Dans l’Eure, le père qui a secoué son bébé de 2 mois ira en prison

Dans l’Eure, le père qui a secoué son bébé de 2 mois ira en prison
Dans l’Eure, le père qui a secoué son bébé de 2 mois ira en prison

Par

Cyrille Roy

Publié le

13 janvier 2025 à 7h30

“C’est un bébé miracle”, constate Christelle Beauvalet, l’avocate d’Avede-ACJE, l’association qui vient en aide aux victimes de violences. Alizée* avait à peine 2 mois quand elle était secouée par son pèrele soir de 1 octobre 2024in Marcilly-sur-Eure.

Syndrome du bébé secoué

C’est un couple de voisins qui assistent à la scène par la fenêtre de leur cuisine. Il voit le père prendre le bébé, le secouer et le reposer violemment dans le berceau avant de le reprendre pour répéter l’agitation au moins trois fois. Le premier réflexe des témoins est d’appeler les pompiers qui interviennent la police dans la boucle. Les secours interviennent rapidement et le bébé est emmené aux urgences pédiatriques dans un état alarmant. Alizée présente une asymétrie oculaire et est incapable de rester éveillée, symptômes caractéristiques du syndrome du bébé secoué.

Le père, un homme de 40 ans, est placé en garde à vue. Dans un premier temps, il a nié les faits. Puis il avoue que, peu avant minuit, ayant du mal à dormir, il a entendu le nourrisson « gémir » et « l’a saisi sous les bras et l’a secoué » en lui demandant : « Pourquoi tu ne dors pas ? », avant de mettre sa tétine à la bouche. C’est à ce moment-là que le bébé a arrêté de pleurer et est « devenu bleu ». Ayant pris peur, le père le secoua alors de nouveau à bout de bras. Des mouvements « non violents », a-t-il alors précisé à la police.

Il a déjà perdu un enfant de cette façon

Devant le tribunal, le quadragénaire revient sur ses propos tenus en garde à vue et dément la première série de secousses sur sa fille. « Je me suis levé à minuit parce que ma fille pleurait. Fatiguée, je l’ai rapidement sortie du lit et je l’ai prise dans mes bras. Une fois que j’ai mis sa tétine dans sa bouche, elle est devenue bleue. C’est à ce moment-là que j’ai eu envie de la secouer. » L’enfant « se rendormant paisiblement », le père s’est couché comme si de rien n’était, avant de recevoir la visite surprise des gendarmes.

Si la version s’écarte de celle notée noir sur blanc dans la déposition, c’est qu’il « l’a signé sans l’avoir lu ». « Après 48 heures de garde à vue, avec la fatigue, les gendarmes vous font dire ce qu’ils veulent », raconte-t-il. Le procureur adjoint Thomas Lopez s’étonne et appelle le prévenu à “prendre ses responsabilités”.

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Aux faits, déjà particulièrement sordides, s’ajoute le contexte de consommation de cannabis et d’alcool en grande quantité ainsi que le dossier du prévenu (quatorze mentions) qui, à eux seuls, pourraient justifier le placement du nourrisson dans une famille d’accueil. Surtout, le père indigne est particulièrement informé sur le syndrome du bébé secoué. Son ex-femme comparaîtra aux assises 20 janvier pour le décès de leur bébé dans les mêmes circonstancesen Eure-et-Loir. Le quadragénaire devra répondre de non-assistance à personne en danger dans cette affaire.

L’inquiétude persiste

Si Alizée est en vie aujourd’hui, c’est sûrement grâce à l’intervention des voisins témoins de la scène, insiste l’avocat de l’association d’aide aux victimes.

Elle n’a aucune séquelle ni aucun handicap à ce jour. Mais nous sommes toujours inquiets pour l’avenir dans ce type de cas. De nouvelles lésions peuvent apparaître jusqu’à l’âge adulte.

Me Christelle Beauvalet, Avocate d’Avede-ACJE

« On ne connaîtra les conséquences neurologiques que dans plusieurs années », ajoute le procureur adjoint, qui rappelle que l’affaire aurait pu se terminer devant la cour d’assises.

Me Mehdi Mokhtari, avocat du prévenu, tente d’amener le tribunal à s’interroger sur le déroulement des événements. « Est-ce qu’il a secoué le bébé après qu’il est devenu bleu, pour le sauver, ou l’a-t-il secoué et ensuite il est devenu bleu ? » La présidente Juliette Demaldent, sur la base des dépositions et des constatations médicales, penche pour la deuxième option. Le père est condamné à 36 mois de prisondont 18 peines avec sursis. Un sursis de six mois est également révoqué. L’homme sera incarcéré après avoir comparu devant la cour d’assises dans le cadre de l’autre affaire du bébé secoué. Il devra également verser 4 000 € à l’enfant pour les souffrances physiques et morales causées.

* Prénom présumé Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisqu’elles sont susceptibles d’appel. Jusqu’à la condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

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