Ahmad Al-Chareh, anciennement appelé par son nom de guerre Abu Mohammed al-Joulani, a annoncé les prochaines étapes démocratiques et institutionnelles majeures pour la Syrie. Dissolution de son groupe islamiste, élections, rejet du fédéralisme syrien… son interview accordée à une chaîne arabe éclaire la situation actuelle et future du pays.
Le 12 décembre, quelques jours seulement après la prise de Damas par les nouveaux hommes forts de Syrie, le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTC), la porte-parole pour les affaires politiques du nouveau pouvoir, Obaida Arnaout, a annoncé son intention de « geler la Constitution et le Parlement » pendant trois mois.
L’objectif annoncé : rassembler « un comité juridique et des droits de l’homme […] examiner la Constitution et ensuite apporter des amendements ». Nouvelle Constitution, organisation des services, votes populaires : à la fin de l’année, le leader Ahmad Al-Chareh a annoncé à la chaîne de télévision saoudienne Al Arabiya les prochaines échéances pour l’avenir de la Syrie.
Des promesses démocratiques
Ahmad al-Chareh, commandant du groupe jihadiste HTC, tente depuis sa prise de Damas, et plus insidieusement depuis plusieurs années, de montrer ses références, de devenir un interlocuteur crédible pour l’Occident. Costume bien taillé à la place de sa tenue militaire, accueil de délégations étrangères et interviews accordées aux médias internationaux : le nouvel homme fort, ancien membre de la branche syrienne d’Al-Qaïda, veut se montrer comme un homme tout à fait nouveau. Il a même abandonné son nom de guerre, sous lequel il était connu – Mohammed Al-Joulani – pour revenir à son nom officiel.
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Dans son interview télévisée accordée à la chaîne Al Arabiya, le Syrien de 42 ans né à Riyad a annoncé plusieurs échéances pour l’avenir institutionnel de la Syrie. Le chef En fait du pays a annoncé que la rédaction d’une nouvelle Constitution pourrait prendre jusqu’à trois ans, mais que les Syriens commenceraient à voir « des changements radicaux » après un an. Les premières élections devraient avoir lieu en “quatre ans”.
Un pays otage de HTC ?
L’homme, en costume-cravate, a également annoncé que la libération de la Syrie apporterait la sécurité à la région pour les cinquante prochaines années. La sécurité assurée par son clan plutôt que par un État organisé ? Il dément, affirmant que son groupe, HTC, toujours considéré comme terroriste par certains pays occidentaux, sera dissous lors d’une conférence consacrée au dialogue national, et que les armes en circulation dans le pays devront revenir sous le contrôle de l’Etat.
Qu’en est-il des forces kurdes, pas décidées à se soumettre au nouveau pouvoir ? Le chef de guerre a annoncé que la Syrie ne serait pas divisée en territoires indépendants et qu’aucune forme de fédéralisme n’était dans ses projets…
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Pour développer la Syrie après treize ans de guerre civile, le commandant espère pouvoir compter sur un soutien extérieur. Il a notamment affirmé que le partenariat de l’ancien régime avec la Russie doit désormais poursuivre des intérêts communs.
De l’autre côté du spectre, il ne désespère pas d’une levée des sanctions américaines lors de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier prochain. Récemment, des diplomates américains ont rencontré les nouveaux propriétaires du pays à Damas. La prime de 10 millions de dollars placée sur la tête d’Ahmad Al-Chareh a été levée.