« Le drame d’Emmanuel Macron, c’est qu’il a cru pouvoir gouverner contre les Français »

AA / Tunis / Fatma Ben Amor

L’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin est revenu, lors de l’émission « L’écuée » de Mediapart, sur la « surenchère » qui caractérise aujourd’hui la politique française, estimant notamment que le président Emmanuel Macron « a cru pouvoir gouverner contre le Français.

« La politique française se construit aujourd’hui – toute la politique française se construit – autour d’un seul paramètre. Nous sommes une voiture qui n’a qu’un outil, un seul organe : la pédale d’accélérateur. Il n’y a plus de frein, il n’y a plus d’embrayage, il n’y a rien, on sait seulement accélérer. Chaque fois qu’il y a un problème en , la réponse est. c’est la surenchère (…) Tout a été réduit à un champ de bataille où la seule réponse est le marteau et on enfonce le clou», a déclaré de Villepin devant le journaliste et co-fondateur de Mediapart, Edwy Plenel.

« Cette logique de surenchère est mortelle pour une démocratie », a-t-il ajouté.

Regrettant que la démocratie se fasse aujourd’hui « sans citoyens et même contre les citoyens », l’ancien Premier ministre français (2005-2007) est revenu sur les mandats de Marcon. “Le drame d’Emmanuel Macron, et ce qu’il n’a jamais compris, c’est qu’il croyait pouvoir gouverner contre les Français, et les mandats successifs qu’il a eu, il a voulu les pousser dans la logique qui était la sienne de jeune homme issu d’un monde de la finance, la technocratie et la start-up nation, il a toujours cru qu’il pouvait le faire avancer, il croyait qu’il pouvait avoir raison contre tout le monde. – a-t-il estimé.

Et de poursuivre : « Tous les avertissements qu’il a reçus ne l’ont pas fait changer d’avis. Il n’a jamais changé d’avis, il n’a jamais tiré de leçons de ce qui lui arrivait. Et à force de pousser, de pousser, de pousser, eh bien on est dans l’impasse qu’est la France aujourd’hui.»

Sur le plan international, Dominique de Villepin a parlé de ce qu’il appelle « l’affrontement du monde » et la « bataille des modèles ».

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« Aujourd’hui, les choses sont tragiques. Nous sommes au pied du mur. Nous sommes au pied du mur parce que nous vivons un choc ou nous allons subir un choc que nous voyons venir depuis des années et auquel nous aurions dû nous préparer, qui conduira à une confrontation du monde”, a indiqué l’ancien Ministre français des Affaires étrangères (2002-2004).

« Aujourd’hui, nous y sommes. Nous voici devant ce qui constituera la grande bataille des modèles : le modèle américain avec l’avènement de Trump qui n’est pas seulement Trump mais tous ceux qui l’entourent (…) Cette croyance dans la force du pouvoir est aujourd’hui sans limites, sans règles (…) (…) Et à l’opposé, nous avons un modèle chinois qui se construit d’abord sur une leçon tirée de l’histoire (…) qui repose d’abord sur un besoin de contrôle de la société”, a-t-il expliqué.

Pour lui, « le défi du monde d’aujourd’hui est : l’homme universel existe-t-il ? L’autre existe-t-il ? C’est une certaine conception de l’homme, de l’autre, de l’altérité, de l’humanité commune, qui est aujourd’hui en jeu, comme hier il s’agissait de lutter contre une puissance américaine débridée, aveugle aux réalités du Proche et Moyen-Orient, aujourd’hui. « Aujourd’hui, nous devons faire face à une Amérique qui ne comprend pas le monde, ne connaît pas le monde, mais pire que cela, se moque du monde.

« Parce que pour l’Amérique, ce qui compte, c’est l’Amérique », a-t-il déclaré lors de cette troisième édition de « L’écuée », filmée au musée du quai Branly – Jacques Chirac et diffusée vendredi dernier.

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