Tous les meubles encastrés en contreplaqué ont été traités pour leur donner une couleur acajou.
Après avoir vécu des années dans le Marais, avec ses appartements de caractère bien qu’un peu sombres, Jasmin et Cyrus Je voulais de la lumière et de l’ouverture, un grand séjour, et un garage aussi. Séduit par le 19ème arrondissement et la proximité de canal de l’Ourcq, le couple a repris cet espace aménagé dans un immeuble des années 60 conçu par l’architecte français Roger Colère (1923-2008). Cyrus étant lui-même architecte, à la tête de son agence Cyrus Ardalan pendant plus d’un an, traversé Louis Vuitton, Laurent Deroo (qui signe entre autres les magasins APC) et Inde Mahdaviles deux jeunes recherchent un lieu pour se transformer. “On a retrouvé la pub sur Le Bon Coin, les images étaient horribles, mais ça nous a intrigués”dit Jasmine. Cyrus complète : « Nous voulions tout refaire à notre goût et nous voulions surtout des espaces où il n’y avait pas de murs porteurs pour pouvoir tout casser. » L’appartement est composé de petites pièces pas forcément utiles… Comme prévu, ils ont tout remonté. “Il ne restait qu’un seul poteau”, explique Cyrus, “qui se trouvait dans un placard, maintenant visible dans la chambre.” Puis ils redéfinissent les espaces : une petite chambre avec salle de bain au nord, un grand séjour baigné de lumière avec cuisine ouverte au sud. Le sol est recouvert de peinture blanche comme dans les parkings, pour accentuer la luminosité.
Au-dessus de la table dessinée par Cyrus, une potence « marseillaise » de Le Corbusier (Nemo). Chaise de Jean Prouvé (Vitra) et tabourets d’Alvar Aalto (Artek). Lithographie de Maïlys Seydoux-Dumas.
-Concernant l’organisation spatiale, en alternative à l’usage classique de la cloison en plâtre, Cyrus imagine ce qui apportera tout son caractère au projet : une structure en contreplaqué, fil conducteur depuis l’entrée jusqu’à la chambre, où elle renferme un ensemble de panneaux invisibles. placards, en passant par la cuisine et le séjour qu’il encadre par une bibliothèque avec ses casiers d’un côté et par un meuble bas passant sous les fenêtres de l’autre. «J’aime les éléments de menuiserie», explique l’architecte. On imagine bien que travailler le bois signifie immédiatement utiliser une essence noble, comme le chêne, mais nous avons préféré ce contreplaqué assez basique, initialement rose, que nous avons travaillé et traité avec un menuisier pour qu’il soit hydrophobe et ait cette teinte acajou. Lors des travaux, le couple s’est rendu compte qu’il était impossible de percer et de visser quoi que ce soit au sol ou au plafond à cause des circuits de chauffage, un inconvénient auquel a remédié cette structure sur mesure, constituée de modules vissés entre eux. . “Tout est tenu par des vérins qui poussent de haut en bas, Cyrus explique. Il tient par pression et, comme il reste en place, on pourrait le dévisser, tout enlever et retrouver une pièce complètement vide. Pour contrebalancer la présence du bois, ils ont décidé d’intégrer un troisième matériau – céramique, carrelage, pâte de verre, etc. – en référence à la façade d’origine du bâtiment, qui a depuis été enduite. Ils jettent finalement leur dévolu sur l’aluminium qu’ils fixent sur les éléments d’ouverture utiles et sur le plan de travail. « J’aime intégrer le métal dans mes projets, dit Cyrus. Il réfléchit la lumière et apparaît blanc ou gris. C’est un projet assez humble, j’aime cette esthétique frugale”ajoute-t-il. Côté mobilier, une grande attention a été portée aux pièces, essentiellement vintage. Et des objets chargés d’histoires, de famille, de cœur, de moments ponctuent les étagères et les murs de l’appartement, tandis qu’un Figue Lyrata habite l’espace comme s’il avait toujours été là.
Un ensemble d’appliques orne les murs : ci-dessus, deux modèles de Charlotte Perriand (Nemo) et un de Claesson Koivisto Rune (Fontana Arte). Page de droite, deux « Fuga » de Lisa Komulainen.