« Un festival de cinéma, c’est une ouverture aux autres »

« Un festival de cinéma, c’est une ouverture aux autres »
« Un festival de cinéma, c’est une ouverture aux autres »

“On en parle beaucoup, alors que d’habitude, pendant le festival, on ne parle que de cinéma.” Sophie Mirouze et Arnaud Dumatin, co-délégués généraux du Festival de cinéma de La Rochelle (Fema), sont arrivés de Paris sous un soleil de plomb. Comme chaque année, depuis longtemps, ils viennent d’élire domicile à La Coursive. Tout est prêt pour dix jours de rencontres intenses autour de 200 films d’Europe et d’ailleurs, 300 projections, 250 invités… Ou presque. Derrière les lunettes de soleil reflétant le portrait géant de Michel Piccoli érigé sur le Vieux-Port, et dans un contexte politique très incertain, on entend aussi l’inquiétude dans les propos des deux programmateurs.

La dissolution. L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, au soir des élections européennes, a également figé l’équipe de la Fema. « Nous étions revenus à la normale et nous avions battu un record de fréquentation l’année dernière. Tous les signaux étaient au vert. Et maintenant, ça nous frappe, on ne s’y attendait pas. Alors forcément, le vote surprise a des répercussions sur le festival. Les deux week-ends de vote tombent sur les week-ends d’ouverture et de clôture (ce dimanche et le 7 juillet). En matière de billetterie, il est difficile de prédire l’avenir, le festival ne proposant pas de système de réservation. Seule certitude pour le moment : l’achat de pass est en légère baisse. Face aux effets de la dissolution, toute l’équipe (bénévoles, festivaliers, invités, etc.) a dû s’organiser en urgence pour confier sa procuration, lorsqu’une poignée d’invités ont fait savoir qu’ils souhaitaient se rendre au scrutin. stand eux-mêmes, modifiant ainsi leur visite à La Rochelle.

Il y a une vraie inquiétude et l’inquiétude sera palpable jusqu’au 7 juillet.”

Catastrophe. Au-delà de l’aspect pratique et des conséquences sur l’organisation, Sophie Mirouze et Arnaud Dumatin s’attendent à ce que l’ombre des élections législatives plane sur les dix jours du festival. « Oui, ça va donner une couleur particulière, le climat sera différent, moins convivial, moins lumineux. Il y a une vraie inquiétude et l’inquiétude sera palpable jusqu’au 7 juillet», assurent-ils d’une seule voix. Des programmeurs libres qui n’hésitent pas à afficher leurs convictions. « L’élection du Rassemblement national et la nomination de Jordan Bardella comme Premier ministre seraient une catastrophe pour la culture, compte tenu de ce qu’ils font déjà dans les villes où le RN a été élu. La culture sera l’une des grandes perdantes en termes d’impacts financiers, d’indépendance… » commente Arnaud Dumatin.

C’est un espace civique où l’on propose de manger et de réfléchir sur le monde.

Valeurs d’ouverture. Pourquoi restons-nous assis dans une pièce sombre pour regarder une œuvre du Kurdistan ? Pourquoi les festivaliers ont-ils le même sentiment d’être frères et sœurs pendant quelques jours ? « Un festival de cinéma, c’est une ouverture aux autres, au contraire d’un repli sur soi. On vient ici pour rencontrer différents cinémas, pour échanger. Cette année, 30 pays sont représentés. C’est un espace citoyen où l’on propose de se nourrir, de réfléchir sur le monde, sur l’histoire, sur la manière dont on se positionne ensemble », défend l’équipe. La découverte de la section « Ici et ailleurs », où arrivent des longs métrages venus d’Iran, du Portugal, du Canada ou encore d’Inde, explique bien le propos.

Accompagnement. Un festival de cinéma, bien sûr, c’est essentiellement des séances de projections. Mais pas seulement. On y vient aussi pour partager, échanger, vivre une expérience exaltante comme dans un forum Top 14. « La valeur ajoutée d’un festival, ce sont les rencontres et l’accompagnement des œuvres. Nous invitons cinéastes, acteurs, techniciens, monteurs, scénaristes, etc. « C’est l’occasion de comprendre comment se fait un film, ses points de vue esthétiques, sociétaux et philosophiques. D’où la multiplication des rencontres parallèlement aux projections. Cette année par exemple, le ciné-concert autour de « Salomé », un film muet de 1922, mis en musique par le compositeur rochelais Émile Sornin, fera la fierté d’Arnaud Dumatin. « C’est une façon de remettre au goût du jour des films que plus personne ne voit, de leur donner un accent moderne. Il se situe à la frontière entre la projection cinématographique et la performance live. C’est un travail hybride et c’est ce qui est intéressant. Preuve que l’audace paye : le public vient toujours remplir les salles, même s’il ne sait pas ce qui l’attend.

Mohammed Rasoulof. Le cinéaste iranien qui a fui son pays quelques jours avant de se rendre à Cannes sera présent sur le Vieux-Port pour présenter « Les Graines du figuier sauvage ». Prix spécial du jury, c’était la Palme d’or de nombreux festivaliers, dont Sophie Mirouze, qui s’est émue devant le film. « Un film extrêmement politique sur le régime iranien et la manière dont les nouvelles générations se rebellent au sein de leurs familles », résume la programmatrice. Depuis, Mohammad Rasoulof vit en Allemagne où sa fille est installée. Le cinéaste sera présent plusieurs jours. Au-delà d’une visite exceptionnelle, difficile de ne pas y voir un événement politique, en plein milieu des deux tours.

Françoise Fabian. Parmi les invités de marque, Françoise Fabian ne manquera certainement pas. La Fema lui rend hommage avec huit films projetés. Comédienne avec Éric Rohmer, Michel Deville et Yves Robert, elle sera au cœur d’une rencontre publique animée par le journaliste Gérard Lefort, mardi 2 juillet. « C’est une actrice rare aujourd’hui qui a marqué des générations de cinéphiles. , associé aux années 1970 et à la Nouvelle Vague. Elle a joué de nombreux rôles de femmes libres et indépendantes. Elle est féministe ! se réjouit Sophie Mirouze. “Belle et insoumise, un esprit libre, une hors-la-loi, qui tout au long de sa carrière a prouvé que le désir n’a pas d’âge”, poursuit Aurélie Saada, qui a eu son rôle dans “Rose”, projeté avant le rendez-vous. Quelques piquants et anecdotes en perspective.

Programme complet sur : festival-larochelle.org

 
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