Le matériel scolaire volé dans les écoles Kawéni de Mayotte restitué aux mosquées sous menace de prière collective

Le matériel scolaire volé dans les écoles Kawéni de Mayotte restitué aux mosquées sous menace de prière collective
Le matériel scolaire volé dans les écoles Kawéni de Mayotte restitué aux mosquées sous menace de prière collective

Les mosquées de Kawéni ont lancé ce dimanche matin une dua, une prière collective, pour menacer de malédiction ceux qui ont pillé les écoles du village. L’initiative a porté ses fruits : le matériel a été restitué par de jeunes enfants tout au long de la matinée.

Tables, chaises, piles de papiers et cahiers s’entassent devant les mosquées de Kawéni ce dimanche 5 janvier. Ces matériels scolaires ont été volés dans les écoles du village durant les trois semaines qui ont suivi le cyclone Chido, provoquant la colère de la population et des élus de Mamoudzou. Les haut-parleurs des mosquées diffusent dès l’aube ce dimanche une prière collective, une dua, pour menacer les voleurs de malédiction si ces biens ne sont pas restitués, provoquant un tollé immédiat.

Tout au long de la matinée, de jeunes enfants ont ramené des sacs contenant des fournitures scolaires avant de repartir sans réclamer le reste. « Hé, viens ici ! Qui t’a donné ça ? Hé!», raconte sans succès un fidèle de la mosquée Mahabourini. “Les jeunes voient qu’ils ne devraient pas venir ici, alors ils le donnent aux petits», explique Anli Daoud, l’un des fidèles.

Le mobilier scolaire est collecté pour être envoyé à la MJC de Kawéni

©Raphaël Cann

Devant la mosquée du vendredi, même scène : les fournitures scolaires s’entassent sur le trottoir. “Ce serait mieux s’ils les ramenaient dans les écoles plutôt qu’ici, j’ai dû enlever des choses pour que nous puissions nous frayer un chemin à l’intérieur de la mosquée», raconte un riverain, furieux. “Maintenant, les gens passent et volent parfois ce qui s’y trouve. En plus, mes chèvres m’ont été volées et j’espère que celui qui les a volées me les ramènera et mourra. elle se plaint.

Près de la mosquée, un groupe de jeunes aident les fidèles à ranger leurs affaires. L’un d’eux avoue avoir reconnu certaines personnes venues rapporter du matériel volé. “Je pense qu’ils n’avaient plus de meubles à la maison, alors ils ont récupéré des tables et des chaises», explique cet adolescent. “TTout le monde rêvait d’avoir un ordinateur à la maison, alors ils les y ont emmenés.

Tout le village s’est réveillé, nous avons décidé de dire une prière collective pour dénoncer ces actes de délinquance», précise Ahamedi Abou-bakri, l’un des imams de la mosquée du vendredi. “Quand les gens l’entendirent, ils eurent peur d’être maudits, alors ils vinrent rendre les objets.« Ces fournitures sont entassées dans une camionnette pour être récupérées à la MJC de Kawéni, non loin de là. Sur place, des agents municipaux tentent de prendre le relais.


Nourainya Loutoufi, adjoint au maire de Mamoudzou chargé de la citoyenneté, trie les affaires collectées à la MJC de Kawéni

©Mayotte 1ère

Nous ne nous attendions pas à ça“, commente Nourainya Loutufi, adjoint au maire de Mamoudzou chargé de la citoyenneté. « On va faire un inventaire de ce qu’on peut récupérer ou pas, les tables et les chaises peuvent être sauvées mais le matériel pédagogique pas du tout, c’est beaucoup de papier mouillé.« Reste désormais l’inquiétude de voir la MJC être à son tour pillée. »Nous allons mettre quelques personnes supplémentaires pour garder le peu que nous avons collecté, nous déciderons ensuite comment nous organiser avec la police municipale et la police nationale pour faire des rondes autour du site», ajoute l’élu.

La prière collective, à l’origine de cette mobilisation, fut aussi l’acte fondateur d’un comité d’habitants de Kawéni, exaspérés par des épisodes de délinquance visant les établissements scolaires. Une marche blanche a également été organisée dans la matinée pour dénoncer ces actes. “C’est voir tout ce qui ne va pas dans le village, voir quelles solutions on peut apporter. On va voir le procureur et voir ce qu’on peut faire ensemble», commente Saïd Ahmed, l’un des riverains mobilisés. “S’il y a un jeune ou un habitant du village qui fait des bêtises, c’est la population qui le jugera, ce que nous déciderons ici sera transmis au tribunal, à la mairie et à la préfecture», ajoute un autre membre du comité.

 
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