«Quand j’ai regardé les rushes de Fiasco, je me suis retrouvé assez horrible»

«Quand j’ai regardé les rushes de Fiasco, je me suis retrouvé assez horrible»
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ENTRETIEN – Ultrapopulaire et fantasque, il est devenu un acteur incontournable, des salles de cinéma aux plateformes de streaming. La preuve? On le retrouve dans sa série comique Fiascosur Netflix, et en cas d’adaptation de Comte de Monte-Cristo.

Les artistes déplorent souvent d’être enfermés dans des cartons. Difficile cependant de catégoriser Pierre Niney tant il brouille les lignes, projet après projet. A l’aise dans le registre de la comédie (20 ans d’écart, OSS117, Le livre des solutions ou La flamme à la télévision), l’acteur excelle également dans des films plus sérieux ou intimistes comme Frantz, de François Ozon, ou Yves Saint Laurent, par Jalil Lespert. Depuis ses débuts à la Comédie-Française, il est de jour comme de nuit, le clown irrésistible et le tragédien élégant. A 35 ans, l’acteur est attendu au cinéma le 28 juin prochain sous les traits vengeurs du Comte de Monte-Cristo dans une adaptation spectaculaire qui lui offre un rôle d’une profondeur inédite.

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Mais, pour l’heure, c’est par l’humour qu’il déploie tout son talent. Dans Fiasco, série Netflix qu’il a créée, écrite et produite avec son ami de toujours Igor Gotesman, il incarne un jeune réalisateur débordé, inadapté et maladroit, dont le premier tournage tourne au cauchemar : son ami d’enfance rêve d’être acteur et ne le fait pas. t. ne lâche rien (François Civil, bal magistral), sa tête d’affiche est une diva (Vincent Cassel), son maquilleur a mauvaise haleine, et un corbeau le fait chanter. Avec cette comédie au tempo redoutable, présentée dans le cadre du Festival CanneSéries, Pierre Niney confirme qu’il fait partie des nouvelles stars de l’humour made in France.

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Madame Figaro. – Comment définiriez-vous l’ADN de Fiasco ?
Pierre Niney. – Fiasco, voici notre bébé, Igor Gotesman et moi. Sur Casting(s), le format court que nous avions écrit pour Canal+, Igor avait évoqué l’idée de prolonger l’expérience avec une « grande sœur », une série sur la vie d’un tournage. Les aléas, les egos, les enjeux intimes et financiers, les relations parfois violentes nous ont semblé un terrain très fertile pour la comédie. Ensuite, nous avons décidé de pousser les curseurs avec des situations inconfortables et différents sujets abordés. Tous les sujets délicats, le handicap ou le sexisme par exemple, sont propices à l’humour pour peu que la cible de la plaisanterie reste le discriminateur et non le discriminé. Mais l’idée de donner des cours est loin de nous. Nous ne faisons pas de politique mais de divertissement, et préférons le rire grinçant au rire moralisateur.

A-t-il toujours été prévu que vous jouiez le rôle principal ?
Dès le début. Il a également été écrit sur mesure. Ce personnage est mon clown : j’adore incarner le perdant magnifique, maladroit et maladroit qui n’a pas de timing social mais qui veut paraître cool. Cela ne représente plus un gros effort vu mon âge, mais j’ai même pris quelques kilos pour accentuer le côté maladroit de ce personnage friand de la coupe bol et du duffle-coat… Tout a été fait pour que je me sente mal à l’aise, et quand J’ai regardé les rushes, je me suis effectivement retrouvé assez horrible. (Des rires.)

Dans quelle mesure la série s’inspire-t-elle de la réalité du métier ?
On force le trait, sinon j’aurais déjà changé de chemin ! Mais l’acteur à forte personnalité qui monopolise le pouvoir sur le plateau, la perte de financement qui se transforme en catastrophe ou encore le réalisateur qui veut faire plaisir à son actrice sont des choses que l’on a vues, entendues ou vécues.

Avec mes amis, on a reconstitué les combats à l’épée

Pierre Niney

Aviez-vous peur de vous glisser dans cet environnement intermédiaire pour lequel les gens du milieu sont tant critiqués ?
C’est une série de gens du cinéma qui parlent de cinéma, mais quiconque a été mal à l’aise avec un patron, quiconque est tombé amoureux d’un collègue, quiconque a du mal à trouver sa place dans sa famille peut se projeter. Un plateau de tournage est une microsociété, avec des questions de pouvoir, de confiance et de solidarité présentes dans de nombreux autres domaines. Série Dix pour-centsqui a été un coup de foudre dans le paysage français, a aussi été la preuve que le métier peut intéresser le grand public.

On imagine souvent des rivalités dans l’industrie du cinéma. Cela semble ne pas exister entre François Civil et vous ?
Quand Igor m’a présenté François, ce fut un coup de foudre. Depuis Cinq, que nous avions filmé ensemble, notre trio cherchait un nouvel objet de comédie qui lui ressemble. Avec François, on s’aime, on s’admire et on a la chance de ne pas se ressembler dans notre jeu ou physiquement. Je pense que nos envies en tant qu’acteurs ne sont pas exactement les mêmes non plus. Sans aucune comparaison, Brad Pitt, George Clooney et Matt Damon ont chacun réussi à mener une carrière réussie à Hollywood et restent amis. Alors pourquoi pas nous ? On fantasme beaucoup sur les rivalités artistiques, mais je ne crois pas qu’il y ait plus de concurrence au cinéma qu’à EDF ou Orange.

Vous serez bientôt Le Comte de Monte-Cristo au cinéma. Que vous rappelle ce héros de Dumas ?
Edmond Dantès est notre Hamlet ! Un vrai cadeau pour un acteur. Le Comte de Monte-Cristo est une des œuvres littéraires fondatrices sur la vengeance, et m’a offert la possibilité de me métamorphoser, de jouer avec des masques, des identités multiples… Quand j’ai vu le film, j’ai aussi compris que le personnage m’offrait une tenue, une dimension corporelle, une voix, une économie de mouvements, et donc une gravité, inédite dans ma filmographie. Edmond Dantès est tellement obsédé par la vengeance qu’il y prend un plaisir presque sadique. Trouver cette obscurité a été un défi : cela va à l’encontre de ma nature même.

Avec François Civil, on s’aime, on s’admire et on a la chance de ne pas se ressembler dans notre jeu ou physiquement»Pierre Niney.
Jérôme Bonnet / mods

Y a-t-il un plaisir enfantin à aborder une fresque épique ?
Totalement. Enfant, après avoir vu Le Bossu, avec Daniel Auteuil, j’étais comme un fou. Avec mes amis, nous avons reconstitué les combats à l’épée, nous avons cherché la botte de Nevers… J’en garde un souvenir aussi fort que de ma découverte de Cyrano quelques années plus tard. Quand je relis Le Comte de Monte-CristoJ’ai aussi vu la rencontre de ces deux légendes : une fresque épique d’une grande profondeur psychologique et philosophique, portée par un héros symbolisant à la fois ce qu’il y a de plus beau et ce qu’il y a de plus sombre. chez les êtres humains.

Fiasco, d’Igor Gotesman et Pierre Niney, sur Netflix, à partir du 30 avril.
Le Comte de Monte-Cristo, d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, sorti le 28 juin.

 
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