Les restes du Groupe Juste pour Rire (JPR), actuellement sous la protection de la justice, pourraient bien être vendus en un seul morceau, à un seul acheteur, et éventuellement par le biais d’une procédure d’enchères.
• Lire aussi : Fraude : Juste pour rire reçoit une compensation de la TD
Le contrôleur Christian Bourque, de PricewaterhouseCoopers (PwC), a expliqué devant la Cour supérieure lundi matin que les cinq derniers investisseurs retenus avaient des reins solides et visaient tous à racheter l’ensemble des entités du géant de l’humour fondé par Gilbert Rozon, ce qui éviterait son démantèlement.
“Nous essayons d’éviter un certain nombre de transactions interrompues”, a expliqué le contrôleur, devant le juge David R. Collier. Nous souhaitons une transaction idéalement pour l’ensemble de l’entreprise. Nous avons des acheteurs sérieux et intéressés [par son] intégralité. Ce sont ceux que nous avons retenus comme finalistes.
Les finalistes gardés secrets
Les noms de ces derniers investisseurs n’ont pas été divulgués au tribunal. Elles font partie des 127 entreprises interrogées par PwC depuis la mi-mars. Le responsable du traitement a expliqué qu’il cherchait à préserver leur identité afin de ne pas nuire au bon déroulement du processus de sollicitation de vente et d’investissement (PSVI) en cours.
L’actuel président exécutif et chef des finances de Juste pour rire, Alain Boucher.
Photo Martin Jolicoeur
Fondé en 1983, le Groupe JPR s’est placé le 5 mars sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité. Ses dettes s’élevaient alors à environ 50 millions de dollars, dont 17 millions envers la Banque Nationale, son plus important créancier garanti.
En 2018, l’entreprise a été vendue dans un crash suite à une série d’allégations sexuelles et de poursuites visant son fondateur. Le producteur d’émissions et de contenus humoristiques appartient aujourd’hui à l’American Creative Artist Agency (49 %), à Bell (26 %), ainsi qu’au Groupe CH (25 %), propriété de la famille Molson. Aucun d’entre eux ne figure parmi les finalistes, a indiqué le contrôleur.
Dépôt des offres
Au cours des dernières semaines, chacun de ces cinq finalistes en lice a profité de trois présentations privées pour comprendre la structure, le business model et les différentes fonctions de JPR.
Christian Bourque agit à titre de contrôleur dans le dossier de restructuration du Groupe Juste pour rire.
Photo Stevens Leblanc
Une quatrième rencontre sera proposée à chacun des groupes cette semaine pour répondre à leurs dernières questions.
Les offres finales doivent être transmises à PwC avant 17 heures le lundi 6 mai. «Ça va vite», a admis le contrôleur Bourque.
Une vente aux enchères au programme
Ce dernier a prévenu le juge Collier de la possibilité qu’une procédure d’enchères soit ultérieurement organisée pour lui permettre de désigner un acheteur. Une telle approche, inspirée de l’expérience américaine, est parfois mise en œuvre lorsque plusieurs offres reçues sont équivalentes en termes de valeurs.
Dans le cas de la liquidation du Groupe Sélection, dans laquelle Christian Bourque était également impliqué, la mise en place d’une procédure d’enchères a permis d’extraire quelque 10 millions $ supplémentaires pour les créanciers, a fait valoir le contrôleur. « Nous avons opté pour une amélioration significative par rapport à l’offre initialement acceptée. »
Le juge Collier a fait droit lundi aux trois requêtes présentées par le moniteur. Il a autorisé la prolongation souhaitée de la période de suspension des procédures contre Juste pour rire jusqu’au 31 mai ; il a augmenté de 100 000 $ la limite de paiement pour les fournisseurs jugés essentiels (principalement Meta) ; et il a augmenté de 500 000 $ le montant des dépenses administratives liées à ce dossier.
