L’autoroute Ila Touba, symbole d’un projet ambitieux, cache derrière son apparente modernité une réalité bien plus sombre. Depuis cinq ans, les travailleurs de ces infrastructures dénoncent une série d’injustices et d’abus flagrants, révélés dans une lettre adressée au président Bassirou Diomaye Faye. Selon Libération, cette correspondance révèle des contrats précaires, des détournements de cotisations sociales et des conditions de travail indignes.
Conditions de travail honteuses et droits bafoués
Les ouvriers, employés depuis la mise en service de l’autoroute en février 2019, dénoncent des pratiques qu’ils qualifient de « vandalisme social ». Selon leur missive relayée par Libération, ils pointent du doigt :
• Contrats précaires et illégaux, non conformes à la législation sénégalaise.
• Non-paiement des Indemnités de Fin de Contrat (IFC) pendant trois années consécutives (2019, 2020 et 2021).
• Le détournement des cotisations sociales (IPRES et CSS) perçues depuis le début de leur emploi.
• Un manque d’équipements de protection et des conditions de travail qu’ils jugent dégradantes.
Ils dénoncent également une absence totale de visites ministérielles pour constater la réalité de leur situation, ce qui démontre selon eux un manque d’intérêt des autorités pour leurs doléances.
Un protocole d’accord controversé
La récente initiative de regrouper tous les travailleurs dans une seule entité, décidée par Segea SA, semble marquer un progrès. Mais Libération rapporte que cet espoir a été rapidement terni par la signature d’un protocole d’accord jugé douteux et réalisé sans consultation des principales parties prenantes.
Ce protocole, selon les travailleurs, remet en cause plusieurs de leurs droits fondamentaux, notamment :
• Paiement des salaires réels déclarés par Ageroute et Segea.
• Reconnaissance des heures supplémentaires non rémunérées (jusqu’à 32 heures par semaine).
• Mise en place d’une politique de promotion interne équitable.
Un appel à l’intervention présidentielle
Face à cette situation qu’ils jugent intenable, les travailleurs placent leurs espoirs dans le président Bassirou Diomaye Faye. « Votre arrivée au pouvoir a ravivé nos espoirs d’un État fort et juste », écrivent-ils, tout en demandant :
• Un audit transparent des pratiques sociales de Segea SA.
• Application stricte du droit du travail et des recommandations de l’inspection du travail.
• Un dialogue social inclusif, garantissant la transparence entre les différentes parties.
Un scandale qui appelle des réponses
Les révélations relayées par Libération jettent une lumière crue sur les dysfonctionnements dans la gestion de cette infrastructure stratégique. Pour de nombreux travailleurs, il ne s’agit pas seulement d’une lutte pour leurs droits, mais aussi d’une lutte pour restaurer leur dignité et leur confiance dans les institutions publiques.
Alors que l’autoroute Ila Touba est souvent citée comme un symbole de modernisation, ce scandale social met en lumière un contraste inquiétant entre l’image du progrès et la réalité vécue par ceux qui assurent son exploitation. Le président Bassirou Diomaye Faye sera-t-il à la hauteur des attentes ?