Ces dernières années, nous assistons à des crises politiques au niveau international et sous-régional, plaçant ainsi certains pays dans une situation de panique, d’instabilité politique, idéologique et parfois religieuse. De nombreux pays ont connu des crises politiques difficiles accompagnées d’attentats terroristes, d’attentats à la bombe, de pillages et de vandalisme.
Les violences politiques ont augmenté de 500% depuis 2010, dans les régions d’Afrique du Nord et de l’Ouest, selon une étude rendue publique par le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO), mettant en avant l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). . L’étude intitulée « La géographie des conflits en Afrique du Nord et de l’Ouest » a recensé 32 737 événements violents, avec d’inestimables pertes humaines et matérielles.
Avec les évolutions technologiques et la montée de l’influence sur les réseaux sociaux, la violence politique est de plus en plus utilisée comme moyen de réponse par les populations envers les dirigeants africains.
Les conséquences de ces événements ont un impact considérable sur l’économie et ternissent souvent la réputation des États auprès des investisseurs et des agences de notation.
L’assurance a toujours été considérée comme une solution pour faire face aux conséquences dommageables de la destruction de biens, mais les événements du 11 septembre 2001 aux États-Unis ont révélé les limites du système d’assurance lorsqu’il s’agit de couvrir les risques de terrorisme et d’attentats. En fait, les assureurs n’avaient aucune idée de l’ampleur des dégâts que de tels événements pouvaient causer. Cela a plongé le marché mondial dans une grave crise de capacité.
Dans la zone FANAF, les réassureurs et assureurs de marché ont procédé en 2002 à une révision des clauses P24 et P13 BIS Afrique, excluant les attentats criminels et les actes de terrorisme. Ces clauses couvraient les émeutes et les mouvements populaires, y compris les attentats et le terrorisme, sans faire de distinction entre les événements de nature politique ou non politique.
Ce n’est qu’à la suite des événements de novembre 2004 en Côte d’Ivoire, dans un contexte sociopolitique très tendu, que ces clauses seront à nouveau révisées en 2005, afin d’exclure définitivement les risques d’ordre politique. . Ainsi, les clauses FANAF 01-2005 et FANAF 02-2005 ont été adoptées à Dakar en novembre 2005.
Avec la mise en place des clauses FANAF dans les contrats d’assurance, le marché CIMA a été confronté à des difficultés d’interprétation des événements liés aux grèves, émeutes, mouvements populaires, actes de terrorisme et attentats.
La multiplication des attaques et destructions de biens résultant d’événements non coordonnés ou politiques a amplifié les points de discorde dans l’interprétation de la mise en œuvre des garanties prévues dans les clauses de la FANAF.
Cette montée des violences politiques en Afrique n’a pas épargné le Sénégal, qui a connu une période de crise difficile entre 2021 et 2023, avec des émeutes suivies de pillages et de destructions de propriétés publiques et privées, entraînant ainsi pour les entreprises et les investisseurs, d’énormes pertes immobilières et d’exploitation. Malheureusement, ces événements politiques n’étaient pas couverts par les clauses de la FANAF.
Toujours du point de vue des engagements, la garantie a été plafonnée à 50 % de la somme totale assurée pour les dommages causés par un incendie résultant des événements garantis et à la moitié de cette limite pour les autres dommages.
Ces garanties que les assureurs et réassureurs offraient aux clients et aux investisseurs ne couvraient pas suffisamment les risques encourus en période de crise politique. Ces limites substantielles des garanties et exclusions ont entraîné le marché local dans un champ de litiges et de litiges devant les tribunaux et les juges, qui n’ont pas hésité à condamner les assureurs.
Ce sont toutes les raisons qui ont conduit les réassureurs de la zone FANAF, après plusieurs réunions et discussions dans le cadre des groupes de travail créés à cet effet, à mettre en place une nouvelle politique d’assurance, baptisée « Violence Politique, Terrorisme et Sabotage ». La date d’entrée en vigueur de cette nouvelle politique est prévue pour le 1er janvier 2025 dans la zone CIMA.
L’innovation majeure est qu’aujourd’hui, on ne parle plus d’une clause mais d’un nouveau contrat d’assurance, avec ses conditions de garantie, ses exclusions et sa tarification spécifique, prenant en compte le risque Pays.
Mais au-delà des solutions apportées par les assureurs et les réassureurs, l’État, en tant que garant de la sécurité des personnes et des biens, doit réfléchir davantage à sa participation au traitement des conséquences dommageables des événements provoqués par la mise à disposition de capacités supplémentaires ou la création de garanties. des fonds pour ces risques, comme dans certains pays. Aux États-Unis par exemple, le gouvernement a adopté un décret en novembre 2002 désignant l’État comme assureur de dernier ressort, après épuisement des capacités offertes.
Au Maroc, un régime de couverture contre les conséquences des événements catastrophiques, communément appelé « régime EVCAT », est mis en place par le Royaume. Il se compose d’un régime en deux parties :
– Un régime d’assurance au profit des victimes titulaires de contrats d’assurance (Système d’assurance) ;
– Un système de solidarité au profit des personnes non couvertes par une assurance (Système de prestations).
L’expérience passée a montré que ces phénomènes de violence politique doivent être combattus par des actions communes et la collaboration de tous les acteurs. Ce nouveau contrat PVT & Sabotage est une première solution parmi tant d’autres, pour soulager les assurés et les investisseurs dans leur gestion des risques et leur transfert de politique vers les assureurs.
Enfin, nous invitons l’Etat d’abord, les acteurs économiques, les compagnies d’assurance, les intermédiaires, la société civile, la presse, à contribuer à la vulgarisation de cette nouvelle politique, pour encourager les investissements et protéger notre économie.
MS. Oumou Niang Touré,
Président de la Fédération Sénégalaise des Sociétés d’Assurances du Sénégal