Verbier, le tremplin des talents précoces

Verbier, le tremplin des talents précoces
Verbier, le tremplin des talents précoces

Il est donc particulièrement délicat de jouer avec ce feu. Le fondateur et directeur du Verbier Festival, Martin Engstroem, en est bien conscient. Il agit avec prudence, choisissant toujours des virtuoses qui ont non seulement des prouesses techniques à démontrer, mais aussi un réel sens musical. Et son instinct le trompait rarement. Le premier concert de la première édition du festival, en 1994, mettait en vedette le violoniste allemand David Garrett*, alors âgé de 13 ans, dans un concerto de Mozart dirigé par le grand chef Zubin Mehta. Dans la même édition, le pianiste Evgeny Kissin (alors âgé de 23 ans) a ébloui, tout comme le violoniste Maxim Vengerov (20 ans).

Martin Engström agit avec prudence, choisissant toujours des virtuoses qui ont non seulement des prouesses techniques à démontrer, mais un réel sens musical.

Outre la possibilité pour ces jeunes solistes de se produire en récital ou en soliste avec orchestre, le Verbier Festival les associe généralement à des musiciens confirmés pour des concerts de musique de chambre. Il y avait aussi les pianistes Lang Lang de 2001, alors âgé de 17 ans (il venait de lancer sa carrière internationale), Yuja Wang de 2008, alors âgé de 21 ans, Daniil Trifonov de 2012, alors âgé de 21 ans également…

La plupart des jeunes talents qui ont foulé les scènes de Verbier lui sont restés fidèles. C’est bien sûr le cas d’Evgeny Kissin, revenu à Verbier presque chaque saison et qui se fera entendre cet été, ainsi que de nombreux très jeunes musiciens invités qui grandissent au même rythme que le festival : Lucas Debargue, Edgar Moreau*, Bomsori Kim, Alexandra Conunova* et deux des meilleurs pianistes de leur génération, Alexandre Kantorow et Mao Fujita*. De ce dernier, on se souvient de la fabuleuse intégrale des Sonates de Mozart en plusieurs concerts qu’il donna lors de sa première apparition à Verbier, en 2021. Encore méconnue du public à l’époque, ce fut la révélation d’une grâce. Il avait 23 ans.

Bonne nouvelle : Mao Fujita est de retour cet été, pour un récital, pour un duo avec le violoniste Leonidas Kavakos et pour le concert de clôture du festival, avec le Concerto n°2 de Saint-Saëns que Charles Dutoit mettra en scène. Alexandre Kantorow se produira également en récital et dans le Titanic 2e Concert de Brahms, dirigé par Lahav Shani.

Mao Fujita, l’un des plus beaux pianistes de sa génération. — © Agnieszka Biolik

Autre retour attendu : celui du violoniste Daniel Lozakovich*. Il explose également à Verbier, en 2016, année où il enregistre son premier disque pour Deutsche Grammophon, devenant ainsi le plus jeune artiste jamais signé sur le prestigieux label. Agé de 15 ans, il livre en récital une interprétation d’une maturité époustouflante de la Deuxième Partita de Bach, avec son célèbre Chaconne. Huit ans plus tard, le voici en duo avec le pianiste David Fray dans un programme entièrement consacré à Bach.

Le violoniste Daniel Lozakovich est de retour au Verbier Festival. — ©LucienGrandjean

Mais de nouvelles figures émergent. D’abord les lauréats des grands concours internationaux. Comme Dmitry Shishkin, co-lauréat du Concours de Genève en 2018 et deuxième prix du Concours Tchaïkovski l’année suivante, qui vient à Verbier avec un récital et l’une des « rencontres inédites », ces programmes propres au festival où les solistes se fondent dans des ensembles à géométrie variable au service du répertoire de musique de chambre.

C’est aussi Bruce Liu, le pianiste canadien qui a remporté le Concours Chopin en 2021, également en récital, ainsi qu’en concerto (le 1er de Chopin). Ou encore Yunchan Lim, toujours pianiste, et quel pianiste ! En remportant le Concours Van Cliburn en 2022, il est devenu le plus jeune pianiste à remporter ce trophée. Et son enregistrement de 24 études de Chopin a stupéfié le monde musical. On comprend pourquoi son récital à Verbier affiche déjà complet, mais il joue toujours dans une nouvelle Rencontre (un Quatuor avec piano de Dvorák) et dans un concerto (le 5e de Beethoven) sous la direction d’Antonio Pappano.

Encore plus jeune, et prodige vraiment exceptionnel par l’étendue de son talent, le Géorgien Tsotne Zedginidze se présente, à 15 ans, comme pianiste et compositeur, ayant déjà investi l’événement les deux derniers étés. Il jouera son Trio pour piano et cordesAlexandra Dovgan est elle aussi de retour, à 17 ans, après son récital remarqué de l’an dernier : elle interprétera cette fois le Concerto de Grieg sous la direction de Gábor Takács-Nagy.

Il n’y aura pas de fin, car les jeunes donnent vie au festival. On en voit notamment la trace dans le Verbier Festival Junior Orchestra, que James Gaffigan dirige lors de plusieurs concerts l’après-midi. Ne manquez pas le dernier d’entre eux, où le groupe, cette fois dirigé par Ion Marin, interprétera l’opéra Falstaff de Verdi en version concert, avec des chanteurs de la Verbier Festival Academy.

La jeunesse donne vie au festival. — © Francesca Sagramoso

Tous les musiciens marqués d’un * sont des anciens élèves de la Verbier Festival Academy.

 
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