l’essentiel
Le 20 décembre, Camille Lecocq, 30 ans, décède dans un accident de la route à Calamane, provoquant l’émoi à Nuzéjouls où elle a grandi. Son compagnon, Léo Regazzi, a accepté de revenir sur cet événement tragique pour entretenir sa mémoire.
Il n’a pas l’habitude de parler à la presse. « Ce n’est pas ma façon de faire. Si je viens ici, c’est pour laisser un souvenir supplémentaire de Camille. Plus il y aura de choses sur elle, moins on l’oubliera», espère Léo Regazzi, que nous rencontrons au Bistrot de l’Isa à Cahors.
Il faut bien comprendre que le sujet de cette interview n’a rien de réjouissant. C’est même tragique. Puisqu’on parle de Camille Lecocq, 30 ans, sa compagne qui a perdu la vie dans un accident de la route à Calamane le 20 décembre : « Ses parents tenaient aussi à préciser qu’une autre personne se trouvait dans le véhicule d’en face, et qu’elle est décédée. » Une femme de 82 ans.
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L’entretien des routes est-il impliqué ?
Ce matin-là, Camille est en retard. Elle devait commencer à 10 heures à l’école maternelle de Nuzéjouls, mais on lui a finalement demandé si elle pouvait venir pour 8h30. De plus, Camille a été retardée car sa voiture avait du mal à démarrer. Il était 8h33, rapporte un témoin, lorsque sa voiture a glissé sur une large plaque de verglas sur la RD12, entre Espère et Calamane. C’est alors que la mort frappe et que le véhicule de Camille percute un autre.
« À côté de la route, il y a un chemin de gravier d’où descendent de la boue et des graviers jusqu’au niveau du caniveau. Et le canal se bouche. Comme il n’y a pas d’entretien, l’eau stagne et ça forme de la glace », souligne Léo tandis que l’entretien des routes relève du département. Ayant été informé de l’accident, il a pu constater lui-même l’état de la route : « Quand je suis arrivé, les policiers m’ont crié de faire attention, que c’était glissant. J’ai glissé, comme eux un peu avant. »
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C’est là que surgit la colère de Léo et de ses proches : « Nous sommes soumis à des contrôles d’alcoolémie, des contrôles techniques permanents, ils nous embêtent tout le temps. Par contre, il y a une route avec des accidents chaque année et il n’y a aucun problème”, s’énerve-t-il.
Pour autant, Léo n’est pas dans une démarche accusatrice. La preuve quand on lui demande s’il pense que Camille aurait survécu sans ce morceau de glace : « La question ne se pose même pas. Et si? Et si? Et si, il y a deux ans, nous avions choisi d’acheter un terrain à Calamane ? Et si elle n’avait pas été appelée à l’embauche à 8h30 plutôt qu’à 10h ? Et si la voiture n’avait eu aucun problème et avait pu démarrer immédiatement ? N’aurait-elle pas peut-être roulé un peu plus lentement ? C’est un malheureux concours de circonstances. »
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Dans tous les cas, une vie est perdue. Et avec elle, celle de ses parents, de ses proches, des enfants qui auraient pu naître de cette union, comme le rapporte Léo lorsqu’il écrit un dernier message d’adieu à son amour sur Facebook.
Des rayons de joie
De Camille, il restera finalement un souvenir lumineux, de femme « solaire », comme l’écrivait la maire de Nuzéjouls, Brigitte Dessertaine : « C’est un joli mot que je ne connaissais pas. Cela lui va bien », confie son compagnon, qui tient à rappeler « qu’elle aimait la vie avec passion. Elle se levait tous les jours à 6 heures du matin parce qu’elle avait toujours envie de faire plein de choses. » Il cite sa passion pour le Qi Gong, la pétanque et bien sûr l’équitation qu’elle pratiquait aux écuries du Quercy de Pradines, « sa deuxième famille puisqu’elle y est née. » Bien plus qu’un hobby, elle y excelle en devenant vice-championne de France de saut d’obstacles en 2012. Depuis sa reconversion à l’AESH à l’école maternelle de Nuzéjouls, elle deviendra bientôt l’heureuse propriétaire de deux chevaux, Victoire et Miracle. Là encore, deux vies qui ne bénéficieront pas des rayons de joie de Camille.
Joie. C’est finalement ce que révèlent les personnes ayant connu Camille Lecocq. Comme l’illustre cette anecdote de Léo au moment de nous séparer : « Un jour, aux écuries de Pradines, je me suis plaint de son chien qui n’aboyant que d’excitation. Un ami a répondu : “D’habitude, on n’entend que lui ET Camille.” On a ri parce que c’était Camille, quelqu’un qui riait, tout le temps, sans arrêt. » Et qui laisse un silence derrière lui.