« Le cycle Syffe est un roman pour les réunir tous »

« Le cycle Syffe est un roman pour les réunir tous »
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Livres Hebdo : Depuis 2018 et la parution de L’enfant de la poussière, premier tome du cycle Syffe, Patrick K. Dewdney s’impose une figure majeure de la fantasy française. Comment l’avez-vous découvert ?

Marion Mazauric : Je dois la découverte de Patrick à l’éditrice Hélène Ramdani. En 2015, elle m’a envoyé un mail élogieux de trois lignes avec en pièce jointe le manuscrit de ce jeune auteur presque inconnu qui avait déjà publié un recueil de poésie et s’apprêtait ensuite à sortir un thriller dans la collection « Territori » de La Manufacture du Livre. J’ai apporté le manuscrit à la foire de Londres où je suis allé – ce qui n’avait aucun sens ! – je passe la plupart de mon temps à me plonger dans l’histoire de Syffe au lieu de profiter au maximum de ma présence auprès des rédacteurs présents sur place. J’ai été immédiatement transporté par son univers et la qualité de son écriture ; il était pour moi au même niveau qu’un Ayerdahl ou un Pierre Bordage. On a bien sûr ressenti l’influence très forte de Robin Hobb.

Le cycle Syffe est follement ambitieux puisque Patrick K. Dewdney vous a dit dès le départ qu’il prévoyait sept volumes…

C’était en mars/avril 2016 et il n’y avait qu’un seul volume écrit. Patrick m’explique alors que c’est le projet de sa vie et qu’il lui faudra six ou sept volumes. J’étais enthousiaste, ravi de cette ambition et je lui ai tout de suite dit que je le suivais pendant toute la série. Il imaginait livrer un volume tous les deux ans, ce qui représentait donc une quinzaine d’années d’édition.

« L’imaginaire hybride et la littérature générale »

La série rompt avec certains clichés fantastiques…

Quand on est une femme et qu’on aime le fantastique, on a l’habitude de voir les femmes confinées dans des seconds rôles : ce sont des victimes, des dominées, des objets décoratifs, voire de simples objets sexuels… le fantasme se limite souvent à des questions/mal et des histoires orientées qui n’ont rien à voir. avec la réalité. Le cycle Syffe va à contre-courant de cette tendance et n’est pas sans rappeler les travaux du grand historien Howard Zinn qui racontait l’histoire de l’Amérique vue par les dominés, les minorités et les classes populaires. C’est à travers cela que Patrick a construit son univers. Par ailleurs, pour lui, la magie et le merveilleux sont liés aux mystères de la nature et non à l’irrationnel.

Selon vous, le cycle Syffe dépasse le seul cercle des fans de fantasy ?

Aujourd’hui, nous considérons la littérature générale comme un imaginaire hybride. La particularité du cycle Syffe est que tout le monde peut le lire, y compris et peut-être même surtout les personnes n’ayant jamais lu de fantasy. Il s’agit d’un roman d’histoire médiévale qui se déroule entre Dickens et Fernand Braudel. Pour paraphraser Tolkien, c’est « un roman pour les rassembler tous ».

Les deux premiers tomes ont été publiés très rapidement, à quelques mois d’intervalle en 2018. Le troisième est arrivé en 2021 et désormais le quatrième en 2024. Les lecteurs ont-ils montré des signes d’impatience ?

Lorsqu’on s’engage sur une série de six ou sept volumes, on sait qu’il y a toujours une perte de ventes à chaque nouvelle parution. Nous gagnons principalement notre vie sur le premier, voire le deuxième tome et cela a tout de suite fait partie de notre réflexion avec la force de vente, les distributeurs et les libraires sympathiques comme L’ ou Sauramps. Tout le monde recommandait de ne pas laisser deux ans entre les deux premiers tomes. Nous avons donc décidé d’attendre que Patrick termine le deuxième pour publier les deux premiers à six mois d’intervalle. En conséquence, tous ceux qui les ont lus sont devenus accros et ont répondu lorsque Les chiens et la charrue a été publié en 2021. On ressent également un très fort engouement pour ce sublime quatrième tome, La maison du gardienque nous publions aujourd’hui.

“Nous voulons un monteur engagé dans la série”

Les versions de poche publiées dans Folio SF et désormais dans Folio Fantasy ont également trouvé leur public. Pourquoi ne pas avoir inclus les premiers volumes de « Les Poches du Diable », la collection maison ?

Nous n’avons lancé notre collection « Devil’s Pockets » qu’en 2020, qui est également l’année de publication du premier volume. L’enfant de la poussière chez FolioSF. Évidemment tout cela a été décidé d’avance, dès la sortie des grands formats en 2018. Il était important, à l’époque, d’annoncer la vente du livre de poche avant même la sortie du premier grand format. S’appuyer sur un grand éditeur de poche capable de réaliser un travail de diffusion à l’échelle industrielle nous a permis de créer un événement et d’envoyer un signal fort à tous les libraires. Par ailleurs, je n’ai pas voulu hypothéquer le destin populaire de Syffe aux résultats des « Poches du Diable » dont la mission première est de préserver notre fonds. Nous sommes une entreprise indépendante et nous ne disposons pas des mêmes moyens que les majors pour commercialiser à grande échelle.

Comme son nom ne l’indique pas, Patrick K. Dewdney est français, bien que d’origine anglaise. Dans combien de pays avez-vous vendu les droits du cycle Syffe ?

Nous avons vendu les droits en Italie pour les deux premiers volumes et nous espérons faire de même pour les suivants. Des discussions ont également lieu avec des éditeurs espagnols, allemands et bien sûr anglais. Nous ne sommes pas pressés car nous voulons un éditeur engagé dans la série.

Quand doit être publié le cinquième tome ?

Probablement en 2025 ou 2026. Patrick travaille et ne me dit rien sur la direction que prend l’histoire. Je ne veux rien savoir avant de recevoir les tests ! Par contre, je peux vous dire que nous préparons un beau livre qui illustrera l’univers du cycle Syffe. Nous verrons des animaux, des arbres et il y aura des cartes. C’est un travail, une sorte de carnet de voyage, réalisé conjointement entre Patrick et Fanny Étienne-Artur que nous publierons avant la fin de la série.

 
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