Quel est ce parfum étonnant qui flotte dans l’air ? C’est une période d’excitation, mais en même temps de silence. Pour la première fois depuis le début de la course, aucun marin n’a répondu à nos questions pendant la nuit, nous laissant seuls comme deux cercles dans l’eau. Cela devait arriver, mais quand même, si près du but… Coïncidence ? Nous ne croyons pas.
Parce qu’en fait, c’est difficile de parler quand on retient son souffle ! Il y a quelques jours, nous avons demandé à Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 1er) s’il avait un secret pour entretenir ce qui nous semblait être une zénitude en béton armé. Il nous a raconté qu’avant de se coucher, il pratiquait des exercices de respiration ciblés. Alors que le leader pointe désormais son arc spatulé à moins de 300 milles de la ligne d’arrivée, on ne peut que vous inviter à l’imiter, tant cette journée s’annonce irrespirable…
Car la dernière ligne droite n’en sera pas vraiment une ! Pour rejoindre les Sables d’Olonne, Charlie Dalin devra redescendre le long de la Bretagne, dans des eaux certes on ne peut plus familières, mais aussi dans du petit temps… Le vice-champion de la dernière édition, bien décidé à ne pas jouer le Rôle encore de Flipping, il a tenté de laisser le moins de chances possible à Yoann Richomme (PAPREC-ARKÉA, 2e), sur lequel il compte désormais près de 200 milles d’avance. Profitant du moindre souffle dont il a visiblement un peu plus de puissance, le Havrais impose une cadence infernale à son rival, handicapé de plus par la perte d’une de ses voiles d’avant cruciales dans le petit temps.
Mais quand même, il y a toujours cette petite musique dans nos têtes, et sûrement aussi dans la sienne : que pourrait-il arriver qu’il n’aurait pas prévu ? « C’est fou comme un détail peut être important quand on y prête attention », aurait dit Columbo s’il avait dû rejouer le match, avant même la fin… Allez, il ne reste plus que quelques heures d’apnée !Un trio en EquateurAlors même si l’issue est dans toutes les têtes, on essaie aussi de respirer en regardant ailleurs ! Mais quelle grosse erreur, car partout il y a de quoi hyperventiler… A commencer par Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e) qui, au large des Açores, tente de s’extirper de l’anticyclone qui l’oblige à mettre le cap – provisoirement. , on vous rassure – direction le Canada ! A moins qu’on nous cache quelque chose, et que le skipper vendéen décide finalement de nous offrir un Moitessier sans même prendre la peine de franchir la ligne d’arrivée… Non, on vous rassure, pas de chance que le marin ne se détourne pas de ce podium qui tient le coup. ses bras à lui !
Pour le reste du classement, en revanche, il faudra encore attendre longtemps pour voir se dessiner une hiérarchie. Car c’est en trio bien regroupé que Sam Goodchild (VULNERABLE, 4e), Jérémie Beyou (Charal, 5e) et Paul Meilhat (Biotherm, 6e) ont franchi l’équateur hier soir, se lançant dans une course-poursuite sous les tropiques qui, là aussi, risque de nous tenir en haleine encore quelques jours ! Si les trois marins ont réussi une petite rupture avec le reste de leur groupe de poursuivants, il ne leur reste plus qu’à prier pour tomber sur un Pot au Noir pas trop récalcitrant…
Gageons en tout cas que tous ces gens ne seront pas fâchés de quitter enfin l’Atlantique Sud, eux qui ont tant galéré pour le gravir… La preuve ? Cet écart qui a disparu avec les bateaux suivants, puisque seulement 500 milles séparent désormais Justine Mettraux (Teamwork – Team SNEF, 10ème) et Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 11ème), alors qu’il y en avait jusqu’à 1500 dans le Pacifique… Assez pour mettre en appétit cet autre trio, complété par Benjamin Dutreux (Guyot Environnement – Water Family, 12e) et Samantha Davies (Initiatives-Cœur, 13e), qui semble enfin rattraper les alizés tant désirés.
Nouveau départ sous le BrésilEt puis que dire de ceux d’après, à part que ça nous coupe le souffle ? C’est très simple, on pourrait croire qu’ils ont fixé une nouvelle ligne de départ sans même nous en parler ! Huit bateaux dans un mouchoir de poche, essayant de se moucher dans un grand jeu à savoir qui trouvera le vent en premier. Si Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor-Lux, 15e) avait semblé en bonne voie pour s’imposer, au petit matin, les partisans de l’option Ouest, à commencer par Romain Attanasio (Fortinet-Best Western, 14e) ont retrouvé des couleurs. encore une fois, après avoir sûrement parcouru tous ceux de l’arc-en-ciel…
Leurs folles mésaventures continueront-elles assez longtemps pour permettre à d’autres marins de se joindre à la fête ? C’est certainement ce qu’espère Conrad Colman (MS Amlin, 22e), qui s’est lancé dans une échappée en solitaire pour les rejoindre. A l’arrière de ce peloton, les deux compères Arnaud Boissières (La Mie Câline, 27e) et Violette Dorange (Devenir, 28e) tentent seulement de se sortir au plus vite du puissant vent de près dont ils ont souffert. pleine force. Ils sont au moins encore en course, ce qui n’est malheureusement plus le cas de leur camarade d’infortune, Eric Bellion (Stand as One – ALTAVIA), contraint à l’abandon dimanche suite à son avarie de gréement, ingérable dans une météo aussi dingue…
Il n’en reste que six dans le PacifiqueEnfin, si tous les regards seront aujourd’hui tournés vers les côtes françaises, il ne faut pas non plus oublier qu’ils sont encore six dans les mers du Sud, vivant eux aussi leur aventure au rythme du sang versé par les océans. . Si Oliver Heer (Tut Gut, 29e) voit désormais la porte du Cap Horn, ce n’est pas encore le cas du trio qui ferme la marche – Fabrice Amedeo (Nexans-Wewise, 32e), Manuel Cousin (Coup de Pouce, 33e ) et Denis Van Weynbergh (Groupe D’Ieteren, 34e), toujours à l’approche du Point Nemo.
Si la performance des premiers est évidemment impressionnante, que dire de la leur ? L’endurance n’est-elle pas une épreuve tout aussi exigeante ? Car s’il y en a qui devraient chérir la mer et l’épreuve qu’elle leur impose, ce sont ceux qui la fréquenteront le plus longtemps. Lièvres ou tortues, il y a de la place pour tout le monde dans cette fable du Vendée Globe, et quel que soit leur classement, ils seront tous fêtés dignement.
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