Comment Giorgia Meloni veut (et va) influencer l’après-élection du 9 juin

Comment Giorgia Meloni veut (et va) influencer l’après-élection du 9 juin
Comment Giorgia Meloni veut (et va) influencer l’après-élection du 9 juin
>>>>
TIZIANA FABI / AFP Giorgia Meloni, ici en campagne fin avril à Pescara pour les élections européennes, voudrait unir les droites au Parlement européen.

TIZIANA FABI / AFP

Giorgia Meloni, ici en campagne fin avril à Pescara pour les élections européennes, voudrait unir les droites au Parlement européen.

POLITIQUE – Réorienter l’Union européenne dans une perspective nationaliste. Personnellement impliquée dans la campagne pour les élections européennes, la Première ministre italienne Giorgia Meloni entend, à l’issue du scrutin, rendre sa voix incontournable sur le Vieux continent. Et tout indique que le leader d’extrême droite influencera la politique européenne dans les années à venir.

Le projet de Giorgia Meloni ? « Faites à Bruxelles ce que nous avons fait à Rome », comme elle l’a résumé lors d’un grand meeting de fin de campagne, dimanche 2 juin dans la capitale italienne. Comprendre : gouverner avec une majorité de droite et d’extrême droite pour porter un agenda conservateur à l’échelle européenne, en opposition à une UE sur « règles folles »adepte de « théorie du genre » et le“Islamisation”.

Malgré la montée de l’extrême droite à travers l’Europe, une majorité semble peu probable à Bruxelles après les élections européennes. Mais la leader des Frères d’Italie dispose de solides atouts pour faire entendre sa musique radicale à Bruxelles. Elle-même tête de liste dans les cinq circonscriptions électorales de la péninsule, l’Italienne espère porter son parti à plus de 25 % des voix, loin devant le Parti démocrate d’Elly Schlein, autour de 20 %.

Leader de l’extrême droite

La Première ministre entend ainsi s’affirmer comme la leader des différentes nuances de l’extrême droite à travers le continent. Et plusieurs indicateurs montrent que l’Italien est déjà au centre du jeu, à l’image de l’appel lancé par Marine Le Pen – dont les élus ne siègent pas à Bruxelles avec ceux de Giorgia Meloni. (1) – à - italienne. ” Si nous réussissons, nous pourrons devenir le deuxième groupe en importance au Parlement européen. Je pense que nous ne devrions pas manquer une opportunité comme celle-ci », a déclaré le leader du RN à Corriere della Sera.

Un appel relayé quelques jours plus tard par le chef du gouvernement hongrois Viktor Orban dans Indiquer. “L’avenir de la droite en Europe repose entre les mains de deux femmes : Giorgia Meloni et Marine Le Pen”, a déclaré le Premier ministre nationaliste à l’hebdomadaire français.

Une fusion pure et simple des différentes nuances de l’extrême droite au sein d’un même groupe semble cependant peu probable. « tant les différences fondamentales sont fortes »comme le souligne Thierry Chopin, conseiller à l’Institut Jacques Delors. “La fragmentation de l’extrême droite radicale semble se cristalliser autour d’une fracture d’ordre géopolitique et notamment sur les deux questions clés pour l’Europe : la relation avec la Russie d’une part et les Etats-Unis de l’autre”, explique-t-il dans un entretien au site spécialisé Euractiv.

Une trotteuse tendue vers Meloni

Jusqu’à présent, la réponse de Meloni à ces appels a été prudente. Car la Première ministre joue par la même occasion un deuxième rôle, puisqu’elle est également courtisée… par Ursula von der Leyen. En quête de réélection à la tête de la Commission européenne, l’Allemande devra élargir sa base tandis que la courte majorité de droite (Parti populaire européen), de centre (Renew) et de gauche (Socialistes et Démocrates) qui a élu elle en 2019 risque de perdre des sièges après les nouvelles élections.

Si les Verts européens se sont présentés comme candidats pour entrer dans la majorité afin de sauver le Green Deal, c’est principalement vers la droite conservatrice et Giorgia Meloni que se tourne Ursala von de Leyen. La présidente de la Commission elle-même a laissé entendre – en termes voilés – qu’elle n’excluait pas une alliance avec certains groupes du groupe nationaliste des Conservateurs et Réformistes européens.

«Une certaine proximité entre Ursula von der Leyen et Giorgia Meloni est également évidemment entretenue», souligne Thierry Chopin auprès d’Euractiv, notamment en référence à la complicité affichée par les deux dirigeants sur les réseaux sociaux, comme vous pouvez le voir dans le tweet ci-dessouspublié quelques semaines seulement après l’arrivée au pouvoir de l’Italien :

La lecture de ce contenu peut entraîner le dépôt de cookies par l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte tenu des choix que vous avez exprimés concernant le dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies « Contenu tiers » en cliquant sur le bouton ci-dessous.

Lire la vidéo

Instabilité attendue au Parlement

Pour Thierry Chopin, on peut donc s’attendre, dans les années à venir, « coalitions ad hoc » faire passer des textes au Parlement européen, tantôt entre la droite, la gauche et les centristes, comme c’est le cas aujourd’hui, tantôt entre la droite et une partie du groupe des Conservateurs et Réformistes européens où sont les élus Frères d’Italie. « Cela aura pour effet de rendre les accords politiques au sein du Parlement plus imprévisibles et instables »prévient le spécialiste.

« Mais en échange, [Ursula von der Leyen] devra offrir des gages à cette « chère Giorgia » », souligne malicieusement le quotidien allemand La soudure. Et pour lister : « Une politique migratoire impitoyable, une politique industrielle favorable aux entreprises et plus de latitude dans l’utilisation des fonds du plan de relance européen adopté suite à la crise du Covid. »

Dans tous les cas, Giorgia Meloni devra faire un choix, selon Nicolai von Ondarza, politologue à l’Institut allemand pour la politique internationale et de sécurité (SWP). Le Premier ministre italien « se retrouve les deux mains tendues avant les élections », “l’un par Le Pen, l’autre par von der Leyen », souligne-t-il sur son compte X. Mais elle ne pourra pas “prenez-en juste un”.

(1) L’extrême droite est aujourd’hui dispersée entre le groupe parlementaire des Conservateurs et Réformistes européens (regroupant les Frères d’Italie, le PiS de l’ancien Premier ministre polonais Jarosław Kaczyński, les Espagnols de Vox et le zemmouriste Nicolas Bay), le groupe Identité et Démocratie. (Rassemblement national, Ligue de Matteo Salvini, etc.), et des élus non inscrits (notamment ceux de l’AfD allemande depuis leur récente exclusion du parti Identité et Démocratie et du Fidesz du Premier ministre hongrois Viktor Orban).

Voir aussi sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu peut entraîner le dépôt de cookies par l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte tenu des choix que vous avez exprimés concernant le dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies « Contenu tiers » en cliquant sur le bouton ci-dessous.

Lire la vidéo

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

NEXT Benoît-Olivier Groulx à Laval : le scénario parfait