Chanteur et parolier du groupe Feu! Chatterton, Arthur Teboul est aussi poète. Son dernier ouvrage « L’Adresse » est né suite à l’ouverture d’un « cabinet de poèmes minutes » à Paris. Pendant plusieurs semaines, il compose des poèmes express pour les personnes qui viennent lui rendre visite.
Certains proposent des fleurs, Arthur Teboul propose des poèmes. Le 12 mars 2023, il ouvre un bureau éphémère, Le Déversoir, et accueille pendant une semaine près de 250 visiteurs. « L’Adresse » est une compilation de poèmes composés pour tous ces gens.
Une approche à contre-courant
Interrogé sur la genèse de sa démarche le 29 mai à 12h30, Arthur Teboul avoue que c’est le tumulte de nos vies qui lui a donné l’idée : “Faire un arrêt est devenu compliqué, on est surchargés par nos téléphones, on est à l’ère de la rentabilité.
« Mon intuition s’est transformée en certitude lorsque j’ai vu arriver une centaine de personnes. Cela a prouvé qu’il y avait un réel besoin partagé », poursuit-il. Quant au processus d’écriture, Arthur Teboul confie qu’il a été complexe. Ses poèmes ne naissent pas d’une conversation, mais de la présence silencieuse des visiteurs.
Après quelques minutes d’écriture vient le moment émouvant de la lecture : « En fait, le poème est un prétexte, une concrétisation du lien humain qui se crée en quelques minutes en présence d’un inconnu, déclare Arthur Teboul. Regarder quelqu’un cinq minutes en silence, c’est parfois plus intime que si on lui avait parlé pendant des heures.
Partager des expériences
Quelques mois plus tard, Arthur Teboul contacte tous ceux qui lui rendent visite. Il leur adresse un message accompagné d’une vingtaine de questions dont les réponses se trouvent à la fin du livre « L’Adresse ». Pour l’auteur, il était important d’entendre ces voix plurielles : « Si j’avais été le seul à dire combien cette expérience était extraordinaire, cela aurait été douteux. »
Et Arthur Teboul de conclure avec malice : « Quand on va à un cabinet de poésie, on n’a pas besoin d’être traité. Nous pouvons chercher un remède, un moment extravagant, nous sentir partie intégrante d’un poème ou chercher des signes. La liberté qu’offre le poème est dans tout cela.
Propos recueillis par Blandine Lévite
Adaptation web : Sarah Clément
Arthur Teboul, « L’adresse. Les nominations du Déversoir », éd. Seghers, mars 2024.
