Cela ne coche aucune case aux yeux d’un propriétaire
Ces expériences vécues montrent, en pointillés, le manque de portée des politiques publiques existantes en faveur des familles monoparentales. Le rapport de la FDSS ne généralise pas sur la monoparentalité mais soutient l’idée de concentrer les aides sur les mères célibataires vivant la plupart du - seules avec leur(s) enfant(s). Pour ce groupe, l’accès aux droits est particulièrement entravé. Certaines mères (et donc leurs enfants), migrantes, sans papiers, sans diplômes, sans insertion professionnelle, surexposées aux violences intrafamiliales… sont particulièrement vulnérables.
Premier obstacle majeur auquel ils sont confrontés : le logement. De manière générale, l’accès au marché locatif est très compliqué lorsqu’on est seul avec des enfants. Une mère dit qu’elle doit quitter son domicile au printemps, qu’elle n’a pas de travail, pas d’enfants à charge et d’animaux de compagnie. Cela ne coche aucune case aux yeux d’un propriétaire potentiel. “Elle vit dans un état de panique à l’idée de se retrouver sans solution. »lit-on dans le rapport.
« Arrêtons de dire : on va attendre que Monsieur soit là » : les mères célibataires doivent aussi lutter contre le stéréotype de la famille « normale »
Pas de travail plutôt qu’un mauvais travail…
Pour augmenter leurs chances d’accéder à un logement décent, les mères chefs de famille doivent travailler. Mais là encore, l’équation est erronée dès le départ. Pour ces femmes généralement peu qualifiées, un « mauvais travail » (avec un salaire très bas, des horaires irréguliers et des tâches difficiles) est plus préjudiciable que l’absence d’emploi. Les conditions de ces postes ne leur permettent pas, ou plus, d’arriver à l’heure à la crèche, de conduire les enfants à l’école, de suivre leurs devoirs. Les politiques d’activation actuelles génèrent du stress et les mettent en désaccord, tant dans leur rôle de mère que de travailleuse. “Ce que nous ressentons, c’est de la culpabilité et cela tire de toutes parts. Nous sommes brisés. Déchiré par la culpabilité.
Les mamans célibataires à bout de souffle se sentent plus fortes après avoir suivi le projet Miriam
Conséquences sur la santé physique et mentale
Cette injonction paradoxale (« Il faut travailler et, en même -, être une bonne mère ») renforce les jugements négatifs envers les mères célibataires qui n’ont pas besoin de cela pour diminuer leur estime d’elles-mêmes. Dans bien des cas, cela impacte leur santé physique et mentale, constate la Fédération des services sociaux. L’activation vers le travail peut être positive si elle conduit à des emplois suffisamment rémunérés, de qualité et compatibles avec la garde de leur(s) enfant(s), précise le rapport.
L’étude suggère des pistes de soutien social aux parents isolés et des recommandations pour l’action publique. Y compris l’individualisation des droits sociaux et la suppression du statut de concubin, revendications portées depuis plusieurs années par les acteurs de terrain et, plus récemment, par une institution comme le Service Public de Wallonie.
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