30 kilos et une deuxième mastectomie à titre préventif car j’ai un gène de prédisposition au cancer du sein. Aujourd’hui, je ne me trouve ni belle ni moche à part moi. C’est pas mal. »

Alice dit que l’amour de son homme l’a aidée

Camille Lacourt et Alice Detollenaere

© Virginie Clavieres

Auteur de “Guérie par ton amour”, Alice confie que l’amour de son homme l’a aidée à traverser la maladie, mais aussi à se libérer des angoisses liées à son image. « Et si je suis devenu militant, c’est parce qu’il m’a prêté sa notoriété. Sinon, les gens n’auraient pas beaucoup entendu parler de moi ! ” elle rit. L’ex-mannequin a obtenu un diplôme de « patient expert » à l’Université des Patients, spécialisé dans « l’image de soi dans un parcours de soins ». Elle prépare une collection de soutiens-gorge et de sous-vêtements de sport utiles à tous, mais particulièrement adaptés à celles qui ont vécu un cancer du sein. Le nom de sa marque ? “Promesse.” « J’ai envie de dire qu’il peut y avoir quelque chose de beau après. »

Parmi ses combats : « L’importance de l’auto-examen des seins à tout âge, une première ligne de défense ! » Lors d’une perquisition, elle retrouve une jeune femme rencontrée l’année précédente : « Je ne l’ai pas reconnue car elle n’avait ni cheveux ni cils. Elle m’a dit qu’elle avait découvert le cancer grâce à mes conseils. Alors qu’elle suivait une chimio, elle a franchi la ligne d’arrivée : c’était tellement beau ! Et j’ai vu ce genre de scène tellement de fois !

Intimement convaincue de l’importance du sport pour « retrouver la communion de l’esprit et du corps », Alice participe souvent au Défi d’Elles et à Odyssea, des événements sportifs de différents niveaux, destinés aux personnes malades ou dans le besoin. rémission, peut en bénéficier. « Cela fait tomber les barrières », explique-t-elle. La première fois, j’ai parlé avec un participant et nous avons compris que nous avions la même histoire. Dix minutes plus tard, nous nous montrions nos seins. Ce n’est pas le genre de chose qu’on fait quand on rencontre des amis ! »

Camille a été le premier homme à partager le Défi d’Elles, un raid en couple auparavant réservé aux femmes. « Parce que j’ai un prénom de fille », plaisante-t-il. Plus sérieusement, il est fier d’avoir ouvert la voie : « C’est important d’être solidaire pendant la maladie, mais aussi après ! »

Qu’est-ce que le congrès Ifods ?

Dans le cabinet du professeur Jean-Philippe Spano (à gauche), chef du service d'oncologie médicale à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), avec Françoise Mornex, professeur d'oncologie à l'université Claude-Bernard (Lyon), respectivement présidente et vice-président de l'Ifods. 28 mai.

Dans le cabinet du professeur Jean-Philippe Spano (à gauche), chef du service d’oncologie médicale à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), avec Françoise Mornex, professeur d’oncologie à l’université Claude-Bernard (Lyon), respectivement présidente et vice-président de l’Ifods. 28 mai.

© Virginie Clavieres

Rendez-vous incontournable des experts en oncologie, ce congrès rassemble chaque année les principaux acteurs impliqués dans la lutte contre le cancer, en étroite collaboration avec les associations de patients pour faire le point sur les progrès réalisés et à réaliser.

Initiées par le professeur Jean-Philippe Spano, chef du service d’oncologie médicale à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) et Françoise Mornex, professeur d’oncologie à l’université Claude Bernard (Lyon), les Ifods (Journées internationales et françaises de l’oncologie) ont ouvert leurs portes. le mercredi 12 juin à Paris pendant trois jours. Fruit d’un partenariat exclusif avec le congrès de l’American Society of Clinical Onclogy (ASCO), le plus grand congrès américain dans le domaine, vise notamment à partager des projets de recherche sur de nouveaux traitements entre experts francophones et américains.

Lors des 39 séances programmées, patients, soignants, mais aussi entreprises de pointe, notamment biotechnologiques, ont également la parole, pour discuter avec médecins et chercheurs des derniers traitements, de leur financement, mais aussi des bonnes pratiques de prévention.

 
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