« Es-tu heureuse, Eugénie ? »
Notre entretien a démarré avec cette question. A la fois banal et fondamental. Eugénie Bouchard se fait discrète ces dernières années. Non pas par indifférence, mais plutôt par méfiance.
Lorsqu’elle a franchi le portail d’entrée principal du stade IGA, quelques minutes plus tôt, elle arborait déjà un grand sourire. Elle avait failli détaler pour embrasser l’entraîneur Sylvain Bruneau, présent au siège de Tennis Canada. La Montréalaise s’est présentée sous son meilleur jour, dans un pull en laine marron et un jean ample. Surtout, elle s’est nommée en premier. Comme si elle en avait besoin.
« Oui, je suis heureuse », a-t-elle finalement répondu, confortablement assise dans l’un des bureaux de la direction. Attentive pendant plus d’une heure, la sportive de 30 ans s’est abandonnée au cœur d’une discussion franche et taboue grâce à son ouverture, sa réceptivité et son humilité.
Rapidement lors de l’échange, elle a mis cartes sur table, affirmant qu’elle a toujours été animée par la compétition. Même si elle s’éloigne désormais un peu plus des projecteurs, le sport définit toujours son quotidien. C’est du moins ce qui contribue le plus à son bonheur et à son épanouissement.
Avec ce que j’ai fait au pickleball, au tennis, je suis content.
Eugénie Bouchard
L’amour du tennis
Eugénie Bouchard n’a participé qu’à trois tournois de tennis en 2024. » [Mais] Je vais rejouer au tennis l’année prochaine», assure d’emblée l’ancien cinquième joueur mondial.
– À quelle fréquence ?
«Je ne sais pas encore. C’était une année un peu bizarre, très différente. »
Depuis un an, Bouchard alterne entre deux modèles de raquettes. Celui du tennis et celui du pickleball.
«C’était stimulant. C’était enrichissant de faire quelque chose de nouveau. Je faisais la même chose depuis 25 ans. Alors, utiliser mon cerveau différemment, développer de nouvelles compétences, c’était vraiment amusant ! »
Cependant, elle se nourrit toujours du désir de gagner des matchs de tennis. Ce sport, c’est toute sa vie. C’est son monde, son point de référence et là où elle se sent le plus vivante.
J’aime jouer au tennis. Je l’aime plus que le pickleball, évidemment, parce que c’est ce que je fais depuis que je suis enfant. Je ne suis pas prêt à abandonner. Chaque fois que je retourne sur le terrain, j’aime tellement ça. Je n’ai jamais perdu la passion.
Eugénie Bouchard
Le tennis, « c’est quelque chose que je maîtrise depuis longtemps », se souvient la finaliste de Wimbledon en 2014. Et à mesure qu’elle en parle, ses yeux deviennent aussi brillants que la chaîne et le pendentif en or « 1994 » qu’elle porte à son poignet. cou. A 30 ans, elle n’est pas encore prête à se priver de ce qui est encore aujourd’hui son oxygène.
« Chaque fois que je retourne sur un terrain, j’oublie à quel point je l’aimais et à quel point je m’ennuyais. »
Le choix du pickleball
Les agents de la Québécoise l’ont contactée lors de l’Open des États-Unis en 2023. Elle avait alors 215 ans.e au classement WTA. La PPA, le circuit professionnel de pickleball, recherchait des joueurs de tennis actifs ou retraités pour promouvoir leurs activités.
«C’était surtout pour vendre le sport, pour vendre la ligue», explique Eugénie Bouchard. Mais après, j’ai compris que j’allais pouvoir rester plus longtemps en Amérique du Nord, que c’était un peu moins physique, d’autant plus que je me blessais plus souvent à cause du tennis. »
Elle souhaite aussi, avec cette nouvelle carrière, construire des ponts entre les deux disciplines, car « il y a assez de place pour les deux ». En plus d’être motivé par le désir de « faire partie de quelque chose qui grandit ». »
Bouchard a donc touché une raquette de pickleball pour la première fois en janvier. « Je suis parti de la base. Le niveau le plus bas que vous puissiez imaginer. »
Elle arrive au terme de sa première année de contrat, durant laquelle elle a disputé 16 tournois, et elle en est à 19 ans.e rang mondial. « Plus l’année avançait, plus je l’appréciais. Parce que faire quelque chose quand on n’est pas bon n’est pas amusant ! »