La photographe marnaise Charlène Drouel réalise depuis quatre ans des reportages sur l’accouchement. Derrière son objectif, elle capte ce moment intense de la vie pour laisser de précieux souvenirs aux parents.
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“La première fois que j’ai vu ces photos, j’ai pleuré, ça me fait tellement d’émotionsconfie Katharina Rogge qui a donné naissance à sa fille il y a trois ans et demi. “Nous vivons un accouchement mais nous ne nous voyons pas.” Cette mère a pu redécouvrir cela « Moment intense de vie » grâce à des photographies prises en salle d’accouchement. Le travail de Charlène Drouel, photographe de naissance basée près de Reims. Katharina a tellement aimé les photos qu’elle a de nouveau fait appel à Charlène pour son deuxième enfant, né au printemps dernier. « Ce sont des albums photos que nous regardons régulièrement, elle assure. Ce sont de très beaux souvenirs.
Depuis quatre ans, Charlène Drouel offre la possibilité aux futurs parents d’immortaliser l’arrivée de leur enfant en images. L’idée lui est venue à la naissance de sa fille en 2016. “Avec le papa, qui est aussi photographe, nous avons photographié tout notre séjour à la maternité, la salle d’accouchement, l’attente, les rires, les larmes, plein de petits détails aussielle se souvient. Lorsque j’ai ensuite traité ces images, j’ai réalisé à quel point j’avais de la chance d’avoir de telles photos. C’est un témoignage tellement puissant. Elle découvre alors le reportage sur l’accouchement et se rapproche de Maxime Faury, photographe strasbourgeois spécialisé dans ce domaine il y a dix ans. « Il m’a expliqué son travail, puis j’ai démarré mon projetexplique-t-elle. Il a fallu trouver des couples qui acceptaient que je les suive lors de l’accouchement.
Plusieurs mois avant l’accouchement, cette professionnelle de 38 ans rencontre les parents pour connaître leurs attentes. “Il y a beaucoup de discussions pour savoir ce qu’ils veulent, quelle est ma place, il y a des parents qui veulent voir sortir le bébé, d’autres pas du tout, c’est très intime et donc très différent d’un reportage à l’autre.insiste Charlène. Les parents et le photographe restent alors en contact jusqu’à la naissance. « Je suis de garde trois semaines avant la fin. Mon téléphone est allumé jour et nuit, ils peuvent m’appeler à toute heure, je reste à proximité.
Une fois arrivée en salle d’accouchement, la photographe se fait la plus discrète possible. Son boîtier silencieux, sans flash, capture ces instants uniques de la vie. L’attente, parfois très longue, la souffrance, le soutien du papa ou de la seconde maman, les poussées, la sortie du bébé, le peau à peau, l’allaitement, les premiers secours. Toutes ces premières fois si précieuses. “Je trouve ça très beau.”
-Sueur, larmes, parties intimes parfois dévoilées, visages de nouveau-nés, cheveux collés ensemble. Des photos qui racontent une histoire intime. “J’étais dans ma bulle, je ne faisais plus du tout attention à Charlène”se souvient Anne-Sophie qui a donné naissance à sa deuxième fille chez elle. Le photographe l’a suivie à travers les différentes étapes de son accouchement, l’attente dans le salon, puis le bain, la douche et enfin l’arrivée du bébé dans la chambre. “Cela me permet de me souvenir de détails que j’aurais oubliés avec le temps. Et c’est un excellent moyen de raconter l’histoire de sa naissance à ma fille.
Dans les maternités, l’approche est différente. Il a fallu que nous soyons acceptés par le personnel soignant. Ce qui n’était pas simple au départ et risque encore de s’avérer compliqué. « Plusieurs fois, on m’a refusé l’accès à la salle d’accouchementsays Charlène. Il n’est pas facile pour le personnel médical d’accepter la présence d’un photographe, même si je ne prends absolument pas de photos des actes ou du personnel médical. On ne voit que quelques mains. Ce que je photographie principalement, c’est le lien qui existe entre les deux parents. Et si l’accouchement devient trop difficile, je m’éclipserai. Des autorisations sont demandées à chaque établissement en amont.
Pour rassurer les soignants, mais aussi les parents, et garantir son professionnalisme, la photographe a rejoint le Collectif Carminné en 2021. Créé par trois photographes, ce collectif compte aujourd’hui une soixantaine de professionnels qui adhèrent à une charte encadrant la pratique autour de valeurs telles que « respect, écoute et bienveillance ». « L’idée de ce collectifexplique Maxime Faury, son co-fondateur, est de changer les mentalités sur la photographie d’accouchement qui reste malheureusement marginale et mal considérée en France. C’est encore tabou et peu connuil regrette. Les gens ne se rendent pas compte de l’importance de ce témoignage photographique pour les familles.
Venue des pays anglo-saxons, cette pratique est plus répandue chez certains de nos voisins européens. “En Espagne ou en Allemagne, il y a des photographes qui ne vivent que de reportages sur l’accouchement”assures Charlène Drouel. La Marnaise only makes three or four per year. « Certains projets n’aboutissent pas faute d’autorisations ou parce que je n’ai pas pu être là au bon moment. » Elle gagne principalement sa vie grâce aux portraits de famille, aux photos de maternité et de mariage. Depuis l’année dernière, elle facture 1000 euros pour un acte de naissance.
« À chaque projet, on ne sait pas ce qui nous attendsouligne le photographe. Il faut s’adapter à la date, aux parents, au personnel, au lieu, à la lumière, à toutes les situations. Après un rapport de naissance, il me faut toujours un certain temps pour redescendre. L’émotion est tellement forte.