ce Valaisan a pris la photo de l’année

Sierre-Zinal 2024 s’est décidé dans la dernière descente, sous les yeux d’Eliot Jean.Image : Eliot Jean

L’été dernier, un photographe amateur a immortalisé le moment précis où Kilian Jornet a dépassé son rival pour remporter Sierre-Zinal. Il raconte.

19.12.2024, 18:5919.12.2024, 19:11

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Deux hommes ont marqué la 51e édition masculine de Sierre-Zinal, disputée le 10 août 2024 dans le Val d’Anniviers : le premier est évidemment Kilian Jornet, vainqueur du trail mythique pour la 10ème fois avec un nouveau record en plus. Le second est Eliot Jean, un photographe amateur de 29 ans qui a réussi l’exploit de capturer l’instant précis où la course a basculé. Contacté par Watsonil raconte la genèse de ce qui est devenu l’une des images sportives de l’année 2024.

Eliot Jean, comme on vous connaît un peu moins que Kilian Jornet, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai 29 ans, je suis originaire de Sédun et je fais de la photo en amateur depuis un voyage à vélo entre la Norvège et le Valais. C’était il y a deux ans, et comme je n’avais pas grand-chose à faire à part faire du vélo, j’ai commencé à collectionner des images, et surtout à y prendre goût.

C’est ainsi que le 10 août, vous avez décidé de photographier les coureurs de Sierre-Zinal.
Oui, mais c’était d’abord pour prendre des photos de mon frère et de quelques amis qui, contrairement à moi qui suis blessé au dos, participaient à l’événement.

Eliot avec son appareil photo et une collation.

Eliot avec son appareil photo et une collation.Image : DR

Comment avez-vous choisi l’endroit exact pour vous installer sur le parcours ?
J’ai fait une petite reconnaissance le même jour, et j’ai trouvé une zone avec un talus assez raide, des racines exposées et de la terre sèche. Je me suis dit que ça pouvait donner quelque chose de bon à l’image, alors je me suis arrêté là-dessus.

Où se trouve cette zone sur le parcours ?
Il se situe dans la dernière descente vers Zinal.

Sierre-Zinal, c'est 31,1 km et 2 133 m de dénivelé positif.

Sierre-Zinal, c’est 31,1 km et 2 133 m de dénivelé positif.

C’est donc sur des critères purement esthétiques que vous l’avez choisi ?
Oui. Je ne me suis jamais dit qu’il y avait un intérêt sportif à être là. Je ne pensais qu’au rendu des images.

Une fois posté dans les derniers hectomètres de la course, que s’est-il passé ?
En attendant mon frère et mes amis, j’ai fait quelques réglages sur mon appareil photo, un Nikon D3200, mais je savais que tout ne serait pas parfait : comme c’est un modèle ancien, et j’opte toujours pour le mode manuel afin d’être capable d’en saisir les subtilités, il y a toujours 8 chances sur 10 que les images prises en mouvement soient floues.

Puis tout s’est accéléré.
J’ai entendu une clameur et j’ai alors compris que les premiers de la course élite arrivaient. J’étais prêt, je savais que je n’avais que quelques secondes pour prendre la meilleure image possible car les meilleures vont si vite.

A ce moment précis, aviez-vous connaissance du scénario de la course ?
Certainement pas. Je m’attendais à voir Kilian Jornet devant, mais c’est finalement Philemon Kiriago qui arrive en premier, suivi de près par son adversaire.

« Et là, c’est le tournant de la course : Jornet passe devant et fonce vers la victoire. Il n’a jamais été arrêté. »

Sierre-Zinal : il a photographié le dépassement de Jornet

En équilibre sur les racines, les muscles saillants, Philemon Kiriago et Kilian Jornet se sont livrés à un splendide duel.Image : Eliot Jean

Et la photo n’était même pas floue…
Oui, c’était un coup de chance qu’il soit clair que Jornet a décidé de doubler à ce moment-là, avec le dossard numéro 1 sur la poitrine alors que celui qu’il dépassait avait le numéro 2. Même les couleurs de leurs maillots respectifs étaient bien assorties. Et puis, j’aime la dynamique de la scène, les jeux d’ombre et de lumière et, évidemment, le contexte sportif, indissociable de la photo.

Avez-vous immédiatement réalisé que vous preniez une photo extraordinaire ?
Pas vraiment, non. Je me suis dit que ça serait potentiellement une bonne image, mais sans plus. C’est quand je l’ai vu sur l’ordinateur que j’ai compris que c’était réussi. Je l’ai montré à mes amis, qui m’ont conseillé de l’envoyer sur le compte Facebook « Genoux en gif », ce que j’ai fait. La publication a reçu beaucoup de réactions positives, c’est l’un de leurs articles qui a le mieux fonctionné.

Avez-vous encadré cette image dans votre salon ?
(il rit) Non, mais comme j’ai remarqué qu’elle était très populaire, j’ai décidé de l’envoyer à des concours de photos sportives. Je l’ai aussi envoyé à Philemon Kiriago, car il me l’a demandé, et j’espère pouvoir le faire signer un jour par Kilian Jornet. Ce serait génial !

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