Carte blanche à Stéphane Dompierre

Carte blanche à Stéphane Dompierre
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Avec leur propre sensibilité, les artistes nous présentent leur vision du monde. Cette semaine, nous donnons carte blanche à l’auteur et éditeur Stéphane Dompierre.


Publié à 3h35

Mis à jour à 9h00

Stéphane Dompierre

Collaboration spéciale

Je n’ai jamais été pressé d’adopter de nouvelles technologies. Toujours un peu en retard, j’ai acheté un smartphone le jour où j’ai perdu patience. Un ami m’avait envoyé un texto pour des suggestions de lecture et, après lui avoir répondu sur mon ancien Motorola Razr, en cliquant trois fois sur 1 pour faire un C, deux fois sur 2 pour faire un E, je me suis lancé dans la vague.

Mes débuts avec l’intelligence artificielle ont été tout aussi lents. Même si je connaissais Siri et Alexa, les assistants personnels intelligents respectivement d’Apple et d’Amazon, j’hésitais à découvrir de quoi ils étaient capables. Cela a commencé par « Alexa, raconte-moi la blague du jour », sans que je sois bouleversé par ce grand bouleversement technologique. D’autant plus que ses blagues étaient plates.

Il y a quelques années, ces assistants semblaient eux aussi avoir des problèmes de surdité : demander à Siri d’« appeler Manon Salvail » risquait de se terminer par « D’accord. J’appelle votre patron pour lui dire que vous quittez votre emploi. Il lui a suffi d’éternuer près de mon iPhone pour commander 5 000 scies rondes chez Rona.

Mais ces outils s’améliorent constamment et je découvre petit à petit leurs possibilités. De nos jours, rien ne me satisfait plus que de demander à Siri, pendant que je prépare des raviolis, de lancer un compte à rebours avant que quelque chose ne cuise au four. Je ne gagne que quelques secondes, le temps de me laver les mains et de démarrer la minuterie du four, mais j’aime que mon téléphone fasse des tâches à ma place. J’ai l’impression d’être dans le futur. Eh bien, pas l’avenir de la fonte des glaciers, du brouillard toxique et des forêts en feu, là-bas. Parlons plutôt du futur que j’imaginais enfant : les montres avec visioconférence (c’est chose faite) et les voitures volantes (sur ce dossier, on traîne un peu les pieds). Plutôt que d’ouvrir la porte du sous-sol et de crier à l’adolescent que c’est l’heure du dîner, hop, je me salis les mains sous un prétexte quelconque (en jetant la salade à mains nues, par exemple) et je demande à Siri de lui envoyer un SMS.

Sauf que je n’ai pas souvent les mains sales.

Mais avec l’arrivée de ChatGPT, Gemini et de nombreux concurrents, les capacités de l’intelligence artificielle (IA) semblent n’avoir aucune limite. Ces systèmes peuvent apprendre, écrire, dessiner, générer d’innombrables idées et nous aider dans une multitude de tâches complexes. Déjà, de nombreuses personnes les utilisent au quotidien.

Au fait, cette chronique est-elle écrite par l’IA ? Comment savoir ?

Je peux vous répondre : non. C’est effectivement moi qui l’ai écrit.

Cependant, j’ai essayé ; J’aurais adoré vous tromper pour que vous admiriez les prouesses de l’IA, en vous révélant seulement à la toute fin du texte que ce n’était pas la mienne. Mais ce n’est pas pour maintenant. Il semble qu’il reste encore un peu de chemin à parcourir.

La rapidité de l’IA est quand même impressionnante : 10 secondes pour générer une colonne de 800 mots. Cela dépasse largement tout le monde, sauf peut-être Fabienne Larouche lorsqu’elle écrivait Virginie. Mais son humour laisse à désirer. J’ai demandé à ChatGPT une chronique humoristique prouvant que l’IA écrit mieux que les humains. Un extrait : « Tout d’abord, je fais de vraies recherches. Pas comme certains d’entre vous, qui recherchent simplement des trucs rapides et sales sur Google. » L’effort en vaut la peine, c’est délicieusement étrange, mais pas à taper sur les cuisses, disons. , nous y étions presque : « Je suis comme un chat (d’où mon nom), mais en mieux, car je ne gratte pas les meubles et ne me lèche pas les fesses en public. » J’avoue avoir ri. Mais ça a vite dégénéré, avec une histoire incompréhensible d’un poulet traversant la rue pour se rendre au cybercafé et une blague très simple (et un peu dépassée) sur un Pokémon. Je souligne encore cette belle perle de sagesse : « J’apprends, je me développe toujours, je deviens plus intelligent et plus rapide. C’est un processus constant et sans fin. De nombreuses personnes sur cette planète ont du mal à accepter qu’elles ont des choses à apprendre et qu’elles peuvent s’améliorer. »Beau travail, ChatGPT.

L’intelligence artificielle évolue beaucoup plus vite que les humains (surtout plus vite que votre oncle qui fait encore des blagues sur Newfies), donc je continue d’expérimenter et je vous tiendrai au courant de mes progrès. Ou ses progrès. Et si l’IA parvient à me remplacer comme rédacteur, auteur et chroniqueur, ce sera peut-être elle qui vous en parlera ici, avec quelques blagues bizarres sur les poules et les Pokémon.

Qui est Stéphane Dompierre ?

  • Stéphane Dompierre est écrivain, éditeur et chroniqueur.
  • Il a écrit plus d’une demi-douzaine de romans, dont Noviceen 2022, ainsi que les recueils de chroniques noir en colère Et Marcher sur un Lego.
  • Il est directeur de la collection La Shop chez QuébecAmérique.

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