L’inventeur du cinéma-théâtre, Marc Hollogne, n’est plus

Il avait connu un succès incroyable, avant les années 2000, avec son personnage Marcielqu’il a fait sauter de la scène à l’écran. Des histoires très personnelles racontées en brouillant les frontières entre projections cinématographiques et apparitions réelles de son avatar sur la scène des théâtres. Cette aventure a emmené Marc Hollogne d’Octogone-Pully, où il a inventé son cinéma-théâtre, à Paris, où il a attiré jusqu’à 100 000 spectateurs. Marc Hollogne est décédé jeudi, selon nos informations, à l’âge de 63 ans et des suites d’une longue maladie.

Cet homme-orchestre – chanteur, acteur et metteur en scène – était belge d’origine. Il a longtemps sillonné les scènes francophones, avant de faire son chemin en France et ailleurs. Puis retour en Suisse il y a un peu moins de dix ans.

En 2016 à Lausanne, il présente, au Théâtre 2.21, « Marciel et l’huissier frappant », un show de confiance tricoté comme un best of des années glorieuses. Personnage drôle, à la fois fascinant et agaçant dès que l’artiste abîmé refait surface, Marc Hollogne n’a jamais réussi à tenir les rênes de ses ambitions. En 2.21 comme ailleurs, chacune de ses créations pouvait être accompagnée de soucis financiers ou tensions avec les équipes. Cela ne l’a pas empêché de poursuivre son travail avec la création d’un nouveau récit autour de Marciel et surtout deux productions majeures le Béjart Ballet Lausanne (BBL), « Dixit » (2017) puis «Nivagation» (2023).

Sur les traces de Béjart

Dans les années 80, Marc Hollogne était chanteur. Il s’est également fait connaître en incarnant le trublion lors de la dernière édition de « La Course autour du monde », le célèbre jeu télévisé qui envoyait des jeunes à travers la planète réaliser des reportages.

Repéré quelques années plus tard par Maurice Béjart, le touche-à-tout assiste le chorégraphe lors de la préparation du spectacle du Bicentenaire de la Révolution française. Cette collaboration avec une célébrité sera la première d’une longue liste d’aventures qui l’emmèneront en tournée avec le chanteur Jacques Higelin. Il réalisera un documentaire sur ce voyage.

En 1992, c’est auprès de Charles Trenet que le Belge s’illustre. Il a participé à la réalisation de l’album des 80 ans de « Fou chantant » et a mis en scène, à l’Opéra Bastille, un spectacle anniversaire concocté en invitant, « avec culot », près de 170 personnalités, sur scène ou à l’écran. La recette fait mouche et le invités spéciaux deviendra même une marque de fabrique de ses créations.

A Lausanne avec le BBL, il imagine un spectacle qui revisite le répertoire de Maurice Béjart et cherche à retracer les fils créatifs du célèbre chorégraphe. Plus récemment et avec Gil Roman dans le rôle principal, il avait imaginé une divagation poétique qui, comme toujours, mariait scène et écran. L’ancien réalisateur du BBL, Jean Elgass, a été aux premières loges lors du développement de ces deux productions. Avec affection, il confie : « Marc était un artiste compliqué. Exigeant mais extrêmement talentueux.

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