Tout au long de la semaine, La Matinale de la RTS a proposé une série sur l’intégration des jeunes migrants. Qu’elles viennent de la société civile, des institutions ou du monde de l’entreprise, les initiatives se multiplient en la matière en Suisse romande. Réunions.
Stages de 6 mois en entreprise
La Fédération fribourgeoise des entrepreneurs a mis en place un stage de 6 mois dans des entreprises du bâtiment pour les jeunes migrants.
Sayed Khalili, 20 ans, vient d’Afghanistan. Un peu timide, il a dû prendre sur lui de s’adresser au public lors de la remise des attestations de stage : « Cette formation m’a donné confiance en mes capacités. Merci à ceux qui ont cru en moi», remercie-t-il en s’adressant notamment à ses professeurs.
« Il y a une pénurie de main d’œuvre dans nos métiers. Et étant donné que ces gens ont un passé difficile, ils le souhaitent. C’est quelque chose de formidable pour nous», souligne David Valterio, directeur de la Fédération fribourgeoise des entrepreneurs.
Des formations pour améliorer l’intégration
Actuellement, plus d’un jeune migrant sur deux suit une formation, cinq ans après son arrivée en Suisse. C’est le résultat de la stratégie mise en place par la Confédération et les cantons pour améliorer l’intégration des jeunes migrants, notamment via le préapprentissage.
Bsrat, un jeune Érythréen arrivé en Valais à l’âge de 20 ans, est passé par ce secteur. Elle termine son apprentissage d’auxiliaire de vie communautaire dans une maison de retraite à Chamoson. «J’adore travailler ici. Ces gens nous apportent du bonheur et du partage », dit-elle.
«Beaucoup de personnes issues de l’immigration lointaine sont des personnes engagées, motivées qui souhaitent acquérir un statut professionnel en Suisse… Sans elles, je crois qu’on fermerait l’établissement», constate Philippe Vouillamoz, le directeur de cet EMS.
Le besoin de parrainage des jeunes
L’intégration des jeunes migrants en Suisse est facilitée par les initiatives de parrainage des associations. Dans le canton de Vaud, par exemple, l’association Nela a trouvé une marraine pour une jeune réfugiée burundaise arrivée en Suisse il y a un peu plus de deux ans.
« Ce qui a été le plus difficile, c’est la solitude. Et rester sans rien faire, moi qui ai toujours fait des choses dans ma vie, c’était très difficile pour moi», raconte Frank*, qui a souhaité garder l’anonymat.
Mais une rencontre a un peu changé sa vie en Suisse il y a 9 mois : celle avec Patrizia, sa marraine, infirmière à la retraite, mère de deux grands enfants. « On se voit chaque semaine. Je l’emmène au cinéma, au théâtre, pour l’intégrer à cette culture. Et petit à petit, j’ai commencé à l’aider à rédiger des lettres de candidature pour trouver des places de stage ou d’apprentissage », explique Patrizia.
Reconnaissance des diplômes universitaires
Certains jeunes migrants arrivent en Suisse avec des diplômes, mais ceux-ci sont rarement reconnus. Pour compenser cela, l’Université de Genève innove en proposant un semestre d’essai aux jeunes migrants qui souhaitent accéder à une formation académique.
Hadis*, un jeune Afghan arrivé en Suisse à l’âge de 18 ans, en profite actuellement. « J’ai commencé une licence en informatique dans une université de Kaboul, mais je n’ai pu étudier que cinq mois avant de devoir quitter mon pays. Quand je suis arrivé ici, mon diplôme n’était pas reconnu. “
Elle a donc suivi le programme à l’Université de Genève, avec la menace du couperet pour la fin. « Nous devons obtenir au moins 18 crédits pour le premier semestre. Après, si nous réussissons, nous pouvons entrer à l’université comme étudiant régulier, sinon nous ne pouvons pas entrer. En conséquence, j’ai une seule chance de réussir… »
L’importance des permis
« Parfois, je travaillais 7 jours sur 7, et à la fin du mois, je n’arrivais pas à m’en sortir. Je ne pouvais rien faire, car j’avais un permis F. Ils ont profité de ma situation, parce que je voulais être indépendante et ne plus être assistée sociale», témoigne Atiq, un jeune Afghan de 26 ans, qui travaille désormais dans la restauration à Genève.
Le jeune homme s’est tourné vers l’association Yojoa, qui estime que « les jeunes issus de l’immigration apportent des solutions plutôt que des problèmes ». C’est elle qui lui a trouvé son nouvel emploi, qui lui a finalement permis d’échanger son titre provisoire de réfugié contre un permis B, le permis d’établissement.
« Avant, avec le permis F, je ne pouvais pas avoir de logement, ni même d’abonnement téléphonique. Alors maintenant je suis heureux, je peux avancer dans ma vie », sourit-il.
Reportages radio : Pierre Bavaud
Adaptation Web : Kissling victorien
*Prénoms identifiés