Que comprendre des réactions indignées face aux propos d’Haroun Bouazzi

Que comprendre des réactions indignées face aux propos d’Haroun Bouazzi
Que comprendre des réactions indignées face aux propos d’Haroun Bouazzi

Comme je l’ai expliqué mardi, « l’affaire » Bouazzi est une bombe à fragmentation dont les fragments n’ont pas fini d’endommager le vernis déjà endommagé de Québec solidaire.

Les autres partis aiguisent leurs armes contre le député Haroun Bouazzi pour avoir accusé l’ensemble de l’Assemblée nationale de racisme.

Sur le plan partisan, l’os à cueillir est tentant. Au fond, il y a néanmoins un élément essentiel dans cette histoire qu’on aurait tort d’ignorer.

Si la colère de plusieurs élus se fait aussi sentir, ce n’est pas seulement parce que les propos de M. Bouazzi sont fallacieux. C’est aussi parce que le mot « r », lorsqu’il prend la forme d’une accusation, provoque au Québec une réaction immédiate d’exaspération et surtout d’injustice.

Non que le Québec soit exempt de manifestations de racisme et de xénophobie. Malheureusement, aucune entreprise ne l’est.

Le vrai problème est l’extrême facilité avec laquelle la société québécoise est souvent accusée d’intolérance atavique envers les minorités linguistiques, culturelles, ethniques ou religieuses.

Pendant des décennies, cette fausse représentation provenait principalement du ROC et d’une partie de la communauté anglo-québécoise.

Soupçonné du pire

Présentée à maintes reprises comme xénophobe, la société québécoise a souvent été critiquée dans les autres législatures et dans les médias anglophones.

Même le ministre chargé de l’adoption de la loi 101, Dr Camille Laurin a été comparée à Joseph Goebbels, le tristement célèbre ministre de la propagande de l’Allemagne nazie. C’est à dire.

Pierre Elliott Trudeau, toujours prompt à attribuer au Québec les intentions les plus sombres à l’égard des minorités, a également grandement contribué à façonner l’image d’une société qu’il convient de protéger de ses propres instincts bas.

Qu’on le veuille ou non, au fil du temps, l’ensemble de l’œuvre a laissé des traces dans la mémoire, même enfouie, de nombreux Québécois.

Si la réaction indignée face à « l’affaire » Bouazzi est si rapide et le sentiment d’injustice si fort, c’est justement parce que les propos malhonnêtes du député solidaire ont rouvert ces mêmes cicatrices.

Pire encore, cette fois, l’anathème est lancé par un élu de l’Assemblée nationale contre elle et tous ses membres.

Le mal est fait

Il est vrai que Philippe Couillard, lorsqu’il était premier ministre, accusait la CAQ de « souffler sur les braises de l’intolérance ». Mais Haroun Bouazzi est allé bien plus loin en pointant du doigt le Parlement dans son ensemble.

Qu’un tel affront ne passe pas doit forcément avoir du sens. C’est pourquoi, même si l’ultime urgence est de réparer nos services publics gravement en panne, « l’affaire » Bouazzi n’en est pas moins significative.

Idem pour la tendance inquiétante du gouvernement caquiste, dans son éternelle surenchère sur les questions dites identitaires, à imputer à l’immigration toutes les crises qu’il ne peut gérer lui-même.

Inévitablement, cela rend le débat sur l’immigration beaucoup plus difficile. Comme ailleurs, y compris récemment au niveau fédéral, il faut néanmoins en débattre de manière sereine, documentée et humaine.

Quant à Québec solidaire, avec mes excuses dans les extrêmes de son adjoint Bazzoui qui, à vrai dire, ne le sont pas, le mal est fait. Indiquer.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Félicitations à Barthélémy Dias
NEXT Trudeau admet qu’il aurait pu agir plus rapidement en matière d’immigration