comment le nouveau régime veut rassurer les chrétiens

comment le nouveau régime veut rassurer les chrétiens
comment le nouveau régime veut rassurer les chrétiens

La rencontre leur avait été annoncée à peine 24 heures à l’avance. Mais à l’appel du nouveau maître de Damas, la plupart des dirigeants chrétiens ont convergé vers la capitale syrienne. Ahmed Al Charaa a ainsi reçu, le 31 décembre 2024, tous les responsables des Églises chrétiennes implantées dans le pays : catholique, anglicane, syriaque, maronite, etc.

Si le passé du nouveau dirigeant syrien, ancien chef de la branche syrienne d’Al-Qaïda, suscite de nombreuses inquiétudes dans le pays, comme à l’international, sur l’avenir des minorités – notamment chrétiennes, comme en témoigne la visite du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot aux chrétiens de Damas le 3 janvier – Ahmed Al Charaa veut montrer son ouverture. Selon les commentaires rapportés par les participants, le contenu de cet entretien était ” positif “.

« Une année de paix »

« Presque tous les évêques présents ont pu s’exprimer et faire part de leurs inquiétudes et de la peur du peuple syrien qui vit dans la pauvreté »indique Mgr Jacques Mourad, archevêque syriaque catholique de Homs. De son côté, le nouvel homme fort de la Syrie a insisté sur l’importance de la collaboration entre toutes les forces actives du pays, pour soutenir le gouvernement dans ses efforts de reconstruction de l’État. Le nouveau leader, note Mgr Jacques Mourad, “n’a pas utilisé le mot minorité”. « Il a déclaré que les chrétiens et d’autres groupes de population font partie du peuple syrien. ajoute l’archevêque de Homs. Il est conscient que nous, chrétiens, sommes à l’origine de ce pays. »

Une telle réunion est “un événement inimaginable dans l’histoire de la Syrie jusqu’à il y a trois semainesa pour sa part déclaré le nonce apostolique en Syrie, le cardinal Mario Zenari, aux médias officiels du Vatican. J’ai entendu quelques témoignages, les évêques et prêtres présents sont ressortis avec un peu d’espoir pour l’avenir de la Syrie. Ahmed Al Joulani (le nom de guerre du nouvel homme fort du pays, NDLR) a promis que ce serait une Syrie pour tous, une Syrie inclusive, et à la fin il a souhaité un joyeux Noël et une année de paix. »

Dans le pays, la transition après cinquante ans de dictature du clan Assad tarde encore, selon Mgr Jacques Mourad. Eux-mêmes surpris d’avoir fait tomber si rapidement le régime en place, les nouveaux dirigeants syriens « ne se sentent pas encore à l’aise et sont mal préparés » gouverner un pays entier. “Mais ils gèrent le pays comme s’ils allaient y rester longtemps”, remarque l’archevêque, comme en témoignent les réflexions sur l’impression monétaire, la rédaction d’une nouvelle Constitution ou encore la modification des programmes scolaires.

Inquiétudes sur la future Constitution

Ces nouvelles orientations suscitent quelques inquiétudes notamment chez les chrétiens : quelle place pour l’islam dans la Syrie de demain ? Quelles libertés pour les minorités religieuses ? Les manuels scolaires ont d’abord été au cœur des critiques. Le ministère de l’Éducation a annoncé le 1erest janvier de « modifications » dans les programmes, pour supprimer la propagande du régime précédent des livres. Mais l’annonce de changements dans l’enseignement de l’histoire, de la philosophie ou des sciences, pour introduire une vision plus alignée sur l’islam, a créé la polémique.

Face aux critiques, le gouvernement fait marche arrière dès le lendemain. « Il y a un certain côté positif dans leur attitude, underlines Mgr Jacques Mourad. Les autorités font preuve de flexibilité et de respect pour la parole du peuple. »

C’est pourquoi, alors qu’une nouvelle Constitution pourrait consacrer la primauté de l’Islam dans le pays, l’archevêque de Homs estime qu’il est de la responsabilité des chrétiens et de tous les citoyens de se faire entendre. “C’est une grande préoccupation mais aussi une grande responsabilité pour chacun, il explique. Je n’ai aucun problème avec les gens qui disent que la Syrie est un pays musulman, mais en même temps, le système de gouvernance doit être basé sur le respect de la diversité et l’égalité des citoyens de toutes confessions. Je ne peux pas imaginer que notre pays soit gouverné par la loi islamique, mais par une loi civile respectueuse des droits de l’homme. »

Depuis la prise de contrôle militaire du groupe HTC en Syrie, les dirigeants chrétiens ne semblent pour l’instant pas s’inquiéter pour leur avenir, rassurés par les premiers pas du nouveau gouvernement. « Je suis plus inquiet pour les Alaouites (minorité dont est issue la famille Assad, NDLR), souligne Mgr Mourad. Victimes de l’ancien régime, ils font désormais l’objet de vengeance et sont parfois tués. »

 
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